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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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tuniques somptueuses, les caftans brodés de fils d'or, les turbans ornés de pierres précieuses. L'impatience le gagna. Il jeta par-dessus bord les effets qui l'empêchaient d'atteindre le coffret, encore et encore, jusqu'à voir le fond. Rien. La respiration courte, il se persuada de s'être trompé d'endroit, recommença avec le coffre suivant, puis un autre et un autre encore jusqu'à se rendre à l'évidence que la boîte contenant cet élixir si précieux avait disparu.
    Sa première réaction fut la colère. D'un bond, il fut sur ses pieds et courut secouer Almeïda avec tant de violence que la jeune femme, réveillée en sursaut, hurla.
    Il la gifla avant de la ramener par les avant-bras à hauteur de son visage.
    — Parle ! Où l'as-tu mis ? Parle ou je te tranche la gorge !
    La Grecque, livide, éclata en sanglots. Se libérant une main, Djem la frappa de nouveau, certain de sa culpabilité. Qui mieux qu'elle avait accès à cette pièce ? Il la rejeta sur le lit violemment, fouilla sous son matelas et en arracha le poignard courbe incrusté de diamants qu'il y cachait.
    — Pitié, seigneur ! Je ne sais rien, je le jure. Pitié ! supplia Almeïda.
    Emporté par la rage, il ne voulut rien entendre. Lui sautant à califourchon sur le ventre, il lui plaqua la lame sous le col.
    — Parle ! te dis-je. Le coffret que tu m'as volé. Où l'as-tu mis ?
    — Ce n'est pas moi, mon prince. Qu'Allah tout-puissant me foudroie si je mens. Je n'ai rien pris.
    Djem fouilla ce regard terrorisé. Aucun mensonge n'aurait résisté à cette peur-là. Le souffle court, il retira l'arme et gagna le bord du lit, retrouvant le froid de la pierre sous ses pieds nus. Tandis que la Grecque tentait de se reprendre, les mains recroquevillées sur sa poitrine, l'esprit de Djem se perdit en conjectures.
    Malgré sa particularité, cette fiole était insignifiante au regard des bijoux qui se trouvaient dans la malle. Elle n'avait de valeur que pour lui. Il fallait donc que le voleur connaisse le pouvoir de cet élixir. Or, personne, à part Houchang qui était à ses côtés lorsque la sorcière avait paru, personne ne savait son existence. Pouvait-il raisonnablement admettre que son compagnon soit passé à l'ennemi ? Cette pensée le poignarda d'une douleur sans nom. Houchang, son frère, son ami. Tremblerait-il à l'heure de vider le poison dans son verre ? Djem lui chercha des excuses et n'en trouva pas. Tout au contraire, sa mémoire raviva tous ces moments où Houchang l'avait sauvé d'une mort certaine, au péril parfois de sa propre existence. Houchang, un traître ? Djem s'indigna d'y penser encore. Il se tourna vers la Grecque, immobile et tremblante. Il prit la courtepointe et la lui ramena sur le ventre.
    — C'est fini, tu n'as plus rien à craindre.
    Elle se redressa, convaincue maintenant par la douceur de ses gestes, et, s'enroulant dans la couverture, s'agenouilla près de lui.
    — Veux-tu que je te presse les épaules ? demanda-t-elle, se forçant à recouvrer ce naturel qui l'avait fuie.
    — C'est un coupable que je veux. Saurais-tu le trouver pour moi ?
    Elle hocha la tête.
    — N'épargne personne, ni mes femmes, ni mes compagnons, ni les femmes de mes compagnons. Personne.
    — Que dois-je chercher, mon prince ?
    Il lui décrivit le coffret, la fiole, avant d'ajouter :
    — Lorsque tu l'auras, laisse-le en place et viens me le dire. Nul ne doit savoir, tu entends ? Nul ne doit te surprendre.
    — J'ai compris. Que je meure si je faillis.
    Il lui caressa la joue. Hirsute et défaite, elle était poignante de dévouement.
    — Oublie cela. Il se peut que le coupable s'en soit déjà débarrassé, ou qu'il l'ait vendu. Si tu ne trouves rien, renseigne-toi, discrètement. Je veux savoir. Je dois savoir. Ma vie en dépend. Laisse-moi à présent. J'ai besoin de rester seul.
    Elle ramassa sa tunique, l'enfila, quitta la couche puis la chambre le plus silencieusement qu'elle put.
    D'un doigt lourd, Djem caressa le manche du poignard. Quel que soit le coupable, il se chargerait de lui lui-même. Pour l'heure, il ne devait rien laisser paraître de son tourment et agir comme d'ordinaire. Il rangea l'arme à sa place, sous le matelas, à hauteur de son oreiller, et passa dans le réduit qui servait à ses ablutions. Le froid piqua son corps nu sous la chemise. Il pissa dans le conduit prévu à cet effet à même la muraille puis y balança un peu d'eau avant de s'en retourner se chauffer à

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