Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
Vom Netzwerk:
arbres brandissaient même des drapeaux.
    Olivier en fut ému et honteux. Ému que Henri de Bourbon soit tant aimé, même ici dans une ville catholique, et honteux d’avoir
     douté de M. d’Aumont.
    Déjà M. de La Rochefoucauld faisait ranger les arquebusiers qui sympathisaient avec les Suisses. Olivier proposa à Nicolas
     de l’accompagner, et ils firent le trajet en sens inverse.
    Nicolas vint rendre hommage au roi de Navarre et confirma ce qui se passait. Il n’y avait aucun piège sur l’autre rive, sinon
     une multitude populaire impatiente de l’acclamer. On fit traverser deux autres groupes d’arquebusiers et de gentilshommes,
     puis le roi se dirigea vers une barque avec MM. d’Aumont et Montbazon. Olivier, Nicolaset Rosny les accompagnaient, Châtillon devant rester sur place.
    Alors qu’Henri de Bourbon montait dans la barque, l’un des plus opposés à cette aventure le conjura une nouvelle fois de n’en
     rien faire.
    Navarre lui répondit d’un ton grave qu’il usait rarement :
    — Dieu m’a dit de passer. Il me guide et passe avec moi, je suis assuré de cela. Il me fera voir la face de mon roi, et trouver grâce devant lui 3 .

    La barque n’avait pas encore touché la rive que le vacarme était infernal. Au milieu des sifflets, des vivats et des hurlements de joie, on distinguait parfois des « Vive le roi de Navarre! ». Les branches des arbres pliaient sous les grappes d’hommes bénissant la réconciliation. Comme Henri était le seul à avoir un grand chapeau à panache, personne ne pouvait se tromper en le désignant.
    Les arquebusiers et les Suisses s’étaient alignés le long du chemin pour lui faire cortège jusqu’au château, mais cette frêle
     barrière fut vite emportée et, malgré les ordres, la foule ne s’écarta plus. Henri de Bourbon était à pied et quelques gentilshommes
     le protégeaient. Poulain marchait devant lui, pour repousser ceux et celles, trop entreprenants, qui cherchaient à l’accoler
     ou l’embrasser.
    Dès le premier passage de la rivière, Henri III avait été prévenu. Il sortit du château entouré de sa noblesse et se rendit
     au-devant de son beau-frère en suivant l’allée du mail. Au bout de cette allée, un escalier conduisait au chemin par où le
     roi de Navarre devait arriver.
    Toute la cour était dans le parc ainsi que cette immense foule venue de Tours qui grossissait à chaque instant. À mesure qu’Henri III avançait, les archers tentaient de faire dégager le monde devant lui en criant : « Place! Place!Voici le roi! » pendant que Montpezat et quelques ordinaires protégeaient le monarque comme ils le pouvaient.
    Soudain, quelqu’un cria :
    — C’est le roi de Navarre!
    Chacun se dressa sur les extrémités de ses pieds pour tenter de l’apercevoir. Effectivement, on vit au milieu de la foule,
     en haut de l’escalier, un panache blanc qui surmontait une figure souriante au milieu d’une barbe blanchie.
    Henri III distingua à son tour son beau-frère et son visage se transforma. Pour la première fois depuis des mois, ses proches
     le virent rire, et visiblement le bonheur qu’il éprouvait n’était pas feint.
    Il y avait cependant une si grande presse que les deux rois ne pouvaient se rejoindre. Leurs proches jouaient des coudes, s’efforçant de pousser la foule devant eux et ces efforts durèrent l’espace d’un grand quart d’heure. Les deux Henri se tendaient les bras sans pouvoir se toucher pendant que le peuple criait avec exaltation : « Vivent les rois! »
    Enfin la presse se fendit, le roi de Navarre se trouva devant son cousin et s’inclina. Henri III l’accola et les deux rois
     s’embrassèrent dans les larmes. Des yeux du roi de Navarre on vit tomber des larmes grosses comme des pois 4 . Olivier, qui était près de lui pour le protéger de la foule, l’entendit balbutier ces mots :
    — Je mourrai content dès aujourd’hui de quelque mort que ce soit, puisque Dieu m’a fait la grâce de voir la face de mon roi.
    Leurs embrassements furent réitérés plusieurs fois avec une mutuelle démonstration de joie et de contentement, tandis que
     l’allégresse et les applaudissements de toute la cour et de tout le peuple étaient incroyables. Chacun criait à s’égosiller :
    — Vive le roi! Vive le roi de Navarre! Vivent les rois 5 !
    Henri III aurait voulu se promener dans le parc du château avec ses gentilshommes et son cousin, tant ils avaient à se dire,
    

Weitere Kostenlose Bücher