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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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avez peut-être entendu de quoi ils parlaient…
    Elle se mordilla les lèvres, hésitant entre la pièce et les complications possibles, mais elle était si miséreuse que l’argent
     devait fatalement l’emporter.
    — J’veux pas d’ennuis monsieur, supplia-t-elle.
    — Je vous promets qu’aucun magistrat n’en saura rien. Je ne suis ni de la police ni au prévôt des maréchaux.
    Rassurée, elle tendit la main.
    — Je n’ai pas entendu grand-chose, monsieur. Ils parlaient parfois du prince de Condé, mais ils se taisaient quand je m’approchais. Une fois, j’ai juste reconnu les mots : la croix de Lorraine. M. de Boisdauphin disait qu’on pouvait lui écrire là-bas. Je m’en souviens, parce que la croix de Lorraine, c’est le signe des papistes, et ici, il n’y en a pas. Ça m’a étonnée de la part de ce jeune homme, M. de Belcastel. Les Belcastel sont tous de la religion réformée. Puis je n’y ai plus pensé.
    Olivier resta un moment médusé. La Croix de Lorraine! Se pouvait-il que ce soit le cabaret guisard où Bordeaux avait rencontré le prédicateur qui lui avait proposé de tuer le roi de Navarre?
    Si c’était le cas, il y avait bien complot, comme l’avait pressenti Henri de Bourbon, et la princesse était sans doute innocente.
    — Rien d’autre, mademoiselle?
    — Non, monsieur…
    Elle parut hésiter, comme si elle craignait de ne pas avoir son argent en rapportant si peu de chose.
    — M. de Belcastel apportait chaque fois des papiers à M. de Boisdauphin, lâcha-t-elle, un ton plus bas.
    — Quel genre de papiers?
    — Je ne sais pas… J’ai cru voir des dessins, des cartes, mais je ne sais pas lire.
    En proie à une extrême agitation, Olivier lui donna la pièce et lui demanda de préparer une lanterne. Elle décrocha d’une
     poutre un falot de fer contenant un paquet de filasse résineuse, l’alluma au foyer de la cheminée et le lui tendit.
    Il revint à sa table et demanda à son valet d’armes, Gracien Madaillan, de l’accompagner.

    M. de Mornay était en compagnie de sa femme et de Cassandre quand il reçut Olivier.
    — Je suis confus de me présenter à cette heure, monsieur, dit-il, mais j’ai une question importante à vous poser au sujet de la mort du prince.
    — Allez-y, mon ami, vous ne nous dérangez pas, nous parlions de votre mariage! plaisanta Mornay.
    — Connaissez-vous un comte de Boisdauphin, monsieur?
    — Oui…, fit Mornay d’un ton hésitant. Il doit s’agir d’Urbain de Laval. Le comte de Boisdauphin était au siège de Livron en 1575. Je crois bien qu’il a rallié la Ligue catholique et qu’il est au service de M. de Guise.
    — Je viens d’apprendre de la fille de salle de mon auberge que ce Boisdauphin a logé dans l’auberge durant une quinzaine et qu’il y a rencontré M. de Belcastel. Selon elle, Belcastel lui remettait des documents. Des cartes…
    Mornay avait immédiatement compris.
    — Espionnage! murmura-t-il en se levant. Pour autant que je me souvienne, les Laval sont parents avec les La Trémoille! Il faut en parler tout de suite à monseigneur.
    Olivier secoua la tête.
    — Le prévenir, certainement, mais rien de plus, je vous en prie. La servante ne sait rien d’autre, et je lui ai promis qu’elle ne serait pas inquiétée…
    Mornay accepta d’un mouvement de tête.
    — Navarre doit encore jouer aux cartes à cette heure, accompagnez-moi!
    Cassandre avait suivi la conversation et grimaça son dépit en les voyant partir. Elle aurait aimé les accompagner, mais elle savait que son père refuserait. Elle eut pourtant envers Olivier un regard de connivence signifiant : tu me raconteras? Il opina en lui envoyant un baiser de la main.
    Il était huit heures. Escortés par Caudebec et par le valet d’armes tenant la lanterne, ils se rendirent au château. Là, on
     les conduisit dans la grande salle où le roi de Navarre jouait à prime avec ses gentilshommes autour d’une table éclairée
     par de grands chandeliers.
    Olivier aperçut M. de Rosny qu’il salua, tandis que M. de Mornay glissait quelques mots au roi. Immédiatement Henri de Bourbon
     leur demanda de les suivre dans sa chambre où on lui raconta tout.
    — J’ai à nouveau interrogé la princesse cet après-midi, cette fois en présence de sa famille, expliqua Navarre, fort préoccupé. Elle continue de jurer de son innocence et dit n’être mise en cause que par la malice de quelques domestiques mal intentionnés. Chacun ici

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