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Le cadavre Anglais

Le cadavre Anglais

Titel: Le cadavre Anglais Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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nous sommes promis l'un à l'autre. Je pense que M. Le Roy se doutait de quelque chose et craignait que les incertitudes de la situation ne favorisent pas nos vues.
    Nicolas supposa que le message transmis par Rivoux, alors que celui qui l'adressait était mort, devait pour convaincre contenir un fond de vérité. Mais l'allusion portait-elle sur l'indigestion de fruits ou sur les promesses amoureuses, et qui connaissait ces détails ?
    — Et M. de Rivoux ? Vous semblez l'apprécier aussi ?
    Elle le regarda, surprise.
    — Comment ?… Oui… Je feignais de balancer entre eux pour celer la vérité : Emmanuel est un ami charmant.
    Elle se mit à pleurer.
    L'horloger, alerté par ses gémissements, sortit de son réduit, jeta un regard lourd de reproches sur les policiers, prit Agnès dans ses bras et l'entraîna dans la pièce qu'il venait de quitter en claquant la porte.
    — Notre tâche est parfois bien rude, murmura Bourdeau en s'éclaircissant la voix.
    — Nous savons l'essentiel. Oh ! Il n'est point de situation où une femme ne sente le déplaisir de se présenter avec désavantage à quelqu'un qui ne l'a jamais vue. Toutefois, je la crois sincère. Il suffit de la contempler pour comprendre ce qui est advenu. Elle n'a point eu les contorsions de son parrain… Ou alors elle joue de sa candeur avec un art consommé.
    — Cela s'est vu ! Mais je suis assez de ton avis. Deux pigeons … Je cours quérir le commis.
    Nicolas demeura seul. Il s'allongea sur le sol et en examina la surface. Il mouilla son index et recueillit des particules métalliques tombées de la robe d'Agnès. Il se releva et les plaça avec précaution à l'intérieur d'un papier plié qu'il rangea dans une de ses poches. Quand Bourdeau revint accompagné d'Armand Deplat, il le retrouva dans une attitude méditative qui préludait souvent à d'étranges conclusions. L'homme, dans la trentaine, offrait une apparence de bon aloi. Mince, bien découplé quoique de taille moyenne, des yeux bruns et rêveurs, des cheveux noués sur la nuque ; son habit noir soulignait la pâleur de son teint. Il salua Nicolas.
    — Monsieur Deplat, que saviez-vous au sujet de la présence ici de M. Peilly ?
    Il ne broncha pas, sans doute averti par Bourdeau d'avoir à répondre sans simagrées. Une prudente circonspection paraissait cependant régler son attitude.
    — Qu'il devait approfondir ses connaissances au sujet des montres ou horloges marines, en vue d'atteindre une précision accrue dans le calcul à la mer de la longitude.
    — Et ?
    — Que son séjour serait provisoire et entouré de secret.
    — Cela ne vous a pas gêné ?
    — J'obéis en toute chose à M. Le Roy et ne me pose guère de questions.
    Ses dents serrées faisaient saillir ses maxillaires.
    — Quel était votre sentiment envers lui ?
    — Devais-je en avoir un ? C'était un artisan très habile et un très aimable compagnon.
    — Et M. de Rivoux ?
    L'homme considéra ses manchettes sur lesquelles il tira d'un geste mécanique qui lui haussa les épaules.
    — Je n'avais que peu de rapports avec lui. Il m'a paru froid, distant, hautain pour tout dire.
    — Vous ne semblez guère l'apprécier ?
    — Aurais-je dû ? Devais-je quémander son approbation ?
    — Et ses relations avec Peilly ?
    — Je n'y étais ni associé ni convié. Très souvent ils devisaient ensemble, enfermés.
    — Et son départ. Vous y fûtes associé ?
    — En rien. Je l'appris le lendemain. L'oiseau s'était envolé.
    — Oui, oui, dit Nicolas pensif, envolé …
    — Cela vous fit peine ? demanda Bourdeau.
    Les yeux mobiles de Deplat se posèrent sur l'inspecteur sans que ni sa tête ni son corps ne bougent.
    — On allait pouvoir reprendre le travail habituel.
    — Aimez-vous les abricots de Vitry  ? jeta Nicolas tout à trac.
    Décidément ce fruit faisait miracle. Le visage de Deplat s'empourpra.
    — Que signifie ? Que voulez-vous insinuer ? balbutia-t-il.
    — Ni plus, ni moins que ce que j'ai dit.
    — Oui… Non… Je ne vois pas.
    — Ce sera tout, monsieur. Pour l'instant. Mais…
    — Puis-je savoir à quoi correspondent votre venue et vos questions ?
    Nicolas songea que l'absence de cette curiosité aurait été plus que suspecte.
    — Oh ! Routine. C'est un cinquième acte. Reste une chose à vous demander. Où logez-vous ?
    — Mais… Rue de l'Échiquier, près du couvent Saint-Lazare.
    — Oui, oui. Nous avons un ami, par là !
    — Un

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