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Le Capitaine Micah Clarke

Le Capitaine Micah Clarke

Titel: Le Capitaine Micah Clarke Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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Ferguson, de sa voix étrange et nasillarde. Le
Seigneur n'a-t-il point brisé les tours de Jéricho sans l'aide de
la poudre à canon. Le Seigneur n'a-t-il pas fait surgir le brave
Robert Ferguson ? Ne l'a-t-il pas sauvé malgré trente-cinq
sommations à comparaître et vingt-deux proclamations des
impies ? Quelle chose lui est impossible ?
Hosannah ! Hosannah !
    – Le Docteur a raison, dit un Indépendant
anglais à la face carrée, à la peau tannée, nous parlons trop des
moyens de la chair, des chances du siècle, et nous comptons sans
cette bienveillance céleste qui devrait nous servir de bâton sur
les routes pleines de cailloux et de fondrières… Oui, messieurs,
reprit-il, en élevant la voix et regardant les courtisans assis de
l'autre côté de la table, vous pouvez accueillir d'un air moqueur
les paroles pieuses, mais je vous le dis, c'est vous, avec vos
pareils, qui attirerez sur cette armée la colère de Dieu.
    – Et moi aussi, je le dis, cria d'un ton
farouche un autre sectaire.
    – Et moi aussi… Et moi aussi, crièrent
plusieurs autres, parmi lesquels était Saxon.
    – Est-ce que Votre Majesté trouve bon que nous
soyons insultés à la table de votre propre Conseil ? s'écria
un des courtisans, en se levant tout à coup, la figure rougie.
Faudra-t-il que nous supportions encore longtemps cette violence,
parce que nous avons la religion du gentilhomme, et que nous
préférons la pratiquer dans le secret de nos cœurs plutôt qu'au
coin des rues, avec ces Pharisiens.
    – Ne parlez pas contre les Saints de Dieu,
s'écria un Puritain d'un ton haut et farouche. J'entends au-dedans
de moi une voix qui me dit qu'il vaudrait mieux te frapper à mort,
oui, même en présence du Roi, plutôt que de te permettre de semer
le mépris sur ceux qui ont été régénérés.
    Plusieurs, des deux côtés, s'étaient
levés.
    Les mains étaient posées sur les poignées des
épées et l'on échangeait des regards plus terribles que des coups
de rapières.
    Mais les conseillers plus calmes et plus
raisonnables réussirent à rétablir la paix et à faire rasseoir à
leurs places les adversaires qui se chamaillaient.
    – Qu'est-ce à dire, messieurs, s'écria le Roi,
la figure assombrie par la colère, quand le silence fut enfin
rétabli. Est-ce là que s'arrête mon autorité, au point qu'on
bavarde et qu'on se dispute comme si la salle de mon Conseil était
celle d'une taverne de Fleet-Street ? Est-ce ainsi que vous
respectez ma personne ? Je vous le dis, j'aimerais mieux
renoncer pour toujours à mes justes droits sur la couronne, et
retourner en Hollande, ou consacrer mon épée à la défense de la
Chrétienté contre le Turc que de souffrir pareille indignité. Si
quelqu'un est convaincu d'avoir excité la discorde chez les soldats
ou parmi les citoyens sous couleur de religion, je sais ce que
j'aurai à faire à son égard. Que chacun prêche aux siens, que nul
ne se mêle du troupeau de son prochain. Quant à vous, Mr Bramwell,
et Mr Joyce, ainsi que vous, Mr Henry Nuttall, nous vous
regarderons comme dispensés d'assister à ces réunions jusqu'au jour
où nous songerons de nouveau à vous. Vous pouvez maintenant vous
séparer et rentrer chacun dans vos quartiers. Demain matin, avec
l'aide de Dieu, nous nous mettrons en route dans la direction du
Nord, pour voir quelle fortune attend notre entreprise dans ces
contrées.
    Le Roi s'inclina pour faire entendre que la
réunion officielle était terminée, et prenant Lord Grey à part,
dans une embrasure de fenêtre, il s'entretint avec lui d'un air
préoccupé.
    Les Courtisans, qui comptaient parmi eux
plusieurs Anglais et des gentilshommes étrangers, venus avec
quelques esquires des comtés de Devon et de Somerset, sortirent en
masse, l'air provocateur, avec un grand bruit d'éperons et de
sabres.
    Les Puritains se groupèrent, la mine grave, et
partirent, après eux, non point avec des façons réservées, et les
yeux baissés, comme ils le faisaient d'ordinaire, mais avec les
traits farouches, les sourcils froncés, et tels que les Juifs
d'autrefois se montraient quand l'appel « À vos tentes,
Israël » vibrait encore à leurs oreilles.
    Véritablement la discorde religieuse, l'ardeur
sectaire étaient dans l'air.
    Au dehors, sur la pelouse du château, les voix
des prédicants montaient comme un bourdonnement d'insectes.
    Tous les chariots, les barils, les caisses que
le hasard avait mis à leur disposition étaient changés en autant

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