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Le Chant de l'épée

Le Chant de l'épée

Titel: Le Chant de l'épée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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ne leur permettrait pas d’envahir le
Wessex. Mais si je leur donnais Coccham, ils seraient sur la rive sud et
pourraient s’en servir comme base pour leurs expéditions en Wessex. À tout le
moins, Alfred paierait pour Coccham et ils auraient beaucoup d’argent, même s’ils
ne parvenaient pas à le déloger du trône.
    Pourtant, Sigefrid, Erik et Haesten ne s’intéressaient
pas qu’à l’argent. Ils convoitaient le Wessex ; pour cela, il leur fallait
des hommes. Guthrum ne les aiderait pas, la Mercie était divisée entre Danes et
Saxons et ne leur fournirait que peu d’hommes disposés à quitter leurs maisons
pour la guerre ; mais au-delà de la Mercie, il y avait la Northumbrie, dont
le roi dane avait à son service un grand guerrier. Le roi était le frère de
Gisela. En m’achetant, ils pensaient pouvoir amener la Northumbrie à entrer en
guerre. Le Nord dane conquerrait le Sud saxon. Tel était leur désir. C’est ce
que les Danes avaient toujours cherché. Il suffisait que je rompe mon serment
envers Alfred et que je devienne roi de Mercie pour que la terre d’Anglie
devienne la Danie. Pour moi, c’était la raison de l’invitation du mort.
    Nous arrivâmes à Wæclingastræt
au coucher du soleil. Les Romains avaient renforcé la route d’un lit de gravier
et de dalles, et une partie de la maçonnerie se voyait encore entre les herbes
auprès d’une borne couverte de mousse qui indiquait « Durocobrivis V ».
    — Qu’est-ce que Durocobrivis ? demandai-je
à Huda.
    — Nous l’appelons Dunastopol, dit-il avec
un haussement d’épaules qui indiquait que l’endroit n’était pas grand-chose.
    Nous traversâmes la route. Dans une contrée
bien gouvernée, je me serais attendu à trouver des patrouilles pour protéger
les voyageurs, mais il n’y avait pas âme qui vive. Quelques corbeaux volaient
dans le crépuscule. Huda nous conduisit vers les basses collines au nord, par
une vallée où se dressaient des pommiers aux branches dépouillées. La nuit
était tombée quand nous arrivâmes au château d’Eilaf.
    On m’accueillit
comme si j’étais déjà roi. Des serviteurs prirent nos chevaux à la palissade et
un valet, agenouillé à l’entrée, me tendit un bassin d’eau et un linge. Un
intendant prit mes deux épées avec respect, comme s’il regrettait la coutume
interdisant qu’un homme entre armé dans une demeure. Mais c’était une bonne
coutume. Les lames et l’ale ne font pas bon ménage.
    Il y avait foule à l’intérieur. Au moins une
quarantaine d’hommes, presque tous en maille ou en cuir, se tenaient de part et
d’autre du foyer où flambait un grand feu. Certains s’inclinèrent à mon entrée,
d’autres se contentèrent de me dévisager alors que je saluais mon hôte qui
attendait avec son épouse et ses deux fils. Haesten les accompagnait, souriant.
Un serviteur m’apporta une corne d’ale.
    — Seigneur Uhtred ! me salua
bruyamment Haesten, afin que nul n’ignore qui j’étais.
    Son sourire avait quelque chose de malicieux, comme
si nous partagions quelque secret amusant. Il avait des cheveux couleur d’or, un
visage carré, des yeux vifs et une tunique de belle laine teinte en vert, ornée
d’une grosse chaîne d’argent. De lourds bracelets d’or et d’argent couvraient
ses bras, et des broches d’argent ornaient ses bottes.
    — Il est bon de te voir, seigneur, dit-il
en faisant mine de s’incliner.
    — Toujours vivant, Haesten ? demandai-je,
ignorant mon hôte.
    — Toujours, seigneur.
    — Et quelle surprise ! La dernière
fois que je t’ai vu, c’était à Ethandun.
    — Par un jour de pluie, seigneur, je m’en
souviens.
    — Et tu courais comme un lièvre, Haesten.
    Je le vis se rembrunir. Je venais de l’accuser
de couardise, mais il méritait ce trait, car il m’avait prêté serment et s’était
parjuré en m’abandonnant.
    Eilaf se racla la gorge. C’était un homme
robuste, grand, avec des cheveux du roux le plus flamboyant qui fût, bouclés, tout
comme sa barbe. Eilaf le Rouge, ainsi l’appelait-on, et bien qu’il fût grand et
bien bâti, il semblait plus petit qu’Haesten, qui débordait d’assurance.
    — Sois le bienvenu, seigneur Uhtred, déclara-t-il.
    Je ne relevai pas. Haesten m’observait, toujours
maussade, mais je souris.
    — Cependant, toute l’armée de Guthrum
fuyait ce jour-là, dis-je. Et ceux qui ne fuirent pas sont morts. Aussi suis-je
heureux de t’avoir vu courir.
    — J’ai

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