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L'âme de la France

L'âme de la France

Titel: L'âme de la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Prière pour le Roi Henri le Grand.
    La terreur de son nom rendra nos villes fortes,
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    Et le peuple qui tremble aux frayeurs de la guerre,
    Si ce n'est pour danser n'orra plus de tambours.
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    Tu nous rendras alors nos douces destinées :
    Nous ne reverrons plus ces fâcheuses années
    Qui pour les plus heureux n'ont produit que des pleurs :
    Toute sorte de biens comblera nos familles,
    La moisson de nos champs lassera les faucilles
    Et les fruits passeront la promesse des fleurs.
    Cette mise en scène des actions du roi – la « poule au pot » ! – constitue, par son ampleur, une novation, et souligne cette exaltation du pouvoir royal qui caractérisera la monarchie française. Celle-ci est « sacrée ». Elle œuvre pour le bien du royaume.
    Manière de contenir le « soupçon » qui la menace, et de justifier la répression qui frappe ceux qui se rebellent : les grands et leurs clientèles.
    Le maréchal de Biron, qui a conspiré avec le duc de Savoie, sera décapité en 1602.
    Les duels sont interdits, la haute aristocratie est surveillée, et certains de ses membres sont emprisonnés ou contraints à la fuite (Condé et sa jeune femme, poursuivie par les assiduités du monarque, se réfugieront dans les Pays-Bas espagnols).

    Le gouvernement est resserré, quelques dynasties ministérielles – les Pomponne, les Jeannin, les Villeroy – s'affirment, tandis qu'une politique cohérente, centralisée, interventionniste dans l'économie et la finance, se met en place. Des hommes comme Sully et Barthélemy de Laffemas élaborent un « modèle français ».
    Un Olivier de Serres publie le Théâtre d'agriculture et ménage des champs . De grands travaux – routes, drainage des marais poitevins, canal de Briare, construction d'arsenaux et de galères – sont lancés.
    Les châteaux – Chambord, Fontainebleau, Saint-Germain –, l'aménagement de Paris – le Louvre, le Pont-Neuf, les places Royale et Dauphine – matérialisent cette politique.
    Paris, un temps délaissée par les Valois, qui lui avaient préféré les bords de Loire, redevient le centre d'un royaume repris en main : une capitale, « miracle du monde ».

    Ce « modèle français » est soutenu par une démographie vigoureuse. En l'espace de ces quelques années, le royaume de France redevient le plus puissant, le plus peuplé, le plus riche des royaumes de la chrétienté.
    C'est une « seconde Renaissance » qui se déploie malgré la hausse des prix, la ruine de nombreux petits propriétaires paysans étranglés par le renchérissement des fermages, le poids de l'usure.
    Sully et Barthélemy de Laffemas réussissent à stabiliser le cours de la monnaie, à reconstituer un trésor royal, et l'activité économique dans les manufactures (tapisseries, soieries, métallurgie, constructions navales) anime un « mercantilisme » : il faut « exporter » et non importer.
    Mais – c'est un autre trait de l'âme de la France – l'État centralisé joue là le rôle majeur. C'est lui qui crée, incite, oriente, contrôle.
    C'est autour de lui que tout s'organise. Dès lors, la question de ses finances est capitale.

    Il faut trouver de l'argent.
    On a abaissé la taille, mais on augmente la gabelle. Et la misère paysanne perdure. Le besoin d'argent comme l'attrait qu'exerce le pouvoir expliquent la création de l'« impôt » de la paulette (du nom du financier Paulet), qui va orienter l'évolution de la société française et peser sur l'avenir de la monarchie.
    Il s'agit de faire payer chaque année une taxe aux titulaires d'offices, qui leur assurera l'hérédité des charges qu'ils ont acquises.
    La vénalité des offices – moyen de faire rentrer de l'argent dans les caisses – est ainsi associée à l' hérédité de ces offices. Est ainsi créée une bourgeoisie d'officiers, une noblesse de robe liée au pouvoir monarchique et donc le soutenant, mais devenant une « caste » proliférante, un véritable « quart état » constitué d'officiers héréditaires.
    Ils renforcent l'absolutisme et le pouvoir de la monarchie. Ils en dépendent. Ils en sont donc solidaires, mais, d'une certaine manière, ils l'emprisonnent. Ils ossifient le pouvoir et la société. Et, au lieu d'investir dans les activités économiques, dans la production ou le commerce, ils

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