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Le cadavre Anglais

Le cadavre Anglais

Titel: Le cadavre Anglais Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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surtout, la Satin ancienne fille galante et, un temps, mère-gérante du Dauphin couronné.
    Nicolas réfléchit un instant.
    — Cela est bien imaginé, sans pourtant me convaincre. Restant que, dans ce cas, quelle imprudence de s'aller loger rue du Bac dans un lieu qui lui appartient en propre !… Ou quelle suprême habileté…
    — La prudence n'est parfois pas la sœur jumelle de l'innocence, même si elles peuvent cheminer d'un même pas. Y trouver raison est des plus malaisé.
    — Enfin, de tout cela il ressort que l'affaire du Fort-l'Évêque est certainement liée aux relations du royaume avec l'Angleterre. Le terrain me paraît de plus en plus bourbeux.
    De nouveau il sembla méditer.
    — Je crains, reprit-il, qu'il ne faille désormais donner le change à qui nous observera. À partir de maintenant, ni toi ni moi ne devons apparaître en première ligne, sauf à user de détours et de stratagèmes. Laissons agir les nôtres en secret. Pour mon compte, je vais ouvertement me consacrer à une autre affaire que tu ignores et sur laquelle je te demande le secret le plus absolu.
    Bourdeau fit le geste de se coudre les lèvres. Son ravissement transparaissait d'être initié à une confidence aussi particulière. Il apprit ainsi les grandes lignes de l'escroquerie qui se tramait autour de la reine. Nicolas cependant n'insista pas sur l'attitude ambiguë de cette dernière, tirant un voile et escamotant ce que l'imprudence de la princesse pouvait receler de scandaleux au regard du suspicieux et vertueux Bourdeau. Mais la satisfaction d'être mis au fait de secrets si graves l'emporta sur sa curiosité et l'inspecteur ne chercha pas à approfondir les faits que Nicolas lui venait d'apprendre, réservés en leurs grandes lignes et drapés de discrétion.
    Les plans de campagne se succédèrent. Il convenait de multiplier ostensiblement les brisées erratiques. Nicolas visiterait Mlle Bertin, car c'est lui que l'adversaire surveillerait par priorité. Il consulterait aussi la Paulet qui, toujours très au fait des rumeurs de la ville, pourrait le remettre sur la voie de Freluche, la maîtresse de Lavalée, disparue elle aussi au moment de l'enlèvement de l'artiste. Dans le même temps des émissaires multipliés écumeraient le monde de l'horlogerie. Il fallait se diviser pour enquêter et ensuite se rassembler pour frapper.
    Timidement Bourdeau s'enquit de ce qu'il fallait faire avec Mrs Alice Dombey. Nicolas, se contraignant à une froide indifférence, évalua les risques et les nécessités. D'évidence elle n'avait pu résister au désir de rencontrer son fils et, pour un instant, avait dû abandonner son identité anglaise. Une pensée le traversa, qu'il jugea importune, mais qui s'imposa. Il en éprouva aussitôt la cruauté : se serait-elle mariée avec un Anglais ? Il mesura aussi que rien ne méritait qu'il s'en préoccupât ; elle était libre comme lui-même. Et pourtant l'élan qui les avait poussés dans les bras l'un de l'autre, son abandon à elle et son ardeur à lui, possédaient bien un sens. L'ombre d'Aimée d'Arranet traversa sa pensée ; il se mordit les lèvres. Bourdeau l'observait comme s'il suivait les méandres de sa réflexion.
    — Qu'on la surveille, ainsi que ce M. Calley. Nous verrons bien ce qu'il en ressortira. N'écartons pas l'hypothèse qu'une explication candide éclaire d'un jour différent ce tableau inquiétant.
    Il n'en croyait pas un mot et ces paroles lénifiantes et raisonnables, il se les servait à son propre usage afin de se rassurer devant une perspective de plus en plus insoutenable. Car Antoinette lui avait menti jusqu'à dissimuler sa venue à Paris que, seule, la loyauté de son fils lui avait permis d'apprendre. Son angoisse et sa tristesse croissaient par l'habitude de développer, tel un écheveau dévidé, les conséquences d'un événement avec la propension cruelle d'en tirer les plus détestables fins.
    — Pierre, demeure le maître d'œuvre en arrière-main. Lance nos gens en enfants perdus. Qu'ils se répandent. Ne ménage pas le nerf de la guerre.
    — Qui verras-tu en premier ? la Paulet ou la Bertin ?
    Nicolas consulta sa montre.
    — Je commencerai par la Paulet. C'est l'heure où le Dauphin couronné s'éveille… Et pourquoi dis-tu « la Bertin » ?
    — Le rapprochement n'est pas fortuit, il n'y a que la manière qui diverge. Ces femmes-là, c'est du pareil au même ! Et dire que cette dame est reçue par la

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