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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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de sa main. « S'il vous plaît…
    — Vous voyez comme c'est plus facile quand vous vous montrez coopérative. Dans quelques minutes, vous ferez cet appel pour moi. »
    Shelagh secoua désespérément la tête.
    « S'ils apprennent que je vous l'ai révélé, ils me tueront, hoqueta-t-elle, terrorisée.
    — Et si vous ne le faites pas, c'est moi qui vous tuerai, ainsi que Mlle Tanner. À vous de choisir », répliqua-t-il, le plus calmement du monde.
    Shelagh n'avait aucun moyen de savoir si Alice était libre ou s'il la retenait prisonnière.
    « Il s'attend à ce que vous le rappeliez sitôt que vous aurez le livre en votre possession. Est-ce exact ? »
    Elle n'avait plus le courage de mentir, aussi acquiesça-t-elle muettement. Elle se rendit compte, horrifiée, qu'elle venait de lui révéler le seul fait qu'il ignorait.
    « Ils s'intéressent davantage à un petit disque de la taille de l'anneau, qu'à l'anneau lui-même.
    — À quoi sert ce disque ? demanda-t-il.
    — Je l'ignore. »
    Shelagh poussa un cri de douleur quand la flamme du briquet lui lécha la peau.
    « À quoi sert-il ? »
    Dans la voix de l'homme il n'y avait aucune trace d'émotion. Elle était tétanisée. L'odeur, douceâtre et écœurante, de sa chair brûlée lui parvenait. Le sens de ses propres mots lui échappait. Elle se sentait basculer, tomber ; sa tête s'af-faissait.
    « Nous la perdons. Ôtez-lui la cagoule. »
    On la lui retira aussitôt en écorchant au passage les plaies de son visage.
    « Il s'insère dans l'anneau… »
    Le son de sa voix était assourdi comme s'il lui avait maintenu la tête sous l'eau.
    « Comme une clé. Pour le labyrinthe…
    — Qui d'autre est au courant de ce détail ? » aboya-t-il soudainement.
    Elle comprit qu'il ne pouvait plus l'atteindre. Son menton retomba sur sa poitrine. Il lui renversa la tête en arrière. Un œil, tuméfié, demeurait fermé, l'autre s'efforçait de rester ouvert. Les visages flous apparaissaient puis disparaissaient de son champ de vision.
    « Elle ne sait pas…
    — Qui ne sait pas ? Mme de l'Oradore ? Jeanne Giraud ?
    — Alice », balbutia-t-elle.

54
    Alice arriva à Chartres en fin d'après-midi. Après avoir choisi un hôtel, elle acheta une carte de la ville et se rendit à l'adresse correspondant au numéro de téléphone communiqué par Biau, obtenue grâce aux bons offices de France Télécom. Elle eut la surprise de découvrir un élégant hôtel particulier aux marches et fenêtres fleuries, assez peu conforme à un endroit où Shelagh aurait pu séjourner.
    Que répondras-tu si quelqu'un vient t'ouvrir ?
    Prenant une profonde inspiration, elle alla sonner à la porte. Comme personne ne répondait, elle fit un pas en arrière, leva les yeux vers les fenêtres, puis fit une autre tentative. En composant le numéro de téléphone, elle entendit une sonnerie à l'intérieur.
    Elle était à la bonne adresse. C'était déjà ça.
    Ce fut une déception et, pour être honnête, un soulagement aussi. La confrontation – si confrontation il devait y avoir – était remise à plus tard.
     
    Des cohortes de touristes armés de caméras envahissaient la place devant la cathédrale, accompagnés de leurs guides brandissant haut drapeaux et parapluies multicolores. Allemands disciplinés, Anglais à l'allure compassée, Italiens charmeurs, Japonais sereins, Américains débridés, alors que tous les enfants affichaient la même expression ennuyée.
    À un moment donné, au cours du voyage, Alice avait cessé d'imaginer que le labyrinthe de Chartres pourrait lui apprendre quelque chose. Il semblait si étroitement lié à la grotte de Soularac, à Grace, à elle-même – trop. Au point qu'une part d'elle-même sentait qu'on l'avait aiguillée sur une fausse piste.
    Elle acheta néanmoins un billet, et se joignit à la visite guidée en anglais prévue dans cinq minutes. La guide, femme entre deux âges, efficace et arrogante, s'exprimait d'un ton sec.
    « Les cathédrales apparaissent à nos yeux comme des édifices gris et élevés, voués à la foi et à la dévotion. Pourtant, au Moyen Âge, elles étaient brillamment colorées, à l'image des temples indous ou thaïlandais. À Chartres comme ailleurs, les statues et le tympan qui adornaient le grand portail étaient polychromes. » La guide pointa la façade de son parapluie : « Observez attentivement, et vous décèlerez les fragments de rose, de bleu et de jaune qui subsistent

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