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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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heures, davantage s'il traîne en route. Attendez pour la déplacer. J'ai fait de mon mieux, mais je ne suis pas certaine que mes points aient la solidité voulue.
    Aymar de Grolée lui sourit avec bienveillance.
    — Ne soyez pas modeste, Algonde. Ce que vous avez réussi sans l'aide de la magie, cette fois, tient du miracle.
    — J'aurais préféré qu'il soit complet…
    Baissant les yeux, il prit l'enfant de la prophétie dans ses bras. Aymar de Grolée était un homme de combat. Pas de larmes.
    — J'aurai besoin de quelques minutes en bas, dit-il.
    Algonde le retint.
    — J'ai une faveur à vous demander. Si par malheur…
    Il lui tapota le dessus de la main, posée sur sa manche.
    — … Je prendrai soin d'Elora. Elle et Mathieu ne manqueront de rien, je vous en fais serment… Mais cela n'arrivera pas, n'est-ce pas ?
    Ils échangèrent un regard. Lourd de crainte.
    — Non… cela n'arrivera pas, affirma Algonde.
    L'instant d'après, elle prenait contre elle le corps sans vie du petit être que, malgré ses efforts, elle n'avait pu sauver, et dans un silence de deuil repassa de l'autre côté.
    C'était maintenant sur Marie de Dreux que tout allait reposer.
    *
    Cette fois, Mounia était vaincue. Réveillée par un mélange de café et d'épices, elle venait d'apprendre de la bouche de la Khanoum la tragique vérité. Elle n'eut qu'une seule réaction. Elle se leva de son lit, marcha droit vers la terrasse et se courba en deux sur la rambarde. Plus rien n'avait de sens, de couleur. De lumière. Elle avait tout perdu. C'était terminé.
    La Khanoum qui avait instinctivement anticipé son geste, la retint au dernier moment.
    — À moi la garde ! hurla-t-elle, en tirant de toutes ses forces pour l'empêcher de basculer.
    — Laissez-moi mourir, lui demanda Mounia d'une froideur de tombeau, pliée en deux sur la pierre, les chevilles déjà décollées du sol et les yeux rivés sur les rosiers en massif trente-sept pieds plus bas.
    Les deux eunuques en faction devant sa porte traversèrent la chambre en courant.
    — Je t'en prie, Mounia. Tu auras d'autres enfants de mon fils. Autant qu'il te plaira, haleta la vieille femme à bout de forces.
    — Ce n'était pas l'enfant de ton fils, s'exaspéra Mounia en tendant ses bras dans le vide, imaginant l'entendre pleurer en contrebas.
    La Khanoum la lâcha. Mounia se sentit ramenée sur la terrasse par deux poignes puissantes. Elle se retrouva debout face à cette femme qui la dévisageait avec tristesse, encadrée par les colosses.
    — Tu es sous le choc, mais tu verras, cela passera.
    La douleur gagna enfin les traits de Mounia. En finir. Elle ne voulait plus que ça. Comprenant qu'on l'en empêcherait, elle planta ses yeux, éteints, dans ceux de la Khanoum.
    — J'ai menti. Depuis le début. Cet enfant était celui de l'homme que j'aimais. Un chrétien. Le sire de Luirieux l'a assassiné avec mes parents en Égypte avant de m'amener ici…
    Le doute accrocha les traits de la Khanoum. Mounia était-elle donc si désespérée pour s'accuser ainsi ?
    — … Crois-moi, mère, reprit Mounia. Il n'y a pas d'élixir miracle. Je vous ai trompés. Tous. Pour sauver le seul être qui comptait encore pour moi.
    La Khanoum accusa le coup en titubant. Les yeux de Mounia, brûlants d'une détresse incommensurable, ne pouvaient pas mentir cette fois.
    — Je t'en prie, mère, explosa Mounia en sanglotant. Je ne veux pas lui survivre. Pas encore une fois. Comprends-moi ! Je ne peux pas !
    — Emmenez-la, décida la Khanoum, touchée en plein cœur.
    Moins de sa trahison que de sa souffrance.
    Jusqu'à ce que Bayezid revienne, il valait mieux que Mounia soit protégée d'elle-même entre les quatre murs d'un cachot.
     

41
    Bien qu'elle ait pu juger de la fidélité de Mathieu, Marthe était fébrile en arrivant au château de Bressieux, moins de six heures après le départ du panetier.
    — Vous m'avez promis, vous nous laisserez en paix, insista celui-ci en descendant de cheval devant l'écurie.
    Marthe, qui avait déjà mis pied à terre, ne daigna pas répondre. L'impatience la tenait. Le doute aussi. Elle n'avait aucune confiance en cette petite garce d'Algonde.
    Il se dressa devant elle qui avançait.
    — J'ai votre parole n'est-ce pas ?
    Elle l’écarta d'une main exaspérée, lui griffant le visage.
    — Si tu veux que tout se passe bien, reste en dehors de mon chemin, le menaça-t-elle, l'œil rivé sur la façade du corps de logis de l'autre

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