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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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peut témoigner à quel point elle a été touchée de la mort de son mari, m’a-t-elle affirmé. Elle a ajouté avec justesse qu’à peine avait-t-on parlé de poison qu’elle avait demandé elle-même que l’on fasse justice. Enfin, il est certain que mon cousin lui a témoigné jusqu’au bout sa bienveillance et son affection.
     » Pourtant les témoins sont très précis. Néanmoins, je ne peux exclure, après ce que vous venez de me dire, qu’il y ait aussi une affaire d’espionnage qui impliquerait des membres de sa famille, ou même elle.
    — Ce n’est pas tout, monseigneur, ajouta Olivier. M. de Boisdauphin aurait dit à Belcastel qu’il serait à la Croix-de-Lorraine. Sans doute le cabaret ligueur parisien…
    — … D’où venait Bordeaux? le coupa Navarre.
    — Oui, monseigneur.
    Olivier regarda Mornay qui approuva de la tête. Il était lui aussi informé de la tentative d’assassinat de Nérac, bien que
     Olivier ne lui ait pas parlé.
    — C’est du brouillamini que cette affaire, grimaça Henri de Bourbon. Que suggérez-vous?
    — Laissez-moi aller à Paris, monseigneur. J’irai à la Croix-de-Lorraine, et avec mon ami Nicolas Poulain, je retrouverai M. de Boisdauphin et le ferai parler.
    — Qu’en dites-vous, Mornay? mâchonna Henri de Navarre, hésitant.
    — Ce ne serait pas une mauvaise solution, monseigneur.
    — C’est d’accord, Fleur-de-Lis, mais soyez prudent… Vos noces sont pour la semaine prochaine?
    — Oui, monseigneur.
    — Mlle de Saint-Pol ne sera pas contente si vous la quittez si vite.
    Il voulut ajouter un avertissement gaillard, mais il se retint.

5.
    La Rochelle avait rallié le parti de la Réforme en 1568. Avec plus de 20 000 habitants, ses fortifications imprenables, ses riches armateurs qui négociaient avec l’Europe entière, la ville était une des plus puissantes du royaume.
    C’est à La Rochelle que Théodore de Bèze avait présidé le synode fondateur de l’Église réformée de France. Jeanne d’Albret
     y avait été reçue comme une reine et son fils Henri de Navarre s’y était établi. Si Nérac et Pau étaient les principales villes
     du royaume de Béarn, La Rochelle était la capitale du peuple protestant.
    Au début de la Réforme, quand les prêtres catholiques et les pasteurs s’entendaient encore, les églises étaient aussi utilisées
     comme temple. En plein accord, lorsque les uns sortaient, les autres y entraient. Mais cette tolérance n’existait plus à La
     Rochelle où les églises catholiques avaient été détruites ou fermées. Le culte papiste était désormais banni dans la ville
     et le pays environnant.
    Or, Olivier Hauteville ne souhaitait pas changer de religion, et Cassandre de Mornay encore moins. Leur mariage n’était donc
     pas simple à préparer.
    On disait que les noces entre Marguerite – la sœur d’Henri III – et Henri de Navarre avaient été le premier mariage mixte
     entre une catholique et un protestant. La cérémonie avait nécessité de très minutieux préparatifs et une dispense papale.
     Bien sûr, Olivier n’aurait pu obtenir une telle faveur, mais Philippe de Mornay n’était-il pas le pape des Huguenots ? Dès le lendemain de la visite faite au roi de Navarre, il s’était attelé à cette difficulté.
    Deux cérémonies religieuses seraient nécessaires pour valider le mariage : une bénédiction au temple, par un pasteur, et le
     sacrement donné par un prêtre catholique. Encore fallait-il trouver ce prêtre et le faire venir à La Rochelle. Heureusement,
     à l’occasion des obsèques, bien des amis de Philippe de Mornay étaient à Saint-Jean-d’Angély.

    Le retour à La Rochelle prit deux journées. Ils firent route en compagnie d’Isaac de La Rochefoucauld, baronde Montendre 1 qui revenait à son château de Surgères et avait proposé à Mornay de lui offrir l’hospitalité.
    M. de Mornay était venu de La Rochelle avec une escorte de vingt lances. Certes, la Saintonge était aux mains des protestants,
     mais des bandes de brigands rôdaient partout, sans compter les compagnies de déserteurs albanais ou suisses des armées de
     Mayenne ou de Joyeuse qui battaient toujours la campagne. Se déplacer avec Isaac de la Rochefoucauld et ses hommes d’armes
     était une sécurité supplémentaire.
    Le baron de Montendre était accompagné de son épouse Hélène, l’ancienne demoiselle d’honneur de Catherine de Médicis tant
     célébrée jadis par le

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