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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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n'y pouvait rien changer. Seulement admettre que le destin de Mathieu et le sien ne pouvaient se rejoindre avant que tout ne soit terminé, dans l'intérêt même de l'enfant qu'elle portait.
    Elle refusa une fois encore de s'en désespérer. Auprès de Philippine, elle oubliait sa misère. Elle était devenue indispensable à la damoiselle. Suffisamment pour qu'au moment venu, l'enfant lui soit confiée à elle, et pas à une autre ? Algonde ne pouvait en être certaine mais n'avait pas trouvé le moyen de se l'attacher davantage. Le moyen ou la force. Ce que sa chair voulait, son cœur le refusait. C'était à Mathieu qu'elle appartenait et la seule idée de la caresse d'un ou d'une autre lui apparaissait comme une trahison plus grande encore qu'avec le baron Jacques.
    Elle se laissait porter. Par les festivités incessantes, par ce jeu auquel elle avait pris goût en vérité. Le prince turc était à quelques lieues. Il lui suffisait de garder courage. Et patience.
    Trois quarts d'heure plus tard, les muscles et les chairs engourdis par le froid, Algonde descendit les escaliers, certaine à présent que la Harpie avait dû partir en quête d'une autre, et ragaillardie de cette petite victoire que la magie lui avait donnée.
    *
    Philippine promena un doigt léger sur les lèvres d'Algonde. La jouvencelle ne réagit pas, prisonnière d'un sommeil si lourd qu'il l'avait jetée dans ses draps, à peine s'était-elle déshabillée au retour de sa course.
    — Pourquoi suis-je tant attachée à toi ? s'effara la damoiselle de Sassenage en se penchant au-dessus de la couche pour effleurer cette bouche de la sienne.
    Algonde gémit sous la caresse un peu trop appuyée sans doute et Philippine recula d'un pas. Ne pas l'éveiller. Surtout pas. Elle craignait bien trop ce trouble qui lui déchirait le cœur et le ventre. Il y avait en Algonde une grâce et une prestance qu'aucune autre, pourtant de haut lignage, ne possédait, à l'exception peut-être de Sidonie. Depuis cet après-midi au bord du Furon, où, sans l'apparition de Mélusine, elles se seraient certainement embrassées, et de jour en jour davantage, Philippine la désirait. C'était devenu une obsession. Elle eût voulu la couvrir de privilèges plus grands encore, mais se retenait, se reprenait. « Une servante. Cette fille n'est qu'une servante et tu es sa maîtresse. Rien d'autre. Tu ne peux pas l'anoblir, pas l'élever à un rang dont elle n'est pas digne. » L'instant d'après, elle la voyait paraître dans ces atours qu'elle l'obligeait à porter et se convainquait de l'inverse. Parfois, Philippine se demandait si ce n'était pas elle l'esclave. Au château, il n'était pas un homme qui l'attirât autant. Quand Philippine repoussait ses prétendants, affirmant haut et fort qu'elle n'était pas encore prête pour des épousailles, c'était vers Algonde, invariablement, qu'ils se tournaient. Algonde gardait assez de présence d'esprit pour les éconduire, mais Philippine était certaine que plus d'un se serait damné pour sa chambrière quand bien même la vérité sur son compte aurait éclaté. Or, cette seule idée la rendait folle. Algonde lui appartenait. Elle l'avait introduite dans son monde pour qu'elle en goûte les plaisirs et ne puisse plus jamais se satisfaire d'une autre existence.
    Alors pourquoi, là, maintenant, Philippine se sentait-elle incapable de franchir le pas, alors même qu'elle s'était éveillée à l'aube, le corps brûlant d'étreintes fantômes et de l'envie de la surprendre, se faisant même ouvrir la porte donnant sur le couloir puisque Algonde avait, de façon incompréhensible, bouclé la communication entre leurs appartements ?
    Tremblante de cette fièvre persistante, la jeune damoiselle de Sassenage revint près du lit et écarta les draps. Couchée sur le dos, une jambe repliée et ouverte, Algonde s'offrit sans le savoir à son regard avide. La gorge nouée, Philippine récupéra le bougeoir et en promena la lueur au-dessus des seins lourds et fermes, résistant à l'envie d'en goûter la texture du bout des doigts, éclaira la taille, un peu trop arrondie à son goût. La faute en incombait à la trop bonne chère dont Algonde se nourrissait depuis son arrivée… Mais son désir était tel qu'il pouvait se satisfaire de quelques imperfections. Elle fit glisser la chandelle. Devant le renflement du pubis, haletante, elle fut prise d'un vertige. Combien de temps résisterait-elle à cet appel au creux de ses

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