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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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honneur ! Voilà longtemps que vous ne nous aviez point visités. Vous nous avez manqué.
    — Je ne voudrais pas vous incommoder, maître Jacques, répondit-elle avec chaleur.
    — Vous, m'incommoder ! s'esclaffa le cuisinier. Comment le pourriez-vous ? » Enfant, Alaïs avait passé de longues heures à l'observer dans ses tâches, et aujourd'hui encore, elle était seule admise dans son mâle domaine. « Alors, dame Alaïs, que puis-je faire pour vous être agréable ?
    — Je voudrais simplement du pain et aussi du vin, si cela est possible. »
    L'homme parut se rembrunir, à quoi elle opposa un sourire angélique.
    « Pardonnez-moi, mais vous n'entendez pas aller à la rivière, j'espère ? Pas à cette heure de la matinée et sans escorte qui plus est. Une dame de votre qualité. Il ne fait même pas jour. Et l'on m'a rapporté que…
    — C'est fort aimable à vous de vous soucier de moi, le rassura-t-elle en lui posant la main sur le bras. Ma sécurité vous tient à cœur, mais tout ira bien, je vous le promets. Le jour point et je sais exactement où je vais. Je serai de retour bien avant que mon départ n'ait été éventé.
    — Votre père est-il prévenu ? »
    Elle posa un doigt sur ses lèvres en affectant des mines de conspirateur.
    « Que non pas, et vous le savez bien. N'en dites rien, de grâce. Je prendrai soin de ma personne. »
    Jacques semblait loin d'en être convaincu. Craignant toutefois de faire preuve d'outrecuidance, il n'osa ajouter mot. Il s'approcha de la table d'un pas traînant, enveloppa un pain dans un linge blanc, enjoignant au passage un marmiton d'aller quérir un flacon de vin. Alaïs l'observait avec un pincement au cœur. Depuis quelque temps, l'homme claudiquait de la jambe gauche et peinait de plus en plus à marcher.
    « Votre jambe vous douloit-elle encore ? s'enquit-elle.
    — Pas tant, mentit le cuisinier.
    — Je pourrai la panser plus tard, si vous le souhaitez. Il semble que votre blessure ne guérit point comme cela devrait.
    — Ce n'est pas si grave…
    — Y avez-vous appliqué l'onguent que je vous ai préparé ? » insista-t-elle, sachant à l'expression de son visage qu'il ne l'avait pas fait.
    Maître Jacques leva ses mains potelées en signe de reddition.
    « Il n'y a rien à y faire, dame Alaïs. En outre, je n'en ai guère le temps, avec tous ces convives : des centaines si l'on compte le domestique, les écuyers, les palefreniers, les dames d'atour, sans parler des hôtes et de leurs familles. Et tant de denrées sont devenues si rares. Encore hier, j'ai envoyé…
    — Fort bien, l'interrompit-elle, mais votre jambe ne guérira point d'elle-même. L'entaille est trop profonde. »
    Elle se rendit soudain compte qu'à l'entour les bruits avaient cessé et que l'ensemble du domestique ne perdait pas une miette de leurs propos. Accoudés à la grande table, les marmitons regardaient, incrédules et béants, leur irascible maître se faire chapitrer. Par une femme qui plus est.
    Affectant de ne rien remarquer, Alaïs poursuivit à voix basse :
    « Que diriez-vous que je vienne vous soigner en échange de ceci ? Ce sera un autre secret que nous aurons à partager. Le marché me semble honnête, qu'en pensez-vous ? »
    L'espace d'un instant, elle crut avoir été trop familière, avoir pris à l'endroit du cuisinier trop de libertés. Mais, après une brève hésitation, Maître Jacques lui sourit en signe d'assentiment.
    «  Oc…
    — Ben , renchérit-elle. Je reviendrai panser votre plaie sitôt que le soleil sera levé. »
    Tandis qu'elle remontait l'escalier, Alaïs entendit les vitupérations du maître queux, ordonnant à chacun de se reprendre à l'ouvrage, comme si leurs tractations n'avaient jamais eu lieu. Elle sourit.
    Tout reprenait son cours habituel.
     
    Alaïs tira la porte et émergea dans la grande cour, face au jour qui se levait.
    Les feuilles de l'orme qui s'y dressait au centre, à l'ombre duquel le vicomte Trencavel rendait la justice, s'étaient teintées du noir de la nuit finissante. De ses branches frémissant de vie, montait le chant de l'alouette auquel répondait le gazouillis strident du roitelet.
    Le grand-père de Raymond-Roger Trencavel avait bâti le Château comtal, d'où il entendait exercer son autorité sur l'ensemble de ses terres domaniales, plus d'un siècle auparavant. Lesdites terres s'étendaient d'Albi, au nord, jusqu'à Narbonne, au sud avec, à l'est et à l'ouest, Béziers et

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