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Lacrimae

Titel: Lacrimae Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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conte not’encombre.
    — Je vous écoute, rétorqua Leonnet Charon, encore plus perdu.
    Robert prit une longue inspiration dans l’espoir de dissiper son trouble. Il était brave, emporté parfois, mais peu habile de langue sauf lorsque la fougue lui donnait des ailes. La perspective de se ridiculiser devant Clotilde, attablée avec son frère Raymond et leur père Ghislain Loquet, lui coupait les jambes. Il devait impressionner favorablement maître Loquet, quoique certain qu’il se ferait envoyer au diable s’il avait un jour l’outrecuidance de demander la main de Clotilde. D’autant qu’à la vérité, rongé de timidité, il n’avait jamais adressé une seule parole à la jeune fille et ignorait donc dans quelles dispositions d’esprit elle se trouvait à son sujet. Au demeurant, peut-être l’avait-elle à peine remarqué. Il se sentit perdre tout à fait ses moyens à cette perspective et sa bouche se dessécha d’angoisse. Un murmure à ses côtés, celui de Sylvestre :
    — Vas-y, mon gars.
    Robert débita :
    — D’abord, y a eu le mercier, Martin Borée, qu’Agnès Grosjean ici présente a r’trouvé trucidé d’vilaine manière dans son étude… la main coupée ! La pauvre en a eu les sangs si r’tournés qu’elle peut plus mettre un pied dans la maison.
    Agnès se contenta d’un hochement d’acquiescement peu compromettant. Elle avait eu une peur bleue à l’idée que le bailli et ses hommes découvrent son gros larcin. Détrousser un cadavre, un vil péché, un peu atténué selon elle par l’avarice sans bonté du maître. D’autant qu’elle ne lui avait pas fait les poches ni sa bourse de ceinture.
    — Certes, certes… L’enquête que je mène n’est pas terminée. Jusque-là, les membres de la mesnie de maître Borée semblent au-dessus de tout soupçon… Un maraudeur, un fieffé voleur…
    — Y’ avait une grasse pile d’argent sur son bureau quand Agnès a découvert l’corps, l’interrompit Robert.
    Un peu gêné par cette contradiction très recevable, Leonnet se défendit comme il put :
    — Le filou aura sans doute été dérangé par l’entrée de notre bonne Agnès et il aura filé sans demander son reste… La fenêtre de l’étude n’est protégée que par une peau huilée. Il a pu la rabattre pour dissimuler son escampe, argumenta le secrétaire du Bailli, une sueur de malaise trempant peu à peu la racine de ses cheveux.
    Une voix claire, calme, éduquée s’éleva :
    — À ce qu’on m’a conté, messire, le sang qui maculait le tapis et le chainse de maître Borée était sec et brunâtre. Ses membres du haut étaient déjà roides. Étant entendu la chaleur médiocre qui régnait dans la pièce, plusieurs heures, quatre à six, s’étaient donc écoulées entre le meurtre et l’entrée d’Agnès. De plus, la porte principale était déverrouillée. Pourquoi sortir par une fenêtre, en ce cas ?
    Charon se tourna vers le jeune clerc qui lui avait souri peu avant, s’enquérant :
    — Monsieur… ?
    — Druon de Brévaux, chevalier mire itinérant. Pour vous servir.
    — Un aesculapius , j’l’ai vérifié d’mes yeux, tonna maîtresse Borgne. Même qu’il a soigné les douleurs de membres du seigneur d’Verrières et avant lui la baronne Béatrice d’Antigny. Quant à la Muguette, elle remercie Dieu de l’avoir placé sur son chemin.
    Elle n’était pas peu fière de compter un tel savant parmi sa clientèle, et encore plus que son frère et elle aient eu les moyens de s’offrir son art remarquable que réclamaient puissants et nobles.
    — Messire, croyez-en mon sincère respect. Cela étant, il s’agit là d’une enquête criminelle et…
    — Ah, mais mon art, monsieur, consiste surtout à observer, analyser, comparer et déduire. Imaginons un instant votre coquin larron, s’enhardit l’étranger. Quoi, il poignarde maître Borée dans le dos puis prend le temps d’infliger un tourment que l’on réserve précisément aux voleurs ? Il lui coupe une main ? De fait, le mercier n’était pas bâillonné et si son assassin avait procédé à l’inverse, des hurlements de goret que l’on saigne auraient réveillé la maisonnée. Pourtant, au plein de la nuit, alors que tous dorment, il quitte les lieux en abandonnant une fortune qui en aurait tenté plus d’un.
    — Et qu’en déduisez-vous, monsieur ?
    — Que ce meurtre est une vengeance, une exécution très personnelle qui n’a rien à voir avec

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