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Le Bal Des Maudits - T 2

Le Bal Des Maudits - T 2

Titel: Le Bal Des Maudits - T 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Irwin Shaw
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et les abords immédiats, mais qu’il pourrait également surveiller, au-delà de la première colline, le chemin par lequel ils étaient arrivés eux-mêmes. Il apercevrait les Américains très longtemps avant qu’ils parviennent à la colline, qu’il leur faudrait contourner pour se diriger enfin vers le pont.
    Il hocha lentement la tête, tandis que le plan achevait de se parfaire dans son esprit, comme s’il y avait été apporté par quelqu’un d’autre et que lui-même n’ait plus qu’à l’approuver ou le rejeter. Il retraversa rapidement la passerelle et se dirigea vers le sergent des pionniers, qui le regardait aller et venir d’un œil inquisiteur.
    –  Avez-vous l’intention de passer l’hiver ici ? s’informa le sergent des pionniers.
    –  Le pont est-il déjà miné ? demanda Christian.
    –  Tout est prêt, dit le pionnier. Une minute après votre départ, nous allumerons le cordeau. Je ne sais pas ce que vous êtes en train de combiner, sergent, mais j’aime mieux vous dire que toutes vos allées et venues me tapent sur les nerfs. Les Américains peuvent arriver d’une minute à l’autre, et…
    –  Avez-vous un cordeau assez long ? demanda Christian. Un cordeau qui mettrait, disons, un quart d’heure pour brûler ?
    –  J’en ai, admit le pionnier, mais les charges ne sont garnies que de cordeaux d’une minute. Juste assez pour que l’homme qui les allumera puisse prendre le large…
    –  Ôtez-le, ordonna Christian, et remplacez-le par un cordeau d’un quart d’heure.
    –  Dites donc, s’exclama le pionnier, votre boulot est d’enlever ces épouvantails à moineaux d’ici. Mon boulot est de faire sauter le pont. Je ne vous dirai pas ce que vous devez faire de votre peloton, vous n’avez pas à me dire ce que je dois faire de mon pont.
    Christian baissa les yeux vers le sergent. Il était petit et, miraculeusement, plutôt gras. Ce devait être un de ces hommes gras dont la graisse ne provenait pas d’une bonne nourriture, mais d’une mauvaise digestion. Il parlait d’un ton sec et supérieur.
    –  J’aurais besoin, enfin, d’une dizaine de ces mines empilées sur le bord de la route.
    –  Je dois mettre ces mines sur la route, de l’autre côté du pont, dit le pionnier.
    –  Les Américains vont arriver avec leurs détecteurs, et les déterrer une par une, dit Christian.
    –  Ce ne sont pas mes affaires, répliqua le pionnier.
    On m’a dit de les mettre ici, et je les mettrai ici.
    –  Je vais rester avec mon peloton, dit Christian, pour veiller à ce que vous n’en mettiez aucune sur le chemin.
    –  Écoutez, sergent, dit le pionnier, d’une voix tremblante d’excitation, ce n’est pas le moment d’entamer une discussion. Des Américains…
    –  Ramassez ces mines, dit Christian à l’escouade de pionniers, et suivez-moi.
    –  Eh, protesta le sergent d’une voix aiguë, c’est moi qui donne des ordres à cette escouade, et pas vous.
    –  Alors, donnez-leur l’ordre de ramasser ces mines et de me suivre, dit froidement Christian, en s’efforçant d’imiter la froide autorité du lieutenant Hardenburg. J’attends !
    Le sergent des pionniers haletait de colère et de crainte, et il avait contracté la manie du caporal de regarder à chaque instant vers le tournant de la route, pour voir si les Américains n’étaient pas encore là.
    –  Très bien, très bien, dit-il. Qu’est-ce que vous voulez que ça me fasse, après tout. Combien de mines voulez-vous ?
    –  Dix, dit Christian.
    –  L’ennui, dans cette armée, grogna le pionnier, c’est qu’elle contient beaucoup trop de gens qui s’imaginent pouvoir gagner la guerre à eux tout seuls.
    Mais il ordonna à ses hommes de ramasser les mines, et Christian les conduisit dans le ravin et leur montra où il désirait qu’elles fussent enterrées. Il leur fit soigneusement recouvrir les trous avec des broussailles, et ils transportèrent, dans leurs casques, le sable qu’ils avaient creusé.
    Alors même qu’il présidait à ces diverses opérations, il remarqua, du coin de l’œil, que le sergent des pionniers attachait un long cordon à la petite charge de dynamite disposée sous l’arche du pont.
    –  Voilà, dit tristement le sergent lorsque Chris tian remonta sur la route, le cordeau est en place. Je ne sais pas ce que vous avez l’intention de faire, mais j’ai fait ce que vous m’aviez dit. Dois-je l’allumer maintenant ?
    –  Non, dit

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