L'Anneau d'Atlantide
qu’elle s’est dissoute dans l’air comme le djinn des contes arabes !
Un ange passa pendant qu’Adalbert se versait une seconde tasse de café et s’occupait personnellement de se sustenter.
— C’est bizarre quand même, souffla Aldo. Il doit bien y avoir quelqu’un qui la connaisse dans ce pays ? Toi, par exemple, à l’époque où vous travailliez ensemble ? Elle ne t’a jamais rien dit ?
— C’était évasif, elle n’aimait pas parler d’elle. Orpheline élevée par son grand-père, c’est tout ce que j’ai pu savoir… Tiens, pendant que j’y pense, on m’a donné ça pour toi à l’hôtel.
Il sortit de sa veste une élégante enveloppe bleutée qu’Aldo identifia sans peine. Shakiar décidément le poursuivait. Il décacheta et lut rapidement les quelques lignes. La princesse était désolée qu’il eût manqué la soirée prévue en son honneur et comptait le revoir prochainement. Elle ajoutait qu’elle pensait avoir trouvé une solution susceptible de les satisfaire l’un et l’autre. La lettre lue, Aldo haussa les épaules et la fourra dans une de ses poches.
— N’importe quoi ! commenta-t-il et, comme Adalbert l’interrogeait du regard, il lui raconta son entrevue avec la princesse. Les perles de Saladin ! Tu t’imagines ? Un coup à me faire coincer à la première frontière et boucler en prison à vie ! Mais parlons plutôt de toi : que comptes-tu faire maintenant ?
— Que veux-tu que je fasse ? Ma trouvaille est réduite à néant et Salima s’est dissoute dans la nature. On va aller faire un tour et je te montrerai mon Égypte à moi, puis on prendra le chemin du retour ! Jusqu’à l’année prochaine, si Dieu le veut !
— En attendant, tu pourrais peut-être m’aider à débrouiller une histoire bizarre – et sanglante ! – dont j’ai été le témoin il y a environ un mois. Et je ne parviens pas à m’ôter de l’idée que l’invitation de Shakiar n’y est pas étrangère. Elle est arrivée si peu de temps après le drame…
— Le drame ? Narre-moi cela ! fit Adalbert négligemment.
À sa manière précise et sans mots inutiles, Aldo restitua l’assassinat d’El-Kouari, comment il avait tenté de le secourir, le sachet de daim noir récupéré dans sa chaussette. Tout en parlant, il observait son ami dont l’attention visiblement flottante – Salima oblige ! – commençait à se fixer. Pour s’en assurer, il suspendit son récit au moment où il allait recueillir les dernières paroles du mourant. Aussitôt Adalbert réagit :
— Alors, qu’est-ce qu’il t’a dit ?
— Ce n’était pas facile à comprendre parce qu’il n’avait plus qu’un souffle et j’avoue que j’ai cru un instant qu’il délirait, mais quand il a mentionné Assouan… et aussi une Reine Inconnue… Qu’est-ce qu’il te prend ?
Adalbert s’était dressé tel un diable de sa boîte et son regard avait doublé de volume sous le choc de l’émotion :
— Répète un peu ce que tu viens de dire !
— Assouan… une Reine Inconnue ? Après j’ai découvert que l’Anneau pouvait être atlante. Cela rappelait tellement le bouquin de Pierre Benoit que j’ai…
— Rien du tout ! Tu n’as pas idée de ce que représentent ces trois mots. Il a ajouté autre chose ?
— Deux autres mots : Sanctuaire et Ibrahim…
— Et qu’est-ce qu’il y avait dans le sachet ?
— Un Anneau d’orichalque – d’après Guy Buteau ! – incrusté de figures géométriques en turquoises.
Cette fois, Adalbert était bouleversé :
— Nom de Dieu ! Et qu’en as-tu fait ?
— Je l’ai gardé, évidemment, puisque ce malheureux me l’avait donné.
— Et où est-il ?
— Dans l’une de mes chaussettes. J’emploie le même système que ce pauvre type… Mais qu’as-tu ? Tu deviens fou, ma parole !
Adalbert, en effet, se penchait et l’empoignait aux deux bras pour l’obliger à se lever :
— Allez, rapplique ! Tu vas me montrer ça là-haut et dare-dare !
Il semblait en proie à un délire sacré qui décuplait ses forces au point qu’Aldo avait l’impression de ne plus rien peser entre ses mains.
Le grand hall fut traversé à la vitesse de l’éclair, l’ascenseur pris d’assaut et, quelques secondes plus tard, Aldo se retrouvait assis sur le lit d’Adalbert en train de se déchausser sous son œil devenu
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