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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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mais ce fut impossible à cause de la foule pressante et assourdissante. Il proposa donc de rentrer au château où ils tinrent
     conseil durant deux heures.
    Au sortir, ils montèrent à cheval et le roi de Navarre reconduisit le roi de France jusqu’au pont Saint-Anne, qui passait
     sur un bras de rivière 6 entre la Loire et le Cher, et qui permettait d’entrer dans Tours. Ensuite, il passa la Loire dans une des barques avec ses
     gentilshommes pour aller loger au faubourg Saint-Symphorien où Châtillon lui avait trouvé une maison en face du pont de Tours.
    Après quoi Olivier quitta Navarre pour rejoindre Nicolas. En ville, les rues étaient si pleines de monde qu’il était difficile
     de passer et les acclamations étaient toujours aussi fortes. Il ressentit alors à quel point le peuple en avait assez de la
     guerre et combien il espérait que les rois réunis rétabliraient l’état de la France et termineraient les misères qu’ils enduraient.
    Le soir, le roi de Navarre écrivit à Mornay :
    « Enfin, la glace est rompue, non sans beaucoup d’avertissements que si j’y allais, j’étais mort. J’ai passé l’eau en me recommandant
     à Dieu 7 ! »

    Pour achever de dissiper tout nuage de méfiance, Henri de Bourbon vint le lendemain à pied au château du roi, accompagné seulement
     d’un page, témoignant d’une telle confiance envers ses bons Français et son cousin que mêmeles plus méfiants dans l’entourage d’Henri III changèrent de sentiment à son égard.
    Henri de Bourbon savait gagner les cœurs.
    La matinée fut consacrée à un conseil jusque sur les dix heures, puis le roi alla à la messe, accompagné à la porte de l’église
     par son beau-frère.
    L’après-midi se passa à courir la bague dans le parc du Plessis où le roi de Navarre et tous les grands seigneurs se mêlèrent
     pour la première fois depuis longtemps sans distinction de religion.
    Deux jours passèrent ainsi durant lesquels il fut résolu de faire une armée puissante pour aller assiéger Paris et avoir raison
     des Parisiens par la force.
    Ainsi, soumis dans l’apparence, le Béarnais n’en était pas moins le maître. Il avait imposé ses conditions en obtenant Saumur,
     qui lui ouvrait la Loire, et il s’était fait aimer de tout un peuple qui acceptait désormais de lui donner la belle couronne
     de France. Allié de Henri III, il se faisait déjà saluer pour son successeur par ses nouveaux compagnons de bataille.
    1   La monnaie de la capitale était plus forte d’un cinquième que celle de Tours, ainsi le sol parisis valait 15 deniers tournois,
     le sol tournois n’en valait que 12.
    2   Son frère Hercule sera gouverneur de Paris et père de Marie de Rohan, duchesse de Chevreuse.
    3   La plupart des phrases que nous rapportons sont authentiques, les faits aussi.
    4   Ceci est rapporté par un témoin mais la taille des larmes est peut-être exagérée!
    5   Nous sommes restés au plus près des évènements de cette journée extraordinaire rapportée par les contemporains, et nous en
     avons conservé les dialogues.
    6   Qui n’existe plus.
    7   Mornay lui répondit : « Sire, vous avez fait ce que vous deviez. »

34.
    Nommé lieutenant général, le roi de Navarre fut chargé de réunir ses régiments avec ceux du duc de Nevers. Le temps pressait,
     car l’armée de Mayenne était dans les faubourgs d’Amboise. Le frère de Guise venait d’ailleurs de capturer Charles de Luxembourg,
     comte de Brienne et beau-frère du duc d’Épernon. C’était un otage considérable pour la Ligue aussi fut-il transféré à Paris
     où on l’enferma dans le Louvre.
    À Tours, Olivier s’était installé chez Nicolas tandis que le baron de Rosny logeait dans le faubourg de Saint-Symphorien, avec M. de Châtillon, M. de La Rochefoucauld et les autres gentilshommes du roi de Navarre. Tous ressentaient une immense exaltation en voyant enfin se réaliser cette union qu’ils avaient tant souhaitée. Ils étaient profondément persuadés que face à la formidable armée rassemblée par les deux rois, Mayenne et Aumale déposeraient les armes et les ligueurs parisiens reviendraient dans l’obéissance. Henri III avait si souvent montré sa mansuétude et Navarre sa tolérance, que tous étaient certains qu’il n’y aurait pas bataille. Navarre ne répétait-il pas sans cesse : « Il faut que le roi fasse la paix générale avec tous ses sujets. » Il avait même plusieurs fois

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