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Lacrimae

Titel: Lacrimae Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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nous pourrions en pâtir tous deux et nous en mordre les doigts.
    Futé, le garçon résuma :
    — Il s’agit donc de quelqu’un de haut.
    Druon se contenta d’acquiescer d’un mouvement de tête.
    D’un ton un peu docte tant il n’était pas peu fier de la science qu’il avait acquise en quelques mois, Huguelin poursuivit :
    — Eh bien, et puisque vous cessez pas… Euh… ne cessez de me répéter qu’il faut avant tout se fier à la nature des choses, sui generis , pour les comprendre et parfois les contrer, revenons à l’essence de l’enherbement. Le pire des crimes, un crime de sournoiserie, de traîtrise…
    Surpris, et surtout satisfait des progrès fulgurants de son jeune apprenti, Druon l’écoutait sans feindre son sérieux.
    — L’enherbeur agit grâce au secret, à sa fourberie. Nous sommes en accord ? Le démasquer haut et clair, jeter la suspicion sur lui – en usant, certes, de paroles à double entente, qui risquent… ne risquent pas de nous porter préjudice, et j’ai robuste confiance en la finesse de votre langue – revient donc à lui faucher l’herbe sous le pied.
    Druon le considéra quelques instants et admit :
    — Qui de nous deux fut le plus fortuné de rencontrer l’autre ? À voir.
    Un fard de contentement rosit les joues du garçonnet qui gloussa et, la tête sur les épaules, termina sa pipefarce en murmurant un inaudible :
    — Nous deux, à Dieu plaise !
    1 - Sorte de beignets fourrés au fromage et cuits dans du saindoux.

XLVII
    Château de Saint-Denis-d’Authou, novembre 1306
    H uguelin avait ample raison. Annoncer haut qu’il savait qu’on avait cueilli de la digitale, sans autre précision risquant de se retourner contre eux, étoufferait le projet criminel. Tous seraient aussitôt sur leurs gardes. Restait à trouver une formulation assez vague, qui n’inquiéterait véritablement que le, ou plutôt la presque coupable.
    Fort de cette décision, il se dirigea vers la porte des appartements de dame Ivine. Porte grande ouverte, à sa surprise. Il héla. Nulle réponse. Une vague inquiétude le saisit et il décida de descendre vers la salle d’armes. Peut-être la dame y avait-elle rejoint son époux ?

    Alors qu’il empruntait l’escalier de pierre, un écho de voix, brutales, hargneuses, de cris, d’injures lui parvint. Il dévala les marches. Le spectacle qu’il découvrit le figea. La mêlée avait dû être violente. Des dardes, des chapels, des vouges, de courtes épées, des baudriers gisaient au sol, arrachés des murs. Plaqué face vers le mur, Philippe d’Authou venait d’être maîtrisé par les hommes de Louis d’Avre, et ses poignets ligotés dans le dos.
    Le bailli, un air d’épuisement sur le visage, s’avança vers sa proie et déclara d’une voix glaciale :
    — Barbette Philippe, au nom du roi, tu es en état d’arrestation et déchu. Tu ne seras point jugé à nouveau, trois tribunaux ayant exigé la mort pour moult crimes et forfaits déhontés, inimaginables et impardonnables. S’y ajoutent aujourd’hui les crimes de forfaiture, d’usurpation de noblesse, de spoliation d’héritage. Encore la mort. Aussi ne perdons pas de temps. La juste sentence sera exécutée au plus preste. Dieu t’avait offert, dans Son infinie mansuétude, une chance de rédemption. Tu l’as boudée. Grand tort à toi.
    — Va te faire foutre par tous les diables ! éructa Philippe.
    Dans le coin le plus éloigné de l’immense salle glaciale, serrées les unes contre les autres, Ivine et ses deux dames d’entourage, Aude et Hélène, semblaient privées de réaction. Ivine crispait la main sur le crucifix d’opale et d’argent qui pendait à son cou.
    Les gens d’armes tirèrent Philippe, qui se débattit tel un possédé, injuriant, maudissant, blasphémant. Passant devant son épouse, il hurla à son adresse :
    — N’en croyez rien, ma douce, ma tendre mie. Vilenies, odieux clabaudages ! Je vous aime pour l’éternité.

    Un silence de sépulcre s’abattit ensuite, seulement troué par un cri étouffé. Les hommes du bailli venaient de pousser un Philippe récalcitrant dans l’escalier qui menait à la cour d’honneur. Peu de chose, au regard de ce qui l’attendait.
    Louis d’Avre traversa la salle d’armes et déclara à Druon :
    — Je suis rentré au plein de la nuit, messire mire. Une déclaration – que nous prétendrons anonyme – m’attendait, me révélant la véritable identité du prétendu

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