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Le Brasier de Justice

Le Brasier de Justice

Titel: Le Brasier de Justice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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témoignage ? Que pouvez-vous me dire au sujet d’Éloi Talon, l’ancien soldat devenu homme de peine puis saucissier ? Il a affirmé quant à lui qu’il accompagnait son maître lors de sa visite des terres et ne l’avait point quitté de la journée. Disait-il vrai ?
    — Écoutez… Euh… j’ai sans doute un peu menti, contre argent. Mais Évangeline a trucidé la maîtresse, j’en démordrai pas. Et j’ai été rudement puni pour mon mensonge… Ma femme est morte en couches…
    — Ce serait donc plutôt elle qui aurait payé pour votre faute ? Quant à vous, je vous vois belle forme, avantageuse bedaine, et le gosier bien rincé. Bah, vous reprendrez vite épouse qui saura vous consoler, ironisa Hardouin. Faites vite avant que votre Blandine ne trucide votre enfançon. À moins que, selon vous, lui aussi soit un remboursement pour vos dettes d’âme ? Reprenez-vous, l’homme, il n’est que temps.
    — J’suis pas coupable de rien, sauf d’une p’tite menterie qu’a rien changé. D’accord, Évangeline m’a pas emprunté la hachette, mais pour sûr qu’elle est venue la subtiliser quand que je r’gardais pas ! Je le jure, c’est ma hachette qu’on a r’trouvée dans la sauge, couverte de sang séché !
    — Éloi Talon ? insista l’exécuteur. Est-il lui aussi coupable d’une altération de la vérité ?
    — J’le r’nifle pas de c’bois. L’est très pieux… Y se s’rait jamais parjuré en touchant les Évangiles d’sa main. D’un aut’ côté, il a pu être trompé par not’maît’.
    — Comment cela ?
    — Ben… Les terres Lafoi sont ben vastes. J’ai r’pensé à ça souvent. L’inspection va plus vite si chacun part d’son côté. Et on s’rejoint en un point. Mais Éloi aurait pas pensé à mal, d’autant qu’il avait pas inventé l’eau tiède. Bon… c’t’ une supposition. J’en sais foutre rin. En tout cas, il aurait pas menti sciemment, ça, j’en suis certain.

    Le fermier confirmait par là les dires d’Adèle Baubette. Pourtant, Hardouin cadet-Venelle était certain qu’il retenait quelque chose.
    — Fortin… Je sais lire les âmes, j’en ai tant vu en tourments. La vérité, toute la vérité, à l’instant.
    D’un geste rapide comme l’éclair, il tira la dague de son fourreau de ceinture et appliqua sans ménagement sa pointe acérée contre le double menton de l’homme qui recula d’un pas précipité.
    — Vite, l’homme !
    — Madeleine… C’t’ à elle qui faut causer… j’vous ai rin dit. J’avais juré sur la tête de ma femme de rin dire… je m’parjure encore, mais vu qu’elle est défunte, elle risque plus grand-chose.
    — Juré de vous taire ?
    Alphonse Fortin le dévisagea et hocha la tête en signe d’acquiescement.
    — Qui est cette Madeleine ?
    — Madeleine Fromentin. Une des servantes qu’est restée avec le maître.
    Hardouin se souvint. Il s’agissait de la domestique dont le témoignage se limitait à une brève déclaration : rien ne manquait dans la maison Lafoi, excluant un meurtre de vagabond voleur.
    — À Nogent, donc ?
    Un nouveau hochement de tête confirma la déduction de l’exécuteur.
    — Pourquoi Madeleine ? insista Hardouin.
    — J’sais rin de plus, jeta l’autre, un air buté sur le visage.
    Et Hardouin cadet-Venelle sut qu’il mentait encore mais ne lâcherait plus rien.

    Alors qu’il rejoignait Fringant, la grosse voix de Fortin le retint :
    — C’t’ une fille bien, Madeleine ! Épargnez-la. Elle a… ben, elle a eu un enfant hors les liens du mariage, placé à la campagne… Garin Lafoi sait rien. Elle voulait pas être payée alors que quelques deniers auraient fait une sacrée différence pour elle et son fils, même pour dire la vérité.
    Cadet-Venelle rebroussa chemin et fit quelques pas en direction du fermier.
    — Comment se fait-il alors que vous soyez au courant ?
    Un sourire attendri flotta sur les lèvres de l’homme qui avoua d’une voix émue :
    — J’volais les Lafoi pour elle. Se redressant, soudain mauvais, il déclara en pointant un doigt agressif vers Hardouin : Attention, jamais d’privautés ! Pas l’genre de fille qu’on trousse si on est un homme digne de c’nom. L’avait eu sa part de vauriens qui culbutent une femme de force, quitte à l’assommer pour la prendre. Quelques bûches par-ci, quelques œufs et légumes par-là, pour qu’elle paye la pension d’son petit. D’toute façon, la mère

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