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Le Chant de l'épée

Le Chant de l'épée

Titel: Le Chant de l'épée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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mais aussi un proche d’Alfred. Si proche qu’il allait épouser sa
fille aînée.
    — Il peut être ealdorman de Mercie et
régner avec ma bénédiction, dit Alfred.
    En d’autres termes, mon misérable cousin
allait gouverner la Mercie pour le compte d’Alfred et, en vérité, c’était pour
le roi une meilleure solution que de confier le trône à quelqu’un comme moi. Æthelred,
marié à Æthelflæd, serait plus enclin à la loyauté envers Alfred, et la Mercie,
ou du moins la partie au sud de Wæclingastræt, serait comme une province du
Wessex.
    — Si mon cousin doit devenir seigneur de
Mercie, dis-je, il sera seigneur de Lundene ?
    — Bien sûr.
    — Alors il connaîtra un problème, seigneur.
(J’avoue avoir éprouvé un certain plaisir à l’idée que mon prétentieux cousin
ait affaire à un millier de soldats menés par les comtes norses.) Une flotte de
trente et un navires est arrivée à Lundene il y a deux jours, commandée par les
comtes Sigefrid et Erik Thurgilson. Haesten de Beamfleot est leur allié. Pour
autant que je sache, seigneur, Lundene appartient désormais aux Norses et aux
Danes.
    Alfred ne dit mot et se contenta de contempler
le fleuve et ses cygnes. Il semblait plus blême que jamais.
    — Tu en sembles heureux, dit-il, les
dents serrées.
    — Je ne le suis pas, seigneur.
    — Comment cela peut-il se faire ? demanda-t-il
en se tournant vers les murailles du burh. Les frères Thurgilson étaient en
Franquie.
    Je n’avais peut-être jamais entendu parler de
Sigefrid et d’Erik, mais Alfred mettait un point d’honneur à savoir où rôdaient
les Vikings.
    — Ils sont à Lundene, à présent, dis-je.
    Il se tut de nouveau. Je savais ce qu’il
pensait : la Temse est notre route vers d’autres royaumes, vers le reste
du monde ; et si les Danes et les Norses la bloquaient, le Wessex serait
coupé des routes commerciales. Bien sûr, il existait d’autres ports et rivières,
mais la Temse était le grand fleuve de tous les navires venus des mers
lointaines.
    — Veulent-ils de l’argent ? s’enquit-il
avec agacement.
    — C’est le problème de la Mercie, seigneur.
    — Ne sois pas sot ! Lundene est
peut-être en Mercie, mais le fleuve nous appartient à l’un et à l’autre. (Il se
retourna vers la Temse, comme s’il s’attendait à voir paraître les navires vikings.)
Et s’ils ne veulent pas partir, il faudra les expulser, conclut-il à mi-voix.
    — Oui, seigneur.
    — Ce sera le cadeau de noces que je ferai
à ton cousin.
    — Lundene ?
    — C’est toi qui le lui offriras, dit-il. Tu
rendras Lundene au trône de Mercie, seigneur Uhtred. Fais-moi savoir avant la
Saint-David combien de soldats il te faut pour la reprendre. Ton cousin
commandera l’armée, mais il est trop occupé pour préparer la campagne. Tu t’en
chargeras et tu le conseilleras.
    — Moi ?
    — Oui, toi.
    Il ne resta pas au repas. Il alla prier à l’église,
donna de l’argent aux nonnes, puis remonta sur l’ Haligast et repartit.
    C’était donc à moi de m’emparer de Lundene et
d’en offrir toute la gloire à mon cousin Æthelred.
    L’invitation à faire
la connaissance du mort arriva deux semaines plus tard.
    Chaque matin, sauf quand la neige trop épaisse
encombrait les routes, une foule de plaignants attendait à ma porte. J’étais le
seigneur de Coccham, l’homme qui rendait la justice : Alfred m’avait
accordé ce pouvoir, sachant que c’était essentiel si le burh devait être bâti. Il
m’avait octroyé davantage. Je recevais un dixième de toutes les récoltes du
nord du Berrocscire : on me donnait cochons, bétail et grain, et grâce à
ces revenus je payais le bois des murailles et les armes qui les gardaient. Tout
cela était tentant et Alfred, me soupçonnant, m’avait flanqué d’un prêtre rusé
du nom de Wulfstan, qui devait s’assurer que je ne volais point trop. Or c’était
le prêtre qui volait.
    Il était venu me voir à l’été avec un sourire
narquois et m’avait fait remarquer que les taxes que je levais auprès des
marchands qui prenaient la rivière étant imprévisibles, Alfred ne pouvait
jamais savoir si nous tenions des comptes justes. Il avait attendu mon
approbation et reçu un coup sur le crâne à la place. Je l’avais renvoyé auprès
d’Alfred sous bonne escorte, avec une lettre exposant sa malhonnêteté, puis j’avais
prélevé ma part des taxes tout seul. Le prêtre s’était montré stupide. On ne
doit

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