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Le Baiser de Judas

Le Baiser de Judas

Titel: Le Baiser de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hubert Prolongeau
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le
lança. Le poignard s’enfonça dans la gorge du Romain qui tituba soudain, avec
un air de stupéfaction intense.
    Judas reprit son cheval. Quelques stades plus
loin, il s’arrêta. Le dernier soldat ne l’avait pas suivi. Il fit glisser à
terre le corps d’Éphraïm et s’aperçut qu’il était trop tard. Il regardait le
cadavre, effondré : jamais encore il n’avait connu pareil échec.
    Il remonta en selle, ajustant sur la bête son
macabre fardeau. Il avait soif, mal au cœur, et se sentait faible.
    Les grottes se dessinèrent devant lui deux
heures plus tard. Il s’arrêta, prit son ami mort dans ses bras et s’avança vers
la falaise. Alors il se souvint qu’avant de mourir le Romain l’avait appelé par
son nom.
    Le visage défait, il
fit un récit détaillé à Barabbas. Le chef encaissa le coup avec courage.
    « Quelqu’un a parlé. Quelqu’un a désobéi.
Parmi nous ou parmi les villageois. »
    Il haussa le ton.
    « Comment cela a-t-il pu arriver ?
    — Je ne sais pas. Soit effectivement ils
ont été prévenus soit ils ont décidé, un peu au hasard, de piéger quelques
transports d’argent, et ils sont tombé sur nous.
    — Mais n’avez-vous pas pu vous défendre ?
    — J’étais avec des débutants. Tu essaies
de nous imposer les nouveaux alors qu’ils ne sont pas formés pour cela. Cela
devait un jour ou l’autre mal tourner.
    — Ne me parle pas sur ce ton. »
    Judas baissa la voix, sans pour autant s’excuser.
    « Tu es bien sûr que le Romain a dit ton
nom ?
    — Je ne l’aurais pas rêvé.
    — C’est donc toi qu’ils cherchaient. Quelqu’un
t’a donné.
    — Mais qui ? Personne n’a été arrêté
récemment.
    — Personne qui te connaisse directement. Mais
plus loin. Un ami, un sympathisant, quelqu’un qui a entendu parler de toi… Tes
exploits t’ont dépassé : tu es l’un des plus connus de nos tueurs. Ton nom
circule parmi les jeunes. Ne mésestime pas nos ennemis. Ils t’ont vu ?
    — Bien sûr. Je n’étais pas masqué, et il
reste deux survivants, plus le collecteur.
    — Donc ils ont ton signalement.
    — Ils l’avaient sans doute déjà.
    — Et ils vont multiplier les recherches. C’est
ton premier gros échec : ces chiens vont se déchaîner contre toi.
    — Que veux-tu que je fasse ?
    — Je ne sais pas encore. Depuis un moment
que je pensais à… à limiter tes sorties. Tu prends de plus en plus de risques. Tu
vas finir par nous mettre tous en danger. Je ne te reproche rien, le travail
que tu as fait est admirable. Mais…
    — Mais il faut ranger le vieux matériel…
    — Ne sois pas bêtement amer : je n’ai
rien décidé, et tu sais l’estime dans laquelle je te tiens. Laisse-moi deux ou
trois jours, et en attendant reste caché. »
    Judas tourna en rond pendant les deux jours suivants.
Il allait régulièrement s’entretenir avec Nathanaël de ce que pourrait décider
Barabbas, sans que son ami puisse le réconforter. Le bruit avait couru dans les
grottes qu’il était identifié, et une espèce de barrière s’était installée
entre lui et les autres. Enfin Barabbas le fit venir. Dès qu’il vit son air
grave, Judas comprit.
    « Je dois partir ?
    — Pas forcément. Mais tu ne peux plus
sortir et te lancer dans des opérations qui risqueraient de mettre en jeu la
sécurité de tous. »
    Judas sentit les larmes lui monter aux yeux.
    « Tu me chasses ?
    — Mais non. Je t’éloigne provisoirement. Tu
reviendras parmi nous. Crois-tu que je pourrais me passer de toi ? »
    Il s’était approché et, tendrement, lui glissa
la main dans les cheveux.
    « Mais je ne peux malheureusement pas te
laisser le choix. Tu dois obéir. Soit tu restes ici avec nous, dans les grottes,
mais caché, et je pense que cela deviendra vite intenable, soit tu pars chez un
de mes amis. Il habite dans les faubourgs de Jérusalem. Là, tu pourras nous être
utile. Nous avons de plus en plus de contacts en ville, et avoir quelqu’un de
ta trempe sur place sera forcément bien.
    — Flatte-moi pour mieux me convaincre.
    — Ne sois pas stupide. Tu sais que je
ferais tout pour te garder. Mais c’est la seule solution raisonnable. Nous n’avons
pas encore besoin de martyrs. »
    Tergiverser ne servait à rien et Judas prit
tout de suite sa décision. Deux jours plus tard, il partait pour Jérusalem, sans
savoir combien de temps durerait son absence. Il fit ses adieux à Nathanaël, embrassa
quelques membres de son groupe

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