L'Anneau d'Atlantide
son turban afin de pouvoir fourrager dans ses cheveux. Aldo se leva et vint poser une main sur son épaule avec une ferme douceur :
— Si on ne trouve pas le moyen de le neutraliser d’ici là, il faudra le satisfaire. Il n’y a pas d’autre solution…
Sans répondre et sans lever les yeux, Adalbert couvrit cette main d’une des siennes. On n’avait plus besoin de paroles… Cependant…
— Finalement, vous l’avez donc, cet Anneau ? ne put retenir Lassalle.
— Non ! gronda Aldo en lui jetant un regard furieux. Mais je sais où il est ! Vous êtes content ?
— Pas vraiment… ! Non !
Il avait crié si fort que la tête de Farid apparut dans l’entrebâillement de la porte. Il le renvoya d’un geste :
— Qu’est-ce qu’on fait en attendant ?
— Il faudrait essayer de savoir où la jeune fille est retenue prisonnière, répondit Aldo. D’où venait la communication ?
— De la ville ou des environs immédiats. Ce n’était pas l’interurbain. Vous pensiez à quoi ? À Khartoum ?
— Pourquoi pas ?
— Parce que là-bas, il y a un autre chef de la police et que notre homme doit rester dans le coin. Il doit être quelque part dans les alentours, mais où ? C’est plutôt vaste…
— Rien ne prouve d’ailleurs qu’il ait téléphoné de l’endroit où Salima est retenue. Il a pu appeler de chez un complice ? Ou encore de chez Keitoun ? commenta Adalbert avec amertume.
— De toute façon, on n’arrivera à rien si on reste ici à tourner en rond en se posant des questions auxquelles personne ne peut répondre. Merci pour le café, Monsieur Lassalle ! conclut Aldo en se dirigeant vers la porte.
— Où vas-tu ?
— Je rentre à l’hôtel. Ce soir, je téléphonerai au Caire. Il faut que j’avertisse Sargent. Et puis il me vient une idée…
Sans s’expliquer davantage, il repartit par où il était venu.
Après avoir reposé le combiné sur son support, Assouari resta un moment à le contempler, les bras croisés sur la poitrine, tentant de juguler la fureur qui l’avait envahi. Il ne regrettait aucune des paroles qu’il venait de prononcer : il tuerait sans une hésitation, sans la moindre pitié, celle qui n’avait cessé de lui opposer un dédain insultant, et un mutisme quasi absolu qui l’était plus encore.
Lorsqu’il avait reconstitué le papyrus, il s’était fait ouvrir la chambre où il la tenait captive en compagnie d’une vieille servante pour s’occuper d’elle. Une belle chambre, luxueusement meublée, où rien ne manquait de ce qui pouvait plaire à une femme. Il y avait veillé avant de l’y amener, surveillant lui-même les transformations, voulant un cadre digne de sa beauté en vue de l’instant où elle le laisserait la prendre dans ses bras…
Ce jour-là donc, il était venu à elle débordant de joie et d’espoir.
Comme d’habitude, elle était assise sur un pouf de velours bleu brodé d’or, vêtue des voiles noirs qu’elle refusait de quitter, inactive, immobile même, ses jolies mains abandonnées sur ses genoux et son regard fixé dans le vague. À son entrée, elle n’avait même pas tourné la tête. Il alla s’asseoir en face d’elle pour se trouver au moins dans son champ de vision. Alors elle ferma les yeux…
— Salima ! commença-t-il aussi doucement qu’il put. Cela ne peut pas continuer. Que tu le veuilles ou non, tu es ma fiancée ; tu seras ma femme…, la seule, et nous pourrons faire de grandes choses ensemble. C’est de cela surtout que je suis venu te parler… J’ai réussi à assembler les morceaux du papyrus que tu as trouvé dans la tombe de Sebeknefrou avec ceux de ton grand-père…
Les paupières se relevèrent et elle darda sur lui un regard glacial :
— Mon grand-père que tu as assassiné ! Et tu as le front de m’en parler ?
— Ce n’est pas moi ! Un ordre mal compris ou une vengeance privée peut-être. Je te jure que je ne le voulais pas ! Il faut me croire. J’ai essayé de savoir qui…
Pour seule réponse, elle haussa les épaules mais ses yeux clairs n’exprimèrent plus que le mépris. Il serra les poings et poursuivit :
— Il ne manque plus qu’un fragment… sans intérêt particulier, je pense. Quoi qu’il en soit, grâce à un détail, je vais connaître le lieu où repose la Reine Inconnue ! Et nous allons pouvoir la découvrir
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