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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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d'apercevoir Bérenger. La reconnaissant à son tour, ce dernier la salua d'un sourire ponctué d'un hochement de tête.
    «  Bonjorn , dame Alaïs. Je vous trouve bien matinale.
    — Je ne parvenais point à dormir, lui sourit-elle.
    — Votre époux ne peut-il s'adonner à quelque occupation pour pallier vos insomnies ? » reprit l'autre avec un clin d'œil appuyé.
    L'homme au visage grêlé exhalait une haleine de bière et d'écurie. Alaïs remarqua que ses ongles saignaient.
    « Et comment se porte votre épouse, Bérenger ? s'enquit-elle, ignorant l'allusion.
    — Eh bien, dame, elle recouvre peu à peu son état habituel.
    — Et votre fils ?
    — Il ne cesse de grandir. Si nous n'y prenions garde, il dévorerait les provisions de la maisonnée et la maisonnée elle-même.
    — Il marche donc sur les traces de son père, ironisa la jeune femme en lui tapotant la panse.
    — C'est aussi ce que prétend mon épouse.
    — Saluez-la pour moi, Bérenger, voulez-vous ?
    — Elle vous saura gré de vous être souvenue d'elle, dame Alaïs. » Puis, après un bref silence : « Je suppose que vous souhaitez quitter l'enceinte du château.
    — Je ne vais qu'à la Cité, peut-être jusqu'à la rivière. Je ne serai guère longtemps partie.
    — Nul ne doit franchir la porte, intervint son compagnon. Les ordres de l'intendant Pelletier sont formels.
    — De quoi te mêles-tu ? » le rabroua sèchement Béranger. Puis d'ajouter à voix basse, à l'adresse de la jeune femme : « Là n'est pas la question, mais vous savez comment vont les choses ces jours-ci. Que se passera-t-il s'il vous arrive malheur et qu'on apprenne que la faute m'en revient ? Votre père me…
    — Je sais tout cela, l'interrompit Alaïs en posant une main rassurante sur le bras du soldat. Mais vous n'avez nulle raison de vous inquiéter. Je suis capable de prendre soin de moi-même. En outre… » Alaïs tourna les yeux vers l'autre garde qui essuyait sur sa manche le fruit de son curetage de nez : « Que puis-je endurer de pis en allant à la rivière que vous n'enduriez déjà céans ! »
    Bérenger s'esclaffa :
    « Vous me promettez d'être prudente, è ?  »
    Alaïs opina du chef et, entrebâillant sa cape, exhiba le coutelas pendu à sa ceinture.
    « Je vous en donne ma parole. »
    L'huis était à deux battants. Bérenger les déverrouilla puis, soulevant la poutre de chêne qui les condamnait, entrebâilla les vantaux juste assez pour livrer passage à Alaïs. Avec un sourire de remerciement, cette dernière se glissa prestement sous le bras de l'homme pour retrouver enfin le monde extérieur.
    1. Partie de l'office chrétien qui se récitait au lever du jour. (N.d.T.)
    2. Sorte de maires, équivalents des échevins en pays d'oïl. (N.d.T.)
    3. Sergents d'armes. (N.d.T.)

2
    Alaïs quitta l'ombre des tours le cœur léger. Elle était libre. Tout au moins pour quelque temps.
    Un pont-levis de bois reliait le guet au pont de pierre qui rattachait le Château comtal aux rues de Carcassona. L'aube était proche, et l'herbe qui croissait dans les douves asséchées scintillait de rosée sous l'éclat mauve et pâlissant de l'astre de la nuit.
    Alaïs se hâta, balayant de sa cape la poussière du chemin. Elle voulait éviter les questions des gardes en faction un peu plus loin. Par bonheur, ces derniers somnolaient et ne décelèrent pas sa présence. Traversant vivement à terrain découvert, elle s'engouffra dans les ruelles pour se diriger vers la poterne d'Avar, partie la plus ancienne des fortifications. Cette poterne accédait tout à la fois aux potagers, aux faratjals , pâturages entourant la Cité, et au bourg de Sant-Vincens. À cette heure de la matinée, c'était le chemin le plus sûr pour se rendre à la rivière sans être aperçue.
    Relevant ses jupons, Alaïs se fraya prudemment un chemin à travers les débris de ce qui avait été, à l'évidence, une nuit de rixe à la Taberna Sant Joan dels Évangèlis . Des trognons de pommes, des os à demi rognés et des chopes cabossées se mêlaient aux détritus qui jonchaient la ruelle. Un peu plus loin, un mendiant dormait, rencogné dans une porte, le bras indolemment posé sur un vieux chien efflanqué. Affalés contre un puits, trois hommes émettaient des ronflements à épouvanter les corbeaux.
    Le garde en poste à la poterne faisait presque pitié. Secoué de quintes de toux, le pauvre diable s'emmitouflait dans son manteau, ne laissant voir de son

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