Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
Vom Netzwerk:
baissées, elle croisa sagement les mains sur ses genoux.
    « Bien sûr, je vous obéirai, paire . »
    Pelletier lui décocha un regard dubitatif, mais ne poursuivit pas dans cette voie.
    « J'ai une autre faveur à vous demander, Alaïs : le vicomte entend célébrer notre retour sains et saufs à Carcassona, pendant que la nouvelle de notre échec auprès de Toulouse ne s'est pas encore répandue. Au lieu de la chapelle, dame Agnès ira ce soir aux vêpres à la cathédrale Sant-Nasari. J'entends que vous y assistiez, ainsi que votre sœur. »
    Alaïs était abasourdie. Bien qu'elle assistât de temps à autre à l'office de la chapelle du Château comtal, son père n'avait pas soulevé d'objection à sa décision de ne jamais aller prier à la cathédrale.
    « Vous êtes lasse, je le sais. Pour l'heure, le vicomte pense toutefois important qu'aucune critique ne puisse être élevée quant à sa conduite et celle de ceux qui lui sont proches. S'il se trouve des espions dans les murs de la Cuitat – et je ne doute pas un instant qu'il y en ait –, nous ne souhaitons pas que les égarements de notre piété, comme on ne manquera pas de le mentionner, parviennent aux oreilles de nos ennemis.
    — Ma lassitude n'y est pour rien, protesta véhémentement la jeune femme. L'évêque Rochefort et ses prélats ne sont que des pharisiens, car ils agissent au rebours de ce qu'ils prêchent. »
    Le visage de Pelletier s'embrasa, de colère ou d'embarras, elle n'aurait su le dire.
    « Dans ce cas, y assisterez-vous aussi ? » voulut-elle savoir.
    Pelletier évita son regard.
    « Sachez que je serai occupé auprès du vicomte.
    — Fort bien, déclara-t-elle enfin, sans quitter son père des yeux. Je ferai comme vous en avez décidé, paire. Cependant, n'espérez pas que je m'agenouille et me mette à prier devant un homme brisé, cloué sur une croix de bois ! »
    Elle pensa un instant avoir été trop franche. Mais, à son étonnement, Pelletier se mit à rire dans sa barbe.
    « C'est, ma foi, tout à fait juste, dit-il. Je n'en attendais guère moins de vous. Soyez prudente, néanmoins, Alaïs. Évitez d'exprimer inconsidérément votre point de vue. On pourrait vous ouïr. »
     
    Les quelques heures qui suivirent, Alaïs les passa dans sa chambre à préparer une potion de marjolaine fraîche pour son épaule endolorie, tout en écoutant le joyeux babillage de sa servante Rixende.
    Selon cette dernière, les opinions sur les raisons de la disparition de sa maîtresse étaient partagées. Certains ne cachaient pas leur admiration pour sa grandeur d'âme et sa bravoure. D'autres, parmi lesquelles Oriane, la condamnaient sévèrement : en agissant aussi étourdiment, elle avait, au premier chef, ridiculisé son époux. Qui pis est, elle avait mis en péril le succès de la mission. Alaïs aimait à croire que Guilhem ne souscrirait pas à de telles allégations, encore qu'elle le craignît fortement, car son époux avait une fâcheuse tendance à suivre les sentiers rebattus. Plus souvent qu'à son tour, il se sentait blessé dans son orgueil. Alaïs savait d'expérience son besoin d'être louangé par les gens du château, son inclination à dire et faire des choses contraires à sa véritable nature. Pour peu qu'il se sentît humilié, nul n'aurait su préjuger de sa réaction.
    « Ils ne peuvent plus rien dire de tel, poursuivait la servante en ôtant la compresse de l'épaule d'Alaïs. La troupe est rentrée saine et sauve. Si cela ne prouve point que Dieu est de notre bord, alors que leur faut-il ! »
    Alaïs esquissa un pâle sourire. Rixende verrait les choses sous un éclairage différent, une fois que la conjoncture, telle qu'elle l'était véritablement, serait portée à la connaissance de la Cité.
     
    Les cloches clamaient vêpres, le blanc et le rose se disputaient les cieux, alors que la procession quittait le Château comtal et cheminait vers Sant-Nasari. En tête marchait un prêtre revêtu d'une aube blanche et portant haut une croix dorée. Curés, nonnes et moines suivaient.
    Puis venaient dame Agnès et les épouses des consuls, escortées des dames d'atour. Alaïs ne put faire autrement que marcher auprès de sa sœur.
    En bien ou en mal, Oriane ne lui adressa pas le plus petit mot mais, comme à son habitude, s'attira les regards envieux de la populace. Elle portait une robe pourpre soutachée d'or et de noir, dont la ceinture dorée mettait en valeur la minceur de sa taille et la

Weitere Kostenlose Bücher