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L'Anneau d'Atlantide

L'Anneau d'Atlantide

Titel: L'Anneau d'Atlantide Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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pour le devenir encore davantage ! Et malhonnête, avec ça ! Je me souviens qu’elle avait convoqué un joaillier anglais pour lui confier un certain nombre de pierres non montées – émeraudes et diamants ! Avant qu’il n’ait repris le bateau, elle a porté plainte contre lui pour l’avoir volée ! Il a été arrêté et ça a été un chahut du diable pour le faire relâcher. Lord Allenby, qui « représentait » alors l’Angleterre, a même dû lui présenter des excuses. Et elle a obtenu des dommages et intérêts !
    Aldo sentit un frisson désagréable parcourir son échine. S’il n’avait refusé aussi fermement les fameuses perles, il aurait subi le même sort, sans le moindre doute. D’ailleurs, qui pouvait dire s’il était vraiment hors d’atteinte ?
    — Je me demande si je ne vais pas avoir moi aussi des problèmes ? Sur le bateau, quelqu’un m’a appris qu’elle prétendait qu’on venait de lui dérober les perles en question…
    Il y eut un silence que Lassalle rompit après avoir allumé un cigare :
    — Vous devriez passer vos bagages au crible. Shakiar est capable de tout !
    — C’est fait. Et franchement, je ne vois pas comment on pourrait les y glisser. Je n’ai pratiquement pas quitté mes valises des yeux depuis mon départ du Caire.
    — Méfiez-vous quand même : vous allez la revoir. Elle est invitée à la fête du gouverneur. Vous disiez il y a un instant que vous aviez vu le « frère » de ce malheureux chez elle ?
    — Je n’ai fait que l’apercevoir depuis le jardin, mais il s’y comportait en propriétaire !
    — Intéressant ! Eh bien, mes amis, je vais faire en sorte qu’Ibrahim Bey vous reçoive sans tarder. Lui seul, je pense, peut vous renseigner sur cet homme. Au fait, Adalbert, tu ne m’as pas encore parlé de tes dernières fouilles. Qu’as-tu trouvé ?
    — Rien. J’avais d’immenses espoirs parce que j’avais découvert… ou cru découvrir la tombe de la Reine…
    De nouveau, Aldo s’évada : il connaissait l’histoire. En revanche, ce qu’il venait d’apprendre ne le comblait pas de joie. Shakiar à Assouan, ce n’était pas pour lui la meilleure des nouvelles. Surtout si elle clamait à la cantonade cette fable de perles volées qu’elle avait sûrement l’intention de lui mettre sur le dos. Il se demanda même si la sagesse ne serait pas d’attraper le premier train en direction de Port-Saïd ou d’Alexandrie et de rentrer chez lui, mais c’était une réaction infantile : son départ serait assimilé à une fuite et il aurait tous les ennuis imaginables à domicile. Et puis il restait cet appel sournois de l’aventure auquel il était incapable de résister.
    Quand le silence reprit possession de la terrasse, il se surprit à s’entendre demander où descendait la princesse lorsqu’elle venait à Assouan.
    — Elle y possède une villa, je suppose ?
    — Sa famille en a une, mais elle lui préfère le Cataract où il est fort rare qu’elle ne trouve pas un pigeon à plumer. Principalement quand il y a une fête chez Mahmud Pacha. On se dispute ses invitations.
    — À ce point ?
    — Ce n’est pas une lumière et il n’aime dans la vie que le poker et les femmes, mais il sait recevoir. Vous verrez !
    — Mais nous ne sommes pas invités ?
    — Moi, si, et il suffira que je fasse porter vos noms au palais… En attendant, je vais envoyer un mot à Ibrahim Bey…
     
    Le mot fut efficace. Le lendemain, la réponse arrivait : le prince Morosini et M. Vidal-Pellicorne étaient attendus vers cinq heures du soir.
    À l’heure dite, la voiture de Lassalle les menait à leur rendez-vous. On quitta Assouan et, soudain, Morosini eut l’impression de changer de siècle. Perché au-dessus des bouillonnements du fleuve au sommet d’une éminence, où ne poussaient que de rares buissons, une image du temps passé s’offrit à lui : un château de la couleur du désert avait surgi, ressuscitant, en plus réduit, les forteresses dont les croisés avaient émaillé la Terre sainte : murs sévères et sans ouvertures, resserrés autour d’une tour maîtresse, au sommet de laquelle flottait une bannière vert et or. Seuls à ce qu’on appelait le château du Fleuve manquaient les douves et le pont-levis. Une porte mauresque armée de clous et de pentures de fer donnait accès à l’intérieur. Elle

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