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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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et pouvez contempler tout ce qu'il vous plaît, si tel est votre bon plaisir », répondit Esclarmonde sans trahir la moindre émotion.
    Oriane saisit brutalement Alaïs par le bras.
    « Il suffit ! déclara-t-elle en prenant plaisir à lui enfoncer les ongles dans la peau. Vous vous disiez prête à regagner le château. Eh bien, allons-y ! »
    Sans même s'en rendre compte, la jeune femme se retrouva dans la rue. Les soldats la serraient de si près qu'elle sentait leur haleine dans son cou. Le souvenir lui revint un instant de remugles de bière et d'une main calleuse plaquée contre sa bouche.
    « Promptement », la pressa Oriane en la poussant dans le dos.
    Dans l'intérêt d'Esclarmonde, Alaïs n'avait d'autre issue que de se plier aux injonctions de sa sœur. Arrivée au coin de la rue, elle parvint à jeter un dernier coup d'œil par-dessus son épaule. Esclarmonde, du seuil de sa maison, porta furtivement son index à ses lèvres, afin de la mettre en garde de ne souffler mot à quiconque de leur conversation.

36
    Au donjon, Pelletier se frottait les yeux et étirait ses membres engourdis.
    Cela faisait plusieurs heures que des chevaucheurs partis du château avaient été dépêchés auprès des soixante vassaux du vicomte qui n'étaient pas encore en route pour Carcassona. De tout temps, les plus puissants d'entre eux se signalaient par leur insubordination à l'endroit de leur suzerain, aussi Pelletier s'inquiétait-il de ce qu'en l'occurrence, Trencavel fût plus persuasif qu'autoritaire. Chacune des missives faisait état sans équivoque de la menace qui pesait sur eux. Les Français s'amassaient aux frontières et se préparaient à une invasion comme le Midi n'en avait jamais connu. La garnison de Carcassona devait être renforcée. Raison pourquoi ces vassaux devaient honorer leur allégeance et venir en aide à Carcassonne en rassemblant autant d'hommes qu'ils le pouvaient.
    «  A la parfin . Enfin », soupira le vicomte en posant son sceau sur la dernière missive
    Pelletier se joignit à lui, avec un signe d'acquiescement à l'adresse de Jehan Congost. Si, à l'ordinaire, il n'accordait que peu d'attention à son gendre, il devait aujourd'hui admettre que ses scribes et lui s'étaient acquittés de leur tâche avec diligence et célérité. Cependant qu'un serviteur délivrait la dernière missive au chevaucheur, l'intendant donna aux escrivans la permission de se retirer. Imitant Congost, ils se levèrent l'un après l'autre pesamment, qui se frottant les paupières, qui faisant craquer ses doigts, roulèrent leurs parchemins, rassemblèrent plumes et encriers. Pelletier attendit qu'ils eussent enfin quitté les lieux pour s'adresser au vicomte :
    « Vous devriez prendre du repos afin de ménager vos forces, messire.
    — Força e vertu , répondit Trencavel avec un rire bref, reprenant ainsi les paroles qu'il avait prononcées à Béziers. Force et courage. Ne vous tourmentez pas, Bertrand, je n'ai oncques été aussi bien allant. Et revanche, il serait bon que vous vous délassiez un peu, vieil ami, ajouta-t-il en posant la main sur l'épaule de son homme lige.
    — J'avoue que l'idée est plutôt séduisante, messire, admit Pelletier, ivre de fatigue après des nuits de veille.
    — Ce soir, chacun de nous pourra dormir dans son lit, Bertrand, mais je crains qu'il ne nous faille encore différer cet instant. » Son beau visage se fit solennel : « Il est essentiel que je réunisse les consuls le plus tôt et en plus grand nombre possible.
    — Avez-vous des instructions particulières à leur intention ?
    — Même si tous les vassaux répondent à mon appel en amenant avec eux un bon contingent de soldats, il nous faudra plus d'hommes encore pour défendre la place.
    — Souhaitez-vous voir les consuls créer un fonds de guerre ?
    — Nous devons nous entourer des services de mercenaires expérimentés d'Aragon ou de Catalogne. Le plus tôt sera le mieux.
    — Envisagez-vous la levée de nouveaux impôts ? Augmenter la gabelle et le champart, peut-être ?
    — Il est encore trop tôt pour cela. Pour l'heure, je préférerais me borner à une contribution volontaire. Si cette initiative échoue, alors je me résoudrai à prendre des mesures plus draconiennes. Comment vont les travaux de fortifications ?
    — Tous les maçons et les charpentiers de la Ciutat , de Sant-Vincens et de Sant-Miquel ont été pressentis, ainsi que ceux des villages du Nord. Les travaux de

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