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Lacrimae

Titel: Lacrimae Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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quels qu’ils fussent, se révélaient source de faiblesse. Seul Huguelin avait droit de cité dans son cœur. Jusqu’à ce qu’il découvre le mystère qui entourait l’effroyable fin de son père tourmenté par l’Inquisition, et la trahison de son ami d’âme, l’évêque Foulques de Sevrin, jusqu’à ce qu’il perce le mystère de la pierre rouge.
    Soucieux de faire dévier la conversation, il reprit :
    — Nous demeurent deux possibilités. Or donc, Borée connaissait Cappelli. Appâtés par le gain considérable qu’ils empocheraient en échangeant la Sainte Larme contre une fausse, ils sont tombés en accord. Ils l’ont remplacée par un faux après l’expertise du notaire Charon et de frère Étienne, saisissant l’occasion de la négociation, pendant donc que l’Italien la détenait toujours. Quelqu’un a éventé la supercherie, voulu les punir, se venger, que sais-je ?
    — Et le cadavre de frère Étienne est en trop, sauf à croire qu’il ait rejoint la conspiration et participé à la contrefaçon. En revanche, celui de Luigi Cappelli nous manque.
    — Tout juste. Cependant, Cappelli a pu fuir bien loin. En ce cas, notre bon notaire fait un suspect de choix. Il a été vilainement grugé. Tous le décrivant fort pieux, cette révélation a dû le blesser au plus profond, l’ulcérer à lui ronger la rate et le pousser à la haine puisqu’il se sentait responsable de l’intégrité de la transaction. Ce n’est pas tout : notre notaire, Évrard Charon, vient aussi sur le devant de la scène avec la deuxième possibilité. Imaginons que sa benoîte et dévote attitude soit un leurre. Rendez-vous compte ! Il a entre les mains une des larmes versées par le Sauveur. Une alléchante fortune pour qui saura la monnayer. Ou même, concédons-lui une foi brûlante le poussant à la vouloir garder par-devers lui. Grâce à l’aide de Borée, tenté par un joli magot, il opère la substitution. Borée devient une terrible menace et le notaire l’élimine. Il occit également frère Étienne, de crainte qu’il ne forme un jour des doutes sur l’authenticité de la relique.
    — Notre compte de cadavres est donc juste dans ce dernier cas, puisque Luigi Cappelli ignorait tout de la fraude et n’avait aucune chance de l’apprendre de retour dans son lointain royaume d’Italie, souligna le bailli.
    — Non pas. Quelle que soit l’hypothèse, nous en reste un d’excédent : Leonnet Charon, votre secrétaire. Peut-être également Nicol, avec moins de certitude.
    — Fichtre ! Or je mettrais ma main au feu 5 que Leonnet n’a rien à voir dans cette histoire. Nous voilà revenus au même point ! s’énerva Louis d’Avre.
    — Pas tout à fait, rectifia Druon.
    — Je vous trouve bien optimiste.
    — Voilà un compliment qu’on m’aura peu offert, plaisanta le mire. Nos raisonnements rendent l’hypothèse d’une fraude fort vraisemblable, fraude dont le mercier Borée aurait été le principal artisan. Il ne pouvait y parvenir qu’avec l’aide de Cappelli. Toutefois, aucun élément ne nous permet d’affirmer que les deux autres, Étienne et le notaire, ont découvert la duperie. D’autant que je me permets de vous rappeler qu’environ dix mois séparent l’achat de la Sainte Larme et le premier meurtre. Une bien tardive réaction, ne trouvez-vous pas ? Si l’on exclut la haine et la vengeance, plus besoin de meurtres ! Nous restent donc trois, voire quatre cadavres, sans plus aucune… justification.
    — Vous m’effarez, avoua le bailli d’un ton lugubre. Votre conseil ?
    — Chercher ailleurs, bien sûr. Il y a nécessairement une explication. Le vol n’a rien à y voir, la ronde somme retrouvée sur le bureau du mercier l’atteste. S’impose alors une conclusion différente : un autre passé lie frère Étienne, Martin Borée et Leonnet Charon, peut-être même Nicol. Nous avons affaire à des exécutions de vengeance, de haine, hormis en ce qui concerne le simple.
    — Mais la main coupée, supplice réservé aux voleurs ? Et quel passé ? s’enquit Louis d’Avre vivement intéressé.

    L’intelligence de cette très jeune femme en déguisement le stupéfiait. Pourtant, Avre faisait partie de ces hommes qui avaient tant côtoyé l’âme humaine, ses bassesses, ses grandeurs et ses calculs, sans différence de sexe, qu’il créditait les deux genres de capacités identiques à la bêtise ou à l’esprit, rejoignant sans le savoir la

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