L'Anneau d'Atlantide
n’ai nulle envie que votre enlèvement « pour rire » recommence en plus brutal… Et soyez tranquille, je vous tiendrai au courant !
— Merci ! Et vous comptez prolonger votre séjour longtemps ?
La naïveté de la question lui donna envie de rire. Un de plus à brûler d’envie de lui voir tourner les talons !
— Rien ne presse ! Je respire une atmosphère de suspense ! Je suis aux aguets ! Le sens de l’intuition, si vous voulez, et nous le possédons, Adalbert et moi. Aussi ne prendrons-nous jamais la fuite la veille d’une bataille. Nous faisons équipe depuis trop d’années, lui et moi, pour que ce soit seulement imaginable. On n’y peut rien ! C’est ainsi !… À présent, je vais aller préparer une valise…
— Une minute, s’il vous plaît ! Auriez-vous une idée de l’endroit où peut se trouver l’Anneau ?
Fidèle à son vieux principe de répondre à une question par une autre, Aldo haussa les épaules :
— Et vous-même ? Qui soupçonnez-vous de la mort d’El-Kouari ?
— D’après ce que vous en avez dit, des sbires à la solde du prince Assouari, puisqu’il a eu l’audace de se rendre en personne chez vous pour vous interroger. Mais s’il avait eu l’Anneau, Ibrahim Bey serait toujours vivant…
— Possible mais pas sûr ! Il y a un fait que vous ignorez sans doute : peu de temps avant le vol chez Howard Carter, un autre a eu lieu, encore plus audacieux, puisqu’il a eu pour cadre le British Museum où l’on a dérobé une croix ansée… en orichalque. Le seul objet du musée provenant de l’Atlantide… Or, cet objet ne serait rien d’autre que la clef – ou l’une des clefs car il se pourrait qu’il en existe plusieurs – permettant d’accéder à la tombe de la Reine Inconnue. Les deux objets sont complémentaires pour pénétrer et vaincre une malédiction considérablement plus redoutable que celle protégeant la sépulture du jeune Tout-Ank-Amon…
— Comment le savez-vous ?
— Parce que l’homme chargé de l’affaire est le meilleur « nez » de Scotland Yard : le Superintendant Gordon Warren… qui est de nos amis à Adalbert et à moi !
La mise en garde était claire mais, emporté par sa passion pour la Reine Inconnue, Lassalle n’y prit pas garde :
— Assouari en serait le détenteur ?
— Si je le savais, Warren serait déjà ici ! Croyez-moi, il ne passe pas inaperçu ! Maintenant, je vous laisse tirer les conséquences.
— Qu’en concluez-vous, vous-même ?
— Moi ? Rien ! Je me contente de veiller au grain ! Vous devriez suivre mon exemple !
Et, allumant, cette fois, un large sourire, Aldo s’en alla remplir une valise dans la chambre d’Adalbert. Une surprise l’y attendait : en rassemblant nécessaire de toilette, pendulette de voyage et autres menus accessoires, il tomba sur un porte-cartes en crocodile dans lequel, au milieu des cartes de visite de son ami, il découvrit une photo de Salima en tenue de travail, la tête auréolée de son chapeau de paille et appuyée sur une bêche. Elle souriait et ce sourire, plein de confiance, était bien l’un des plus beaux qu’il lui ait été donné de voir.
Il la remit au milieu des petits vélins gravés en y ajoutant un soupir. Pauvre Adalbert !
10
L’attaque
Adalbert n’était pas chez Karim depuis quarante-huit heures qu’il regrettait sa prison flottante. Non que son hôte fût désagréable. Bien au contraire ! Il ne savait que faire pour rendre son séjour aussi plaisant que possible, s’enquérant de ce qu’il aimait manger, boire, lire, entendre en fait de musique, fumer, et lui tenant compagnie de son mieux. Seulement, il était trop bavard ! Et surtout, en dehors des digressions sur les événements extérieurs, le temps qu’il faisait, les nouvelles des journaux, et de quelques échanges sur leurs préférences littéraires respectives, il ne parlait que de Salima !
Un sujet qui, normalement, eût dû le passionner, et c’eût été le cas si le jeune homme s’était contenté de raconter ce qu’il pouvait savoir d’elle au besoin depuis l’enfance, mais il s’en tenait à l’histoire de leur amour, ce qui maintenait Adalbert dans un état second oscillant entre l’envie de pleurer et celle de l’étrangler. Il était déjà assez pénible de vivre chez son rival – inconscient sans doute, mais
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