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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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mon ressort, et après tout il est temps que je pense à nous et à notre mariage…
    Il se tut quand il vit qu’elle l’observait avec cette expression un peu rigide qui marquait chez elle un désaccord.
    — Je n’aimais guère Henri de Condé de son vivant, dit-elle d’une voix égale, mais c’était mon frère. Si sa femme l’atué, la justice passera, mais si c’est un autre, je veux qu’on le découvre et qu’il soit vengé.
    » Tu m’y aideras, ajouta-t-elle.

    Le lendemain, Olivier arriva chez M. Pontard un peu avant le souper, car M. de Mornay voulait lui parler. Le roi n’avait plus
     d’objection quant au mariage de celle qu’il appelait sa cousine et qu’il avait même promis de doter. Les deux frères, Soissons
     et Conti, y étaient indifférents. Ils préféraient même que leur sœur bâtarde épouse un ancien roturier plutôt qu’un gentilhomme
     de vieille noblesse qui aurait pu demander une dot. Leur seule exigence avait été que le mariage se déroule dans la discrétion
     et que le roi de Navarre n’y assiste pas. Il avait donc été décidé que les noces auraient lieu à La Rochelle à la fin du mois.
    Au souper, où le procureur avait convié toute sa maison, c’est-à-dire ses belles-filles, une sœur de feu son épouse, ainsi
     que son intendant, il fut surtout question de la culpabilité de la princesse. Comme le roi, Mornay en était convaincu, n’ayant
     jamais accepté ce mariage entre Condé et une catholique convertie. Quant au procureur Pontard, il semblait dubitatif.
    Henri de Navarre avait entendu M. de Cumont, les magistrats qui l’assistaient dans son enquête, la princesse, et même l’intendant
     Brillaud. Après ces interrogatoires, le roi avait approuvé le souhait de M. de Cumont de faire incarcérer Mme de Condé dans
     ses appartements en attendant l’instruction criminelle qui serait conduite par M. Jean de La Valette, le grand prévôt des
     maréchaux d’Angoumois.
    Navarre avait aussi écrit à Henri III et à la reine mère afin qu’on diligente des recherches dans tout le royaume pour retrouver
     M. de Belcastel.
    L’intendant Brillaud avait avoué de son plein gré avoir remis mille écus au page avant sa fuite en Italie. Selon lui, c’était
     M. de Belcastel qui avait fait absorber le poison à la demande de la princesse de Condé. Soumis ensuite àla question, il avait révélé d’autres détails plus compromettants, en particulier que la princesse et M. de Belcastel étaient
     amants. C’était la confirmation de la rumeur qui circulait.
    — Pourtant l’affaire n’est pas si limpide, intervint M. Pontard. D’abord la princesse nie tout et ses proches crient au complot, car il n’y a aucune preuve, sinon les dénonciations de Brillaud. Le roi de Navarre ne peut ignorer cette défense sauf à perdre l’alliance des La Trémoille, une des plus puissantes familles catholiques du pays.
    Charlotte, l’épouse de feu le prince, était en effet la fille du duc Louis de La Trémoille, ancien lieutenant général de Saintonge,
     mort lors d’un siège. Son fils Claude avait rejoint les protestants en 1585 et, devenu l’ami du prince de Condé, il lui avait
     donné sa sœur qui s’était convertie. À Coutras, Claude s’était distingué par sa bravoure et Navarre devait le ménager.
    — Beaucoup jugent indignes et invraisemblables les accusations d’infidélité dont Charlotte de La Trémoille fait l’objet, insista M. Pontard. Surtout, ce crime paraît aussi mal préparé que mal exécuté, puisqu’on a arrêté si facilement les instigateurs! Et s’il se confirme que la princesse est grosse, ce sera une preuve que tout n’allait pas si mal entre elle et son mari.
    — Si elle l’est de lui, nuança M. de Mornay, car malheureusement, elle pourrait être grosse d’un autre.
    — Vous oubliez, mon ami, intervint Charlotte Arbaleste, que c’est elle-même qui avait annoncé à son mari sa grossesse. L’aurait-elle fait si elle avait été infidèle?
    Mornay hocha la tête en gardant le silence, reconnaissant qu’il n’avait pas de réponse, mais la façon dont il serrait les
     lèvres montrait qu’il s’interrogeait lui aussi.
    — De plus, sur la véracité même de l’empoisonnement, les avis des médecins ne sont pas unanimes, insista le procureur.
    — Mais si ce n’est pas Charlotte de La Trémoille, qui a tué mon frère? demanda Cassandre.
    Le silence lui répondit. Personne n’avait la réponse,

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