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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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d'une frise de chevaliers, de dames et de chevaux surplombait des chars féeriques, des soucoupes tournantes et des chevaux de bois, le tout en rose et doré. Même le kiosque à billets ressemblait à une baraque de fête foraine. Une cloche tinta et les enfants se mirent à hurler de joie quand le manège s'ébranla lentement au son d'un limonaire.
    Au-delà, Alice entr'aperçut, à travers une rangée d'ifs et de cyprès, l'extrémité des croix et des pierres tombales dépassant du mur du cimetière. À droite des portes, des hommes jouaient à la pétanque.
    Elle s'immobilisa quelques instants face à l'entrée de la Cité, comme pour se préparer mentalement à y pénétrer. À main droite, se dressait un pilier de pierre, du haut duquel une gargouille, récemment restaurée, la regardait fixement sans complaisance.
    SUM CARCAS. Je suis Carcas.
    Dame Carcas, princesse musulmane et épouse du roi Balaack, à qui la ville doit le nom de Carcassonne, après avoir résisté à un siège de cinq ans contre Charlemagne 1 .
    Alice franchit enfin l'étroit pont-levis couvert, constitué de pierre et de bois. Les planches grinçaient sous ses pas. Dans les douves asséchées croissait de l'herbe piquetée de fleurs blanches.
    Ce pont débouchait sur les Lices , aire ouverte de terre sèche et aride séparant le double anneau des fortifications. Un peu partout, des enfants escaladaient les murs pour se livrer bataille à coups d'épées en plastique. Droit devant était la porte Narbonnaise. Au moment où elle en franchit l'arche, Alice leva les yeux. Une statue de la Vierge Marie posait sur elle un regard compatissant.
    Une fois les portes franchies, toute notion d'espace cessa d'exister. La rue Cros-Mayrevieille, artère principale de la vieille ville, était étroite et raide, les maisons si serrées les unes contre les autres qu'il suffisait de se pencher à sa fenêtre pour toucher la main de son voisin.
    Les bruits de toutes sortes y restaient emprisonnés : cris, rires, langages divers, protestations quand un véhicule se frayait un chemin, ne laissant à la foule guère plus d'une main pour le laisser passer. Des boutiques déversaient leurs marchandises, tourniquets chargés de cartes postales et de guides touristiques, un mannequin en tenue d'époque annonçant le musée de l'Inquisition, savonnettes parfumées, coussins et nappes, des répliques d'épées et de boucliers. Des enseignes de bois pendues à des consoles scellées dans les murs annonçaient L'éperon médiéval , proposant à la fois des poupées de porcelaine et des épées, ou À Saint Louis , boutique dans laquelle se vendaient indifféremment des savonnettes, des nappes et des souvenirs.
    Alice laissa ses pas la conduire jusqu'à la place Marcou. Place principale, elle se signalait par son étroitesse et ses nombreux restaurants, sur les terrasses desquels la voûte entremêlée des platanes, complétée d'auvents brillamment colorés, posait une ombre propice. En haut de ces mêmes auvents, des enseignes aux noms évocateurs : Le Marcou, le Trouvère, le Ménestrel.
    Poursuivant sa marche sur les pavés, Alice se retrouva à l'intersection de la rue Cros-Mayrevieille et de la place du Château où un triangle de boutiques, de crêperies et de restaurants cernait une colonne de pierre surmontée du buste de Jean-Pierre Cros-Mayrevieille, historien du XIX e siècle, avec en partie basse, une bordure de bronze figurant des fortifications.
    Elle s'avança jusqu'à se retrouver devant un déploiement de murs semi-circulaires qui protégeait le Château comtal. Derrière les imposantes portes verrouillées, s'élevaient les tourelles et les remparts. Une forteresse dans la forteresse.
    Elle s'arrêta, comprenant que, depuis le commencement, là était sa destination. Le Château comtal, demeure familiale des Trencavel.
    Elle scruta les lieux à travers les hautes barrières de bois. Tout ce qu'elle y voyait lui semblait familier, comme si elle revenait après y avoir vécu en des temps si lointains qu'elle les avait oubliés. De part et d'autre de l'entrée, des guichets vitrés affichaient les heures de visite. Au-delà, une aire poussiéreuse et nue, recouverte de gravillons, conduisait à un pont étroit, large de deux mètres à peine.
    Alice s'éloigna en se promettant de revenir à la première heure le lendemain. Bifurquant à droite, elle suivit les panneaux de signalisation vers la porte de Rodez, énorme entrée dont les tours basses et

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