L'archipel des hérétiques
de
rescapés pendant plusieurs mois. Ils pouvaient se nourrir en ramassant les
coquillages et les crustacés au pied des falaises, et, à supposer qu'ils aient
réussi à sauver quelques armes à feu, ils pouvaient aussi chasser les
kangourous. Ils durent donc rester à proximité du site de l'épave, en attendant
d'éventuels secours, envoyés de Java, où leur absence avait dû être remarquée.
Mais vers septembre ou octobre, à la fin de la saison des pluies, les rescapés
durent s'enfoncer à l'intérieur des terres pour trouver de l'eau. Les seuls
points d'eau à des kilomètres à la ronde étaient les retenues créées par les
aborigènes - des cuvettes naturelles, creusées et entretenues par les membres
d'une tribu Malgana des environs qui s'en servaient pour recueillir l'eau
pendant la saison des pluies. Les aborigènes les recouvraient de pierres pour
les protéger des animaux et atténuer l'évaporation.
Les hommes du Zuytdorp n'auraient pu localiser ces
citernes naturelles sans l'aide des aborigènes et l'on a de bonnes raisons de
penser que ce fut effectivement le cas. Les Malganas durent avoir vent du
naufrage. L'événement avait fait si grosse impression dans la tribu que cent
vingt ans plus tard, lorsque des colons britanniques débarquèrent dans la
région, les autochtones en parlaient encore comme d'un fait tout récent. La
tradition locale laisse entendre que les rescapés s'installèrent le long des
falaises, s'abritant dans deux grandes « maisons » et trois petites, faites de
bois et de toile. Ils échangèrent des vivres contre des lances et des
boucliers. Playford, Carpet of Silver, pp. 68-77, 78-82, 115, 200-204; The ANCODS Colloquium, p. 49 ; Fiona Weaver, Report of the Excavation of
Previously Undisturbed Land Sites Associated with the VOC Ship Zuytdorp, Wrecked 1712, Zuytdorp Clijfs, Western Australia (Fremantle :
Western Australian Maritime Muséum, 1994) ; Mike McCarthy, « Zuytdorp far from home », Bulletin of the Australian Instituteur Maritime Archaeology 22 (1998), p. 52. C'est par ailleurs le Zuytdorp qui perdit une grande
partie de son équipage dans le golfe de Guinée lors de son voyage de retour
(voir chapitre 3).
18. La boite à tabac : Playford, op. cit., pp. 214-215 ; McCarthy, op. cit., p. 53. On a émis l'hypothèse que le
couvercle ait été trouvé bien plus récemment sur le site du Zuytdorp par
un valet de ferme indigène qui l'aurait ensuite apporté à Wale ; le mystère
reste entier.
19. «le troisième et dernier retourschip...» :
Deux autres retourschepen, le Fortuyn (1724) et YAagtekerke (1726) (le premier d'Amsterdam et le second dépendant de la Chambre de
Zélande), qui avaient tous deux appareillé pour leur voyage inaugural,
disparurent entre Batavia et Le Cap juste avant le naufrage du Zeewijk. Il ne serait pas impossible que des naufragés aient pu gagner la côte
australienne. C. Halls, « The loss of the Dutch East indiaman Aagtekerke »,
The Annual Dog Watch 23 (1966), pp. 101-107 ; Graeme Henderson, « The
mvsterious fate of the Dutch East indiaman Aagtekerke », Westerly, juin
1978, pp. 71-78 ; Playford, Carpet o/Silver, pp. 28-29.
20. Le Zeewijk et ses rescapés : Hugh
Edwards, The Wreck on the Half-Moon Reef( New York : Charles Scribner's
Sons, 1970).
21. «... gagner la Chine à pied en quelques
semaines, depuis New South Wales... » : David Levell, « China syndrome », Fortean Times 123 (juin 1999), pp. 28-31. Ces prisonniers évaluèrent cette
distance à environ deux cent quarante kilomètres - la distance réelle entre
Sydney et Pékin étant d'environ neuf mille kilomètres. La première tentative
connue date de novembre 1791 ; elle fut le fait d'une vingtaine d'hommes,
accompagnés d'une femme enceinte. La dernière eut lieu vers 1827.
22. Traces de survie : Gerritsen, op. cit., pp. 70-81 ; Playford, op. cit., pp. 217-232. Les souvenirs de Gregory ne
sont peut-être pas totalement fiables, puisqu'il ne les a fixés par écrit qu'en
1885. Un certain nombre d'autres arguments proposés par Gerritsen, comme la
présence de mots empruntés au néerlandais dans les langues aborigènes, ont fait
l'objet de nombreuses réserves de la part des spécialistes.
Malheureusement pour les aborigènes de la côte ouest, ils
moururent pour la plupart peu après l'arrivée des premiers Européens, qui
débarquèrent avec leurs armes à feu, leurs maladies et leurs techniques
agricoles modernes. Les témoignages tels que ceux de Daisy
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