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L'arc de triomphe

L'arc de triomphe

Titel: L'arc de triomphe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: E.M. Remarque
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phares. Dans le rétroviseur, Ravic vit la main gauche de Haake s’éloigner lentement, imperceptiblement de la porte. Il prit un tournant, se retint au volant de toutes ses forces. Sur la route droite, il prit de la vitesse, et quelques secondes plus tard, brusquement, il appuya de tout son poids sur le frein.
    La Talbot se cabra. Les freins crièrent. Du pied, Ravic pressait sur le frein. De l’autre, il s’appuyait au plancher de la voiture pour garder son équilibre. Haake qui ne s’attendait pas au choc fut projeté en avant. Il ne put retirer à temps sa main de sa poche et il vint s’écraser le front sur le bord du panneau. Au même instant, Ravic le frappa à l’arrière du cou, juste sous la nuque, avec la lourde clef anglaise qu’il venait de prendre dans la poche de droite de la voiture.
    Haake ne se releva pas. Il était tombé lourdement de côté. Son épaule droite, fortement appuyée contre le panneau, le retenait de glisser jusqu’à terre.
    Ravic poursuivit sa route. Il traversa l’avenue et baissa ses phares. Il attendit, pour voir si quelqu’un avait par hasard entendu le bruit des freins. Il se demanda s’il valait mieux sortir Haake de la voiture et le cacher derrière une haie, au cas où quelqu’un viendrait. Il s’arrêta enfin près d’un carrefour, éteignit les phares et le moteur. Il ouvrit la portière, sauta sur la route et souleva le capot. Puis il écouta. Si quelqu’un venait il pourrait le voir et l’entendre de loin. Il aurait le temps de traîner le cadavre de Haake derrière un buisson et de faire comme s’il avait une panne de moteur.
    Le silence était vivant. Il était si soudain et si inattendu que Ravic avait le sentiment de l’entendre. Il serra les poings à se faire mal. Il savait que c’était son sang qui lui bourdonnait aux oreilles. Il respira lentement et profondément.
    Le bourdonnement devint un rugissement. À travers ce rugissement, il perçut un son aigu qui augmentait d’intensité. Ravic écouta de toutes ses forces. Le son devint fort, métallique… Et soudain, il comprit que c’étaient des cricris qu’il entendait et que le rugissement avait cessé. Il n’y avait plus, dans l’aube qui naissait, que le concert des cricris, sur une étroite bande de pelouse.
    Ravic referma le capot. Il n’était que temps, il fallait en finir avant qu’il ne fît jour. Il regarda autour de lui. L’endroit n’était pas-propice. Ce coin du Bois était mal choisi. Il faisait trop clair le long de la Seine. Ravic n’avait pas escompté qu’il serait si tard. Il se retourna brusquement. Il avait entendu un grattement, accompagné d’une plainte. Une des mains de Haake pendait hors de la porte ouverte, et tâtonnait autour du marchepied. Ravic s’aperçut qu’il tenait encore à la main la clé anglaise. Il saisit Haake au collet, le souleva pour bien dégager la tête, et de toutes ses forces, il le frappa deux fois. La plainte cessa.
    Un bruit sec. Ravic s’immobilisa. Puis il vit que c’était un revolver qui était tombé du siège sur le marchepied. Haake l’avait probablement tenu dans sa main au moment où Ravic avait appuyé sur le frein. Ravic le lança dans la voiture.
    Il écouta de nouveau. Les cricris. La pelouse. Le ciel qui pâlissait et qui semblait reculer. Bientôt le soleil allait se lever. Ravic ouvrit la porte, tira Haake de la voiture, abaissa le siège avant, et tenta de coucher le corps de son ennemi sur le plancher entre deux sièges. Il n’y avait pas assez de place. Il fit le tour de la voiture, et ouvrit le coffre aux bagages. Il le vida en une seconde. Il tira de nouveau Haake hors de la voiture et le traîna jusqu’à l’arrière. Haake n’était pas mort encore. Il était très lourd. La sueur coulait sur le visage de Ravic. Il parvint à entasser le corps dans la malle, où il ressemblait à un embryon géant, les genoux repliés jusque sous le menton.
    Ravic ramassa les outils, une pelle et un cric, et les déposa à l’avant de la voiture. Un oiseau se mit à chanter, dans un arbre tout près de lui. Il sursauta. Le soleil allait bientôt paraître.
    Il ne pouvait pas se permettre le moindre risque. Il retourna en arrière, et souleva à demi le couvercle de la malle. Il posa son pied gauche sur le garde-boue, et maintint le couvercle dans cette position avec son genou, tout juste assez pour pouvoir y passer les mains. Si quelqu’un venait, il aurait l’air de se livrer à une besogne parfaitement

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