L'Anneau d'Atlantide
vêtements. J’ai eu l’impression que la couleur du pyjama dont on l’a affublé ne lui plaisait pas. Alors, si vous aviez la bonté de les faire porter à l’hôtel, il vous en serait reconnaissant…
Ironique mais paisible, la voix d’Aldo semblait agir comme un calmant sur son interlocuteur. Après avoir cherché dans le premier tiroir du bureau un revolver qu’il considéra d’abord d’un œil dubitatif, Lassalle laissa retomber sa main avec un soupir de découragement. D’où Aldo conclut sans peine qu’il avait devant lui un novice dans l’art difficile du crime. Et comme le vieil homme restait immobile, l’œil toujours fixé sur le fond du tiroir, il demanda avec douceur :
— Pourquoi avez-vous fait cela ? Je parierais mon palais contre une cabane de bambous que c’est la toute première fois que vous vous exercez au métier de gangster. C’est sans doute la raison pour laquelle je n’ai pas encore reçu d’ultimatum édictant les conditions de remise en liberté d’Adalbert. Alors pourquoi ?
Sans regarder Morosini, Lassalle se rassit devant sa table sur laquelle il posa les coudes et frotta son visage de ses mains :
— Je voulais l’Anneau !
— L’Anneau ?… Qu’est-ce qui a bien pu vous faire croire que nous le possédions ?
— Ne me prenez pas pour un imbécile ! L’histoire que vous m’avez racontée – avec talent d’ailleurs – sur la mort d’El-Kouari était passionnante mais vous en avez escamoté un passage. Les mots qu’il a prononcés en mourant étaient la conclusion logique du fait qu’il vous l’avait confié. Les assassins ne pouvaient l’avoir remis à celui qui le convoitait, sinon je me demande pourquoi on aurait pris la peine de vous assommer et de mettre vos chambres au pillage le soir de la fête du gouverneur ? Ensuite Ibrahim Bey a été assassiné et sa maison saccagée presque immédiatement après votre visite. On ne se donne pas tant de mal pour obtenir ce que l’on a déjà.
— C’est bien raisonné et, en admettant que vous soyez dans le vrai, je ne vois pas à quoi il pourrait vous servir, aussi longtemps que vous ne saurez pas où se situe la tombe ?
— Qui vous dit que je n’en aie pas une idée ?
— Rien. Si ce n’est peut-être qu’ayant Adalbert sous la main il serait plus logique de l’embaucher ? Ce n’est pas moi qui vous apprendrai sa valeur ni l’affection qu’il vous porte…
— Il ne doit en rester que des lambeaux aujourd’hui ? fit le vieil homme avec un demi-sourire amer. Et j’espérais qu’il ne saurait pas. Mais pourquoi aussi ne m’a-t-il pas fait confiance ? lâcha-t-il avec une sorte de rage. Nous aurions alors travaillé ensemble… Ou peut-être n’est-il pas trop tard ?
Le ton avait baissé et une lueur d’espoir apparaissait dans le regard qu’il glissait vers Morosini.
— Je lui fais des excuses, on oublie tout, vous me le ramenez et on se met à l’ouvrage ?
Décidément, il régnait une joyeuse inconscience dans cette curieuse confrérie des explorateurs de nécropoles ! Celui-là, en tout cas, en possédait une sacrée dose. Quoi qu’il en soit, il était temps de calmer cette poussée d’enthousiasme :
— Vous allez un peu vite ! Un : je n’ai pas mandat pour parler en son nom et j’ignore s’il est prêt à vous pardonner ! Deux : Adalbert doit rester caché. Vous oubliez les gens qui ont tué Ibrahim Bey et fouillé votre maison. Trois : il n’a pas l’Anneau en sa possession… et moi non plus ! ajouta-t-il plein de l’agréable sensation de ne pas entièrement tordre le cou à la vérité puisque c’était Plan-Crépin la détentrice.
En dépit des fautes avouées et du côté burlesque du plan échafaudé, il ne parvenait pas à rendre au vieux Lassalle la confiance que, sur la parole d’Adalbert, il lui avait si spontanément accordée. Il y avait, enfin, le flair de fin limier de Marie-Angéline qui, elle, s’était méfiée dudit Lassalle dès la première rencontre.
Mais celui-ci revenait à la charge.
— Vous avez peut-être raison ! Dites-moi au moins où il s’est réfugié ? Je vais préparer ses bagages et les lui apporterai ?
— … ce qui ne manquerait pas de le faire repérer sans tarder, et par des gens qui ne font pas de quartier. Aussi vais-je me contenter de prendre le strict nécessaire et le lui faire parvenir discrètement. Je
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