Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Brasier de Justice

Le Brasier de Justice

Titel: Le Brasier de Justice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
Vom Netzwerk:
humaines ou animales s’accumulaient. Des pièges existaient donc, faisant intervenir des solutions d’eau additionnée de miel, principe toujours utilisé de nos jours. On en parsemait aussi le bas des murs d’immeubles.

    2 - Le terme n’avait au Moyen Âge que son sens strict : s’être trompé de voie, au propre ou au figuré. Il n’avait aucune connotation sexuelle.

    3 - Coussins, oreillers.

IXX
    Dancé, octobre 1305
    L e chien, qui n’avait pas encore de nom, trottinait devant eux, tournant parfois la tête afin de s’assurer que son nouveau maître, celui qu’il avait choisi, le suivait bien. Hardouin l’avait nourri, à deux reprises, en petite quantité, tant l’animal était affamé et risquait de dégorger un repas trop abondant.

    Cependant, cadet-Venelle ne lui prêtait guère attention. Il se remémorait un passage des carnets de procès d’Évangeline Caquet, mot pour mot :
    « Alphonse Fortin, serviteur, avait attesté, toujours sous serment, que la simple Évangeline était venue lui emprunter la hachette, le matin du meurtre, au prétexte de décapiter des carpes. Il lui avait fait promettre de la lui rapporter bien vite et avait oublié. »
    Lui revint également à l’esprit la note ajoutée en marge par Arnaud de Tisans : « Fortin a racheté une ferme de moyenne importance à Dancé, peu après le meurtre de Muriette Lafoi. Avec quel argent ? »
    La hachette avait ensuite été découverte dans un buisson de sauge à une dizaine de toises de la maison. Pourquoi une idiote comme Évangeline serait-elle sortie, une fois le meurtre commis, pour lancer l’arme improvisée et revenir s’asseoir auprès de sa victime, sans même songer à se laver les mains, les bras et le visage du sang qui les couvrait ? L’interrogation continuait à lui trotter dans la tête.

    Le noir Fringant allait bon pas, remontant le long chemin de Nogent-le-Rotrou vers Dancé, un petit village semé de quelques fermes et environné de bois. Hardouin parvint enfin en vue de l’église Saint-Jouin 1 , si ancienne que tous avaient oublié quand elle avait été érigée.
    Un garçonnet qui taillait un morceau de bois, la langue tirée de concentration, lui indiqua la ferme d’Alphonse Fortin d’un signe de tête en lui jetant à peine un regard.
    Hardouin pénétra dans la cour carrée où régnait une activité qui trahissait une exploitation tenue avec soin. Deux maçons s’activaient à réparer le mur fissuré d’une grange et une femme en sabots, penchée, arrachait sans ménagement les herbes folles poussées entre les pavés gris de la cour. Une fillette d’une dizaine d’années s’avança vers lui, serrant un bébé entre les bras. Elle lui adressa un curieux regard, à la fois triste et courroucé.
    — Je cherche Alphonse Fortin afin de m’entretenir avec lui, annonça Hardouin.
    — Le père est aux champs, répondit-elle.
    — Et ta mère ?
    Des larmes montèrent aux paupières de la fillette.
    — L’a rejoint le Seigneur Jésus.
    Hardouin cadet-Venelle sauta de selle et s’approcha d’elle, murmurant :
    — J’en suis désolé.
    — C’est rapport à lui, précisa-t-elle en désignant d’un geste de menton le bébé endormi dans ses bras. Mais on m’a dit que c’était pas d’sa faute. Qu’y fallait pas lui en vouloir. N’empêche, l’a quand même péri 2 après l’avoir poussé hors d’elle.
    — Ton frère n’est en rien coupable du décès de ta mère, cela est vrai.
    — N’empêche, serait pas passée s’il avait pas né, répéta-t-elle, butée, le visage baissé.
    Une jeune femme, dont la généreuse poitrine débordait du haut de son tablier, les rejoignit en trombe, l’air fermé, les joues un peu rouges, des mèches de cheveux dépassant de son bonnet de lin. Elle récupéra le bébé d’un geste presque brutal et lança :
    — C’est qui ?
    — J’sais point. Y veut voir le père.
    — J’t’ai déjà dit d’pas bercer Antonin, d’pas l’sortir du berceau, file ! gronda la jeune femme.
    L’air revêche, la fillette tourna les talons et s’éloigna d’un pas vif.
    — Qui qu’vous êtes ? exigea la femme, peu impressionnée par la bonne mise de l’inconnu, pas plus que par son épée.
    — Hardouin Venelle, qui requiert de parler à maître Fortin.
    — L’est aux champs. R’viendra pas avant l’souper.
    — Quel champ ?
    Elle le dévisagea, lèvres crispées, décidée à ne pas répondre.
    — Et vous

Weitere Kostenlose Bücher