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L'âme de la France

L'âme de la France

Titel: L'âme de la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Charles Martel...
    L'invincible, l'indomptable Charles Martel...

    La régente organise à Poissy, en septembre 1561, un colloque où des représentants de la religion catholique et de la religion réformée débattent, échangent avec vigueur des arguments en faveur de leur foi.
    Dialogue de la dernière chance – mais significatif de la singularité française – où les plus radicaux des intervenants – Théodore de Bèze pour les huguenots, le général des jésuites Lainez – empêchent que la tolérance l'emporte.
    Cependant, un édit – de Saint-Germain, le 17 janvier 1562 – reconnaît dans certaines conditions le droit pour les pasteurs de prêcher à l'extérieur des villes, qui leur demeureront closes.
    C'est un pas vers l'apaisement, vers la reconnaissance de l'autre.

    Mais les passions débordent, entraînent le peuple.
    Des protestants saccagent des églises. Des catholiques, des temples. Les uns et les autres prennent les armes, s'affrontent déjà.
    Et premier massacre à Vassy, non prémédité.
    Il a suffi, le 1 er  mars 1562, à François de Guise et à ses hommes d'entendre chanter des psaumes dans la ville – en contradiction avec l'édit de Saint-Germain – pour qu'ils tuent des dizaines de huguenots. On massacre des « religionnaires » dans plusieurs villes. En guise de riposte, les protestants s'emparent d'autres cités.
    La porte de la cruauté et de la guerre civile vient de s'ouvrir, et elle ne se refermera – jamais totalement – que trente-six années plus tard, en 1598, avec l'édit de Nantes, pacification précaire.

    Cependant, comme si dès 1562 les Français pressentaient que le pire pour le royaume était encore à venir, s'exprime alors le désarroi, la souffrance devant ce malheur qu'est la guerre entre Français.
    Réfugié à Bâle, un huguenot (Castellion) écrit dans son Traité des hérétiques  : « Supportons-nous l'un l'autre et ne condamnons incontinent la foi de personne. »
    Quant à Ronsard, dans la Continuation du Discours sur la misère de ce temps , il décrit :
    L'extrême malheur dont notre France est pleine
    ...............................................................................
    Comme une pauvre femme atteinte de la mort
    Son sceptre qui pendait et sa robe semée
    De fleurs de lis était en cent lieux entamée
    Son poil était hideux, son œil hâve et profond
    Et nulle majesté ne lui haussait le front.
    Castellion, dans son Conseil à la France désolée , insiste sur le malheur absolu qu'est la guerre civile : « Ce ne sont pas les étrangers qui te guerroient comme bien autrefois a été fait lorsque par dehors tu étais affligée, pour le moins tu avais par dedans l'amour et accord de tes enfants quelque soulagement. Aujourd'hui, ce sont tes propres enfants qui te désolent et affligent. Tes villes et villages, voire les chemins et les champs, sont couverts de corps morts, tes rivières en rougissent et l'air en est puant et infect. Bref, en toi il n'y a ni paix ni repos, ni jour ni nuit, et on n'entend que plaintes, et hélas de toutes parts sans y pouvoir trouver lieu qui soit sûr et sans frayeur et meurtre, crainte et épouvantement. »

    La France se déchire et les Français s'entretuent. L'âme de la France souffre.
    Le patriotisme et la conscience nationale éplorés ne peuvent pourtant empêcher les affrontements de se succéder – quatre « guerres » de 1562 à 1574 –, ni les camps en présence de faire appel à leurs « coreligionnaires » des pays voisins.
    Ainsi, en même temps que resurgissent, derrière les engagements religieux, les ambitions des grands féodaux, les colères sociales, on voit renaître le « parti de l'étranger ».
    Les huguenots livrent Le Havre aux Anglais, en appellent aux reîtres et aux lansquenets allemands, cependant que les catholiques se tournent vers l'Espagne de Philippe II.

    De même se profile le risque d'éclatement du royaume.
    Des « républiques théocratiques », des places de sûreté « huguenotes », se constituent.
    Les villes de La Rochelle, de Nantes, de Nîmes, de Bourges, de Montpellier, de Montauban, échappent à l'autorité royale, alors que Paris – et son parlement, dont la juridiction s'étend à une grande partie de la France, hors le sud du pays – est farouchement, fanatiquement catholique.
    On voit ainsi s'organiser une sorte de république des Provinces-Unies du Midi dont les capitales sont Nîmes et Montauban et qui dispose

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