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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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qu'elle en ressentait.
    — Je n'ai trouvé le courage de partir qu'au moment où j'ai été rassurée par la sérénité de votre visage après qu'Houchang s'en est allé. En entendant votre cheval derrière le mien, j'ai compris que ce que j'avais surpris bien malgré moi devait à tout prix rester secret. Je ne vous aurais pas trahi, Djem, mais la violence de votre duel, votre détermination à me poursuivre… j'ai pris peur, je l'avoue.
    — Je vous ai cherchée à la Bâtie le jour de la capture du cerf.
    — Pour me faire taire ?
    Il sourit.
    — Oui. Pour vous faire taire…
    Il l'attira à lui sans qu'elle trouve la force de s'en écarter.
    — … d'un baiser…
    Elle l'espéra. Il se contenta de boire ses lèvres d'un regard gourmand avant de poursuivre, le souffle court.
    — … Je suis musulman. Vous chrétienne. Avais-je seulement le droit d'en rêver…
    — Le Dieu des chrétiens n'a jamais interdit d'aimer…
    — Celui des musulmans non plus en vérité.
    Ils s'effleurèrent, les yeux clos, le souffle mêlé avant d'abattre les barrières des convenances et de la religion dans la fougue d'un vertigineux baiser.

31
    Tout était là, tel qu'en leurs souvenirs réappropriés. Le long corridor, la salle en étoile, la stèle. Pourtant ils durent se rendre à l'évidence que c'était en rêve qu'ils étaient descendus au nuraghe et de là avaient investi le tombeau des Géants. Sitôt la porte de pierre passée, les toiles d'araignée tissées d'un mur à l'autre leur avaient barré la route et ils avaient été contraints de les déchirer. Laissant leurs lambeaux noircir à la flamme de la torche dont ils s'étaient munis, ils avaient progressé jusqu'au centre de la tombe, se défiant des arachnides par centaines. S'ils y étaient venus la veille, le passage devant eux n'aurait pas revêtu cet aspect. Mounia pourtant demeurait perplexe.
    Elle promena une fois encore sa main sur un des murs circulaires. Pas d'aspérité particulière. Pas de mécanisme. Pas de salle secrète. Pas non plus d'ouverture pyramidale fichée dans le monolithe qui touchait le plafond de la voûte percée. Le granit semblait taillé d'un seul bloc.
    — Avez-vous une explication, Catarina ? demanda Enguerrand en frottant la barbe noire qui fleurissait son menton depuis qu'ils avaient quitté la côte.
    La chevrière n'avait pas pipé mot jusqu'alors. Son œil noir s'était contenté de guetter leurs réactions tandis qu'à la faveur du lieu balayé par la flamme, ils en redécouvraient l'aspect et partageaient images et émotions. Méfiante comme l'avait été Lina en se gardant de les accompagner, elle gardait les bras croisés sur la croix de bois qu'elle avait emportée.
    — Aucune.
    Mounia pirouetta sur elle-même avant de planter de nouveau son regard sur la stèle.
    — Tout est si semblable. Et si différent à la fois. Existe-t-il d'autres endroits comme celui-ci ?
    Catarina ricana.
    — Par centaines. Ne les avez-vous pas croisés en cheminant ?
    Refusant de se laisser agacer par ce cynisme hautain que la Sarde affichait depuis qu'ils avaient franchi le goulet, Mounia se reprit.
    — Certes. Mais l'intérieur est-il identique ?
    Catarina haussa les épaules.
    — Comment le saurais-je ? Jamais je n'avais profané une tombe avant cet instant. Et croyez-moi, si je n'avais craint que le diable ne vous habite et se joue de moi, j'aurais évité cette visite.
    Enguerrand bougonna.
    — Ne me dites pas que vous nous imaginez encore possédés !
    — Je ne le dis pas.
    Il se vexa.
    — Alors quoi ? Faudra-t-il que nous nous laissions emmurer vifs dans cette pièce pour vous prouver le contraire ?
    — Si vous le proposez… le cueillit froidement la Sarde.
    Allégeant l'atmosphère, le rire de Mounia ricocha sur les murs voûtés. La flamme de sa torche, approchée de la stèle, venait d'accrocher le dessin d'une pyramide au centre d'un cercle allongé, si léger dans la pierre qu'on ne le pouvait voir d'un premier examen.
    — Allons, il suffit !
    En quelques enjambées, le bas de la robe raclant le sol de terre battue, elle vint se planter devant Catarina, qui leur barrait la sortie.
    — Je suis certaine que vous comprenez très exactement ce qui nous est arrivé. Ni Dieu ni diable. Mais un secret que vous devez garder en ce lieu plus sûrement que vos chèvres.
    Catarina ne cilla pas. Surpris par l'assurance de son épouse, Enguerrand s'était rapproché à son tour.
    — Très bien,

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