Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Lacrimae

Titel: Lacrimae Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
Vom Netzwerk:
une vile cupidité. (D’un ton de gentille ironie, Druon poursuivit :) Bien sûr, le coutumier recours à un bandit, un filou qui a sauté sur une opportunité, est aisé et bien rassurant. Toutefois, avouez qu’il est peu convaincant, en l’occurrence.
    Quelques pouffements, qui déplurent fort à Charon, saluèrent cette conclusion.

    Sylvestre enfonça alors un index impérieux dans les reins de Robert. Celui-ci comprit l’intimation et reprit :
    — Et pis, ce jeune moine de l’abbaye ! Que… que j’ai découvert dans la forêt en ramassant l’bois tombé. Pareillement poignardé dans l’dos, une main coupée… sauf que l’seigneur abbé voulait rien savoir et que…
    Charon songea que la conversation virait à l’aigre. Les moines de l’abbaye et surtout son abbé étaient intouchables. Il leva la main d’un geste qu’il espérait autoritaire et déclara d’un ton sec :
    — Oh là, mon gars, je t’arrête sitôt ! L’abbaye ne dépend pas de la justice séculière. Quant à messire Constant de Vermalais, il a droit de haute, moyenne et basse justice dans l’enceinte du monastère et sur ses terres.
    — Sauf que l’moine en question, l’a été occis d’la même façon que maître Borée, s’obstina Robert.
    Sylvestre se leva à son tour pour lui prêter renfort. De sa voix lente, il souligna :
    — Messire secrétaire… Sauf vot’respect, et si un meurtrier courait la campagne… qu’y frappe à nouveau… p’têt qu’l’abbé pourrait avoir des connaissances qui nous permettraient d’lui met’la main au col ?
    De plus en plus mal à l’aise, commençant à maudire ces paysans obtus qui ne comprenaient rien à l’art politique, ni surtout qu’on ne dérangeait pas un seigneur abbé aussi impérieux que M. de Vermalais ni ne tentait d’empiéter de quelque manière que cela fût sur ses privilèges, Leonnet biaisa :
    — Sans doute… Toutefois, nous n’en sommes pas encore là, grâce à Dieu. (S’efforçant d’afficher beaucoup plus de certitude qu’il n’en ressentait, il déclara :) À l’évidence, cet abject assassin n’a pas frappé une troisième fois. Non, voyez, bonnes gens, je puis vous assurer qu’il s’agissait d’un voyou de chemin et qu’il doit être bien loin aujourd’hui.

    Il se resservit un gobelet pour dissimuler son trouble sous l’œil torve de maîtresse Borgne qui regrettait sa libéralité envers lui. Un bon cruchon offert, et pour quoi ? Pas tripette 7  ! Car il ne ferait rien qui puisse déplaire au bailli ou à l’abbaye, le Leonnet. Elle lutta contre l’envie de le soulever de table par les aisselles et de le pousser vers la sortie.
    La voix paisible de Druon s’éleva :
    — J’aimerais partager votre conviction, messire. Des détails bien agaçants me trottent par l’esprit. Si je me fie à la description de Robert, hormis la large tache qui endeuillait le dos de la robe grise du moine, et l’herbe à la base du tronc, il n’a pas vu de sang alentour. En d’autres termes, frère Étienne a été occis à proximité de l’arbre au pied duquel on l’a trouvé… ou alors on l’y a transporté ensuite. Dans la première hypothèse, qu’allait-il faire à cette heure, dans ce bois, un peu éloigné de son abbaye ? Devait-il y rencontrer quelqu’un ? Pas de sang non plus sur les cuisses du moine, où reposait son poignet tranché. Ce détail pourrait indiquer qu’il fut sectionné un certain temps après son décès, les cadavres ne saignant pas. Pourquoi diantre ? De plus, la main en question a disparu. En bref, nous sommes menés d’étrangeté en étrangeté, n’est-il pas vrai ?
    — En effet, en effet… cela étant, rien dans ceci n’indique que le tueur soit toujours dans nos parages, se défendit le secrétaire. Et puis… un animal a pu emporter la main pour la dévorer… Répugnant mais tout à fait plausible.
    Continuant sur sa lancée, le jeune mire réfléchit tout haut :
    — Je retiens votre hypothèse d’animal, en effet plausible. Un petit, puisqu’un gros prédateur se fût attaqué aux cuisses, au ventre et aux fesses, plus charnues. Cela étant, pourquoi un gredin de chemin aurait-il occis deux hommes sans les détrousser, d’autant que le moine ne possédait aucune valeur sur lui ? C’est du reste la raison pour laquelle les bandits ne s’en prennent qu’aux convois de religieux, dont les charrois regorgent souvent de richesses. Ajoutons que l’extrême punition

Weitere Kostenlose Bücher