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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2
Autoren: Mireille Calmel
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l'âtre.
    Il devait se préparer à l'éventualité de la perte irrémédiable de l'élixir. Le souvenir de sa conversation avec Guy de Blanchefort affleura sa mémoire, chassant un instant l'obsédante question du coupable. Si Jacques de Sassenage était aussi influent que le prétendait le grand prieur, il serait bon qu'il s'en fasse un allié pour plaider, en toute discrétion, sa cause auprès de la régente. Quel meilleur moyen pour cela que de toucher la fille ? Certes, il lui faudrait feinter le frère et Philibert de Montoison pour l'approcher, mais il se savait suffisamment de charme et de prestance pour que la damoiselle vienne à lui sans qu'il donne l'impression de le chercher. Ainsi Guy de Blanchefort ne pourrait pas le soupçonner de manigance. Djem répugnait à l'idée de trahir sa confiance et ses projets, mais il n'avait d'autre choix désormais. Il se consola en se disant que la haine qu'il éprouvait pour Philibert de Montoison y trouverait son compte de vengeance.
    Pour le reste, il devrait s'en remettre à la chance. Tout de même, le traître devait bien se douter qu'il finirait par s'apercevoir du vol. Était-il donc si sûr de son fait ou de sa couverture pour s'y être risqué tout de même ? L'hypothèse de Houchang revint le hanter. Comme précédemment il la chassa avec violence. Avant de se reprendre. Par la réaction même qu'il en avait, il devait se rendre à l'évidence. Son compagnon le plus fidèle avait tout du traître parfait.
    Il cogna du poing contre le manteau de la cheminée. N'était-ce pas mieux ainsi, après tout ? Quitte à mourir, ne valait-il pas mieux que ce fût de la main de celui qui l'avait tant de fois secouru ?
    — Non ! hurla en lui la voix de ses entrailles.
    Non. Il ne voulait pas mourir. Pas de cette manière.
    Houchang le savait mieux qu'un autre. C'était le sabre à la main qu'il voulait finir, dans le sang et l'odeur de la bataille. Pas comme un rat. S'écartant des flammes, il gagna son lit et fit tinter la clochette qui était posée à côté. Quelques secondes passèrent puis un de ses serviteurs s'encadra dans la porte, se courbant en un salut rituel.
    — Ouvre les volets.
    L'homme se précipita vers la fenêtre.
    — Qu'on me prépare un bain et fasse venir le barbier, exigea encore Djem.
    S'il devait passer, que ce soit avec le courage des braves, propre et la barbe taillée. L'homme disparut et Djem s'en fut se planter devant la croisée qui surplombait l'à-pic. Il essuya la buée qui collait à la vitre. Par-delà, la tempête faisait rage. Les flocons de neige virevoltaient avec tant de force qu'on n'y voyait goutte malgré la lumière blafarde. Djem contint un nouveau frisson. Il devait songer à son devenir. Seulement à son devenir. À la Bâtie. Au sourire de cette Philippine. Au plaisir qu'il aurait à en déposséder Philibert de Montoison. La chasse, la fête, l'amour. Voilà à quoi il devait s'efforcer de penser.
    Il soupira pourtant, agacé. Tant que les éléments se déchaîneraient, toutes ces choses ne seraient qu'un leurre de plus dans sa triste existence. Ce n'était pas ce jourd'hui que le baron de Sassenage se déplacerait pour l'inviter à chasser.
    *
    Philibert de Montoison n'était pas fâché d'être, jusqu'à ce que Djem soit invité à la Bâtie, débarrassé de celui-ci. Certes, le chevalier n'oubliait pas qu'il avait passé un accord avec Bayezid en son palais de Topkapi, le jour où les hospitaliers avaient négocié la captivité du prince, mais pour l'heure, Djem ne représentait pas un grand danger. L'éliminer n'aurait servi qu'à priver l'Ordre d'une rente confortable, et la Méditerranée du commerce florissant que la libre circulation accordée par Bayezid permettait. Philibert de Montoison s'était seulement engagé à intervenir en cas d'absolue nécessité. Sa haine pour le Turc n'en était pas une. L'envie pourtant le démangeait d'en terminer. Il en avait assez de ses manières, de ses coups fourrés, de ses provocations incessantes, de ses humiliations. Celle de la veille le cuisait encore. Ajoutée à celle de Philippine, elle l'avait empêché de dormir. Philibert de Montoison avait le feu au ventre, au cœur, au poing. Que n'aurait-il donné en cet instant pour festoyer avec une putain, deux, trois, boire jusqu'à rouler sous la table en butinant un corsage, le dard planté profondément sous un jupon. Retrouver l'accueillante et pernicieuse chaleur d'une taverne, au lieu de subir les
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