Le Brasier de Justice

pas… mes morts injustes. Vous souhaitez mon intervention dans cette affaire et dans celle d’Évangeline Caquet et de Muriette Lafoi. Vos morts. Souffrez que je m’occupe aussi des miens.
    Le sous-bailli soupira d’exaspération.
    — Bien, vous ne céderez pas. Quels rapports ? Quels procès tenus en notre bonne ville de Mortagne-au-Perche vous intéressent-ils ? Si je les confie à votre discrète lecture, m’aiderez-vous ?
    — Oui-da, si vous vous engagez à me les fournir le moment venu, lorsqu’une vieille affaire m’empoisonnera le dormir et exigera que je la tire au clair. Plus tard. Mon bonheur présent me satisfait pour l’instant : Marie de Salvin a obtenu justice. En ce qui concerne votre urgence, si je découvre preuve incontestable que Garin Lafoi a occis sa première épouse et fait accuser la simple, je lui fais rendre sa vile âme à votre sentence. J’accepte de me rendre en Nogent-le-Rotrou afin d’aider Guy de Trais dans son enquête au sujet de ces meurtres d’enfants. Donnant-donnant !

    Le sous-bailli se leva et salua d’une rapide inclinaison de tête.
    — Euh… Maître de Haute Justice… Vous l’aurez compris, le bailli de Nogent-le-Rotrou se trouve en délicatesse 38 . Afin de l’épargner au mieux, il serait… souhaitable que votre renfort soit aussi… contenu que faire se peut. Ainsi, je ne lui ai jamais parlé de vous, l’idée venant tout juste de germer dans mon esprit.
    — Ah… me voici donc transformé en enquêteur tenace mais invisible ?
    — De grâce. À vous revoir, cadet-Venelle. Sous peu.
    1 - Torture.

    2 - Particulièrement monstrueuse, cette torture fut utilisée jusqu’en 1780. On plaçait des planches autour des jambes ou des pieds qu’on liait fermement. On enfonçait ensuite des coins à coups de marteau.

    3 - Copiste, greffier.

    4 - Il s’agissait d’une « mesure de clémence ». Le juge y indiquait à l’exécuteur qu’il pouvait achever le condamné après un certain nombre d’heures de torture, ou l’étrangler, le poignarder discrètement avant d’allumer le bûcher par exemple.

    5 - Un baron avait droit à un gibet à quatre piliers, un comte à six piliers. Le gibet du roi pouvait compter autant de piliers que souhaité.

    6 - Le Moyen Âge était une époque relativement propre, contrairement à d’autres époques plus récentes. On s’y lavait, et on fréquentait les étuves, ou bains publics, parfois mixtes, qui fleurissaient dans les villes.

    7 - Bien que pudique, le Moyen Âge n’était pas prude. La nudité, lors des ablutions par exemple, ne choquait pas.

    8 - Chouette effraie.

    9 - Ou arbre aux sorcières, Juniperus oxycedrus . Il était réputé chasser les sorcières et les mauvais esprits, mais également utilisé contre les insectes et les mauvaises odeurs.

    10 - Armoire.

    11 - A donné au XVII e siècle « tout de go ». L’origine exacte de l’expression est incertaine. L’expression, plus ancienne, « tout de gobe », dériverait du verbe « gober », dans le sens d’une action très rapide, ou alors du latin gaudium (joie), dans le sens de « sans chichi, sans hésitation ».

    12 - La déclaration est tout à fait crédible à cette époque. Torturer, tuer sous ordre n’avait rien d’un crime.

    13 - Abréviation de « très bas lignage ».

    14 - Les supplices n’étaient pas les mêmes, et relativement moins effroyables dans le cas des femmes.

    15 - Officier qui brisait les pains de sel après que le mesureur en eut précisé le poids. Le briseur pouvait aussi intervenir dans les ports.

    16 - Domestique à qui l’on confiait les tâches les plus pénibles et les plus sales.

    17 - Battre à coups de fouet ou de bâton.

    18 - Ne rien comprendre. L’expression vient à l’origine de « ne boire goutte » et s’est généralisée.

    19 - Charcutier.

    20 - Intermédiaire qui vendait les vivres.

    21 - Héritiers.

    22 - Le terme était à l’époque un peu péjoratif, puisqu’il avait désigné le singe.

    23 - Le terme, dérivé de « coucou », est très ancien. On le trouve déjà dans Boccace (1313-1375).

    24 - Suicidés. Le suicidé n’était pas une victime mais un meurtrier de lui-même qui avait rejeté l’idée de miséricorde divine. À ce titre, il était excommunié et enterré en terre non consacrée et ses biens le plus généralement saisis, laissant sa famille dans la misère.

    25 - À l’époque : en général, mais pas exclusivement, de