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Le cadavre Anglais

Le cadavre Anglais

Titel: Le cadavre Anglais Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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des travaux avec surprise.
    — Ici j'ai connu des vergers, des vieilles maisons et des murs.
    — Tu as raison. Ce sont les Filles-Dieu qui en 1772 ont été autorisées à détruire des bâtiments leur appartenant pour ouvrir des voies nouvelles. J'ai souvenance que Mesdames ont soutenu leurs demandes qui tenaient fort peu de compte des règlements. De toutes parts, les maisons envahissent la campagne. Déjà les vieux remparts du grand roi disparaissent peu à peu.
    — Le fleuve d'argent élève des murs de pierre ! Il est vrai que tout attire par ici. Le quartier est très fréquenté à cause de l'hôtel des Menus et des Petites-Écuries.
    — En fait la rue s'appelle rue d'Enghien, mais l'habitude la fait nommer autrement en raison d'une maison démolie qui portait l'objet en question sculpté sur son fronton.
    — D'où te vient toute cette science ?
    — Eh ! Chacun ses secrets. Sartine, en 1773, m'avait fait enquêter sur une affaire d'officiers des chasses qui, moyennant de grasses épices, se mettaient sur le pied de se substituer aux trésoriers de France en s'arrogeant le droit de décider des alignements le long des routes, rues et chemins entretenus aux frais du roi.
    — Et ?
    — Rien. Un suicide, un embastillement et une fuite en Hollande. Un coup pour rien, peu suivi d'effets. Comme toujours, les malversations ont continué et continuent. Quand ce n'est pas l'alignement, c'est la hauteur des maisons ! Il y a dans ce domaine trop d'intérêts en jeu.
    Au second étage d'un édifice qui sentait encore le plâtre et la peinture, ils trouvèrent le logement de Deplat. Son plan leur avait facilité la tâche. Nicolas savait tirer le meilleur parti des lieux où vivait un témoin. Mille détails apportaient toujours d'éloquentes constatations. Le plan était simple, un corridor, une chambre et son cabinet de toilette, un petit salon, un office. Le tout, minuscule, était meublé avec goût et l'ordre le plus rigoureux y régnait. Il semblait que chaque chose obéît à une règle par compas 149 fixée de toute éternité ; rien ne dépassait ni ne déparait. Nicolas réfléchissait. Ce qu'ils cherchaient, ils ne le savaient pas eux-mêmes. Souvent le hasard conduisait le bal dans ce genre d'investigations. Dans le tiroir de la commode de la chambre, Bourdeau fit une curieuse découverte. Sous les caleçons et des bas alignés au cordeau, apparurent des rectangles de bois régulièrement rangés. Les objets se révélèrent pouvoir être ouverts. De chaque côté, de la cire vierge apparaissait encadrée sur trois côtés, le tout doté d'une charnière. Ils comprirent vite qu'il s'agissait de ces ingénieux appareils dont usent les serruriers pour prendre les empreintes des clefs. Ils en ouvrirent plusieurs.
    — Celle-là, dit Nicolas, une clé d'horloger, celle-là également, et une autre. Là plutôt celle d'un coffret ou d'un petit meuble. De nouveau une clé d'horloger et encore, et encore. Ah ! Pour le coup, une bonne vieille clé de porte, et de taille.
    — C'est curieux, dit Bourdeau, j'ai le sentiment que les horloges cachent la forêt.
    — Deux exemplaires m'intriguent. Voilà une bonne grosse clé placide et honnête et une petite qui ne tient pas à l'horlogerie. Méditons. Nous avons affaire à un ouvrier, un artisan de qualité, sans doute un artiste dans son genre. Nous trouvons chez lui des empreintes de clés. Rien dans tout cela n'est étonnant. Seulement pourquoi chez lui ? Et pas dans son atelier ? Pourquoi ces objets dissimulés ?
    — Il y a sans doute une foule de raisons opportunes plus probantes les unes que les autres.
    — Certes ! et une seule qui corresponde à la situation. Le reste ne sert qu'à rompre les chiens 150 . Prenons les deux empreintes suspectes et réaménageons les autres à l'identique autant que faire se peut afin que nul signe ne transparaisse. Ces deux-là, portons-les chez un serrurier. J'ai l'idée que le plus proche sera le bon. Grâce à ses services nous aurons deux clés à qui il faudra trouver les serrures qui correspondent. Et nous saurons peut-être qui, le cas échéant, a fait confectionner des répliques.
    Il consulta sa montre.
    — Il y a urgence à trouver l'homme de l'art. Si nous pouvions remettre les originaux en place, ce serait préférable. Recherchons les serruriers et allons dîner 151 . Je te convie au Grand Cerf, rue des Deux-Portes.
    Bourdeau approuva d'enthousiasme cette proposition.
    — Quel

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