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L'âme de la France

L'âme de la France

Titel: L'âme de la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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sa clientèle de massacreurs méridionaux »... « Pressez, tordez ce ministère – Coblence, Waterloo, 1815 –, il ne dégoutte qu'humiliation, malheurs et chagrins ! »
    Bertin l'aîné, propriétaire du Journal des débats , sera condamné à six mois de prison pour la publication de ces articles.
    La réaction se déploie : la pièce de Victor Hugo, Marion Delorme , est interdite, et une commission examine les cours donnés par Guizot et Victor Cousin.
    L'affrontement avec le pouvoir est proche.

    Le 3 janvier 1830, Thiers, Mignet et Armand Carrel fondent le journal Le National .
    On mesure alors combien le patriotisme est le ressort de l'opposition.
    C'est la question nationale qui met l'âme française en révolte.
    Mais la confrontation est en fait limitée à Paris.
    La France paysanne reste calme, presque indifférente à ces déchaînements politiques qui, s'ils vont prendre la forme de journées révolutionnaires – les 27, 28 et 29 juillet 1830 –, et, à ce titre, s'inscrivent dans la « mythologie révolutionnaire », marquent davantage un glissement de pouvoir qu'une profonde rupture.
    Les acteurs de ces journées de juillet ne sont en effet qu'une minorité, une nouvelle génération romantique (la « bataille » d' Hernani est de 1830, et c'est cette année-là que Stendhal écrit Le Rouge et le Noir ). Les inspirateurs politiques sont des « libéraux » (Thiers, La Fayette, Guizot) qui vont réussir à imposer leur candidat au trône : Louis-Philippe d'Orléans.
    Ils réalisent ainsi avec le fils ce que d'autres « modérés » (déjà La Fayette) avaient tenté, en 1790-1791, avec le père, Philippe Égalité.
    Ils veulent instaurer une monarchie constitutionnelle qui arborera les trois couleurs. Le monarque sera un roi citoyen.
    Le peuple, utilisé et dupé, doit se contenter de cette mutation politique qui ne change rien à sa condition.

    Après ces « trois glorieuses » journées de juillet 1830, Stendhal écrira :
    « La banque est à la tête de l'État, la bourgeoisie a remplacé le faubourg Saint-Germain, et la banque est la noblesse de la classe bourgeoise. »
    Et le banquier Laffitte de conclure : « Le rideau est tombé, la farce est jouée. »
    Mais, dans la mémoire de la nation – dans l'âme de la France –, ces journées de 1830 sont l'un des maillons qui confortent et enrichissent la légende de la France révolutionnaire dont Paris, qui s'est couvert de six mille barricades, est le cœur.
    Une source qui n'est pas tarie peut jaillir à nouveau avec d'autant plus de force qu'elle a été détournée, contenue.
    47.
    Dans ce deuxième tiers du xix e  siècle, l'histoire de France semble bégayer.
    Paris a pris les armes en juillet 1830 pour chasser Charles X et les légitimistes, mais en février 1848 les émeutiers parisiens contraignent les orléanistes et Louis-Philippe, vainqueurs en 1830, à l'exil.
    Par leur éclat symbolique – Paris se couvre de barricades, Paris s'insurge, Paris compte ses morts et les charge sur les tombereaux, allumant partout dans la capitale l'incendie de la révolte –, ces journées révolutionnaires qui voient surgir puis disparaître la monarchie bourgeoise de Louis-Philippe marquent l'importance, pour le destin français, de ces dix-huit années.
    Car ce qui s'est scellé, entre 1830 et 1848, c'est le sort final de la monarchie.

    Les journées de 1830 ont signé l'échec du retour à l'Ancien Régime, tenté avec plus ou moins de rigueur par Louis XVIII et Charles X.
    Mais la France ne veut ni d'une charte octroyée, ni d'un roi sacré à Reims, ni d'un drapeau à fleurs de lys cachant sous ses plis le tricolore de Valmy et d'Austerlitz.
    Les monarchistes partisans d'une royauté constitutionnelle l'ont compris. Ce sont eux qui provoquent, puis confisquent, les journées révolutionnaires de juillet 1830.
    Ces idéologues – des historiens (Guizot, Thiers, Mignet) et des banquiers (Laffitte, Perier) – veulent renouer avec la « bonne Révolution », celle des années 1790-1791, quand les modérés espéraient stabiliser la situation et instaurer avec Louis XVI une monarchie constitutionnelle.
    Leur grand homme, le garant militaire de leur tentative, leur glorieux porte-drapeau, c'était La Fayette, et c'est encore lui qui, en juillet 1830, présente à la foule le « roi patriote », Louis-Philippe.
    Cette monarchie-là se drape dans le bleu-blanc-rouge.
    Si elle parvient à

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