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L'Anneau d'Atlantide

L'Anneau d'Atlantide

Titel: L'Anneau d'Atlantide Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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était ouverte et un domestique veillait à l’entrée, guettant sans doute l’arrivée des visiteurs qui durent descendre sous le porche, avant d’accéder à un jardin intérieur pavé de dalles blanches et noires, qui ressemblait à l’herbarium d’un monastère : on n’y voyait guère que des plantes médicinales. Une galerie à colonnettes le délimitait, semblable à un cloître. Au seuil de la maison proprement dite, gardé par deux lions de pierre, un autre serviteur en galabieh bleu sombre prit les visiteurs en charge pour les guider à travers deux salles austères meublées de coffres, de tables basses et de divans, avec pour seul ornement de très belles lampes de mosquée en verre rouge gravé d’or. À l’exception du bruit des pas dans la salle, le silence était total. Enfin une porte de cèdre ouvragée s’ouvrit, tandis que le serviteur s’inclinait en livrant le passage : ils étaient dans une vaste bibliothèque presque aussi encombrée que celle d’Henri Lassalle. Assis jusqu’alors derrière une table de travail faite d’un large panneau sur pieds de fer forgé, Ibrahim Bey se leva pour venir à leur rencontre.
    Grand et maigre, osseux même, il parut immense à Aldo sous le turban qui le grandissait encore. Son visage présentait des traits profondément sculptés, un nez aquilin, une bouche mince et des yeux réfugiés sous des orbites abritées d’épais sourcils. Il ne souriait pas – à voir sa gravité, on pouvait même se demander si cela lui arrivait ! –, mais son expression était sereine et sa voix rauque et douce à la fois possédait un charme indéniable quand il accueillit les deux hommes :
    — Point n’était besoin de recommandation de M. Lassalle, dit-il en désignant l’un des divans placés sous l’unique fenêtre, une ogive de pierre découpant le paysage du fleuve. Je me souviens fort bien de vous, Monsieur Vidal-Pellicorne…
    — Je n’osais l’espérer, Excellence !
    — Ce n’est pas bon d’être trop modeste. Nous avions eu un entretien trop intéressant pour que je l’oublie. Quant à vous, prince, c’est avec plaisir que je vous reçois puisque vous êtes son ami…
    Aldo s’inclina légèrement :
    — Je vous remercie, Excellence… et d’autant plus que je crains d’être porteur d’une mauvaise nouvelle concernant l’un de vos serviteurs.
    — Bonnes ou mauvaises, elles sont le tissu de notre vie, mais prenez place, je vous en prie !
    En même temps, il frappait dans ses mains pour faire apparaître le rituel plateau à café.
    — Un serviteur, dites-vous ? s’étonna-t-il après que le porteur de plateau se fut retiré. Aucun ne manque à cette maison pour le moment présent. Où l’avez-vous rencontré ?
    — À Venise, où j’habite.
    — Mon ami Morosini… commença Adalbert, mais son hôte l’interrompit du geste :
    — Cette lettre de M. Lassalle m’apprend ce que je dois savoir ! En revanche, j’aimerais connaître le nom du serviteur en question ?
    — Il s’appelait Gamal El-Kouari.
    — Et que lui est-il arrivé ?
    — Il a été assassiné à deux pas de chez moi, la nuit, dans une rue de Venise. Je devrais dire assassiné et dépouillé, car ses agresseurs ne lui avaient laissé que ses sous-vêtements.
    Les épais sourcils blancs se relevèrent cependant qu’Ibrahim Bey détournait les yeux, peut-être pour cacher une émotion :
    — Assassiné ! Pauvre Gamal ! Pauvre tête folle !
    — Donc, vous le connaissiez ? avança Adalbert qui, en bon conférencier, n’aimait pas les rôles de potiche.
    — En effet, mais ce n’était pas mon serviteur. Du moins au sens propre du terme. Il m’était un peu cousin. Passionné par l’histoire non seulement ancienne mais antique comme je le suis personnellement, et ne sachant que faire d’une vie moderne qui lui semblait banale, il m’avait rejoint dans mes recherches et, de cette façon, on peut dire, effectivement, qu’il s’était mis à mon service. Cependant, nous différions dans notre conception de… d’enrichir cette histoire. Ainsi, il était obsédé par la quantité de ces témoins de notre antique civilisation qui s’en allaient au-delà des mers accroître les collections du British Museum – et du musée du Louvre, ajouta-t-il en adressant l’ombre d’un sourire à Adalbert. Cette pensée le mettait hors de lui. Il

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