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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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répéta la Khanoum qui, focalisée sur le « qui ? », n'avait pas encore songé au « comment ? ».
    Elle s'y précipita. Découvrit le harpon coincé entre les balustres et revint aussitôt sur ses pas, attirée par la voix de son médecin à qui Moussa venait d'ouvrir.
    — On lui a administré un somnifère. Occupez-vous d'elle, ordonna-t-elle en désignant Mounia, inconsciente, avant de se tourner vers l'eunuque qui, les bras croisés sur son ventre, attendait de nouveaux ordres.
    La Khanoum se planta devant lui, glaciale.
    — Khalil a été enlevé. S'il n'est pas retrouvé sain et sauf avant ce soir, tu le paieras de ta vie, coupable ou pas.
    Une lueur d'inquiétude passa dans ses yeux bovins, vite réprimée. Suffisante néanmoins pour laisser craindre le pire à la Khanoum.
    — Je sais qui tu sers, affirma-t-elle. Son statut de première épouse n'y changera rien quand le prince saura la vérité. Elle mourra avec toi.
    Cette fois l'argument porta. Craignant davantage pour elle que pour lui, Moussa baissa les yeux.
    — Ihda n'y est pour rien, maîtresse. C'est moi seul qu'il faut punir.
    La Khanoum n'en crut pas un mot mais se garda de le montrer. Le saisissant aux bras, sous les épais bracelets de cuivre martelé qui, de chaque côté, ornaient sa peau nue, elle le secoua violemment.
    — Où est-il ? Qu'en as-tu fait ?
    L'eunuque la fixa droit dans les yeux.
    — Je l'ai étouffé dans son sommeil et je l'ai jeté par-dessus la rambarde.
    Elle déglutit, baignée d'une sueur froide.
    — Pourquoi la corde en ce cas ?
    — Pour qu'on ne me soupçonne pas.
    — Tu mens, lui objecta la Khanoum rouge de colère. On aurait trouvé le corps au matin. Des gardes patrouillent sous les fenêtres.
    Un sourire malsain éclaira la face ronde de Moussa.
    — Après avoir quitté la place, je l'ai récupéré dans le massif. Il était disloqué. Bien que ce ne soit pas l'heure de leur repas, les tigres n'en ont fait qu'une bouchée, tu peux me croire.
    La Khanoum laissa retomber ses bras, le cœur au bord des lèvres. Elle recula.
    — On ne peut pas avoir tous les droits, ajouta-t-il en fixant un œil noir sur Mounia que le médecin ne parvenait pas à tirer de son apathie, malgré les sels qu'il lui promenait sous le nez.
    — Gardes ! beugla la Khanoum, pliée sous le poids de sa rage.
    La porte s'ouvrit.
    — Jetez Moussa au cachot. S'il vous donne de la peine, battez-le au sang, mais ne le tuez pas… Je veux qu'il souffre… Longtemps.
    L'eunuque se laissa emmener sans résistance. Il était content. Non pas d'être châtié, encore que cela ne l'effrayât pas, mais d'avoir si bien vengé sa maîtresse que Mounia en mourrait sûrement de chagrin.
    Tant mieux, se réjouissait-il, car vraiment, non vraiment, il ne l'aimait pas.
    *
    Au même moment, dans la paneterie du château, Mathieu admirait trois miches rondes que son confrère avait pétries la veille. La pâte avait si bien levé que la surface en était craquelée, et Mathieu, en connaisseur, louait le savoir-faire de son aîné avant de les enfourner. Il était seul dans la petite bâtisse accolée au logis. Aymar de Grolée ayant eu la prudence d'éloigner sa cour par quelque subterfuge, peu de monde séjournait à Bressieux et, d'un commun accord, les deux hommes se relayaient.
    — Rien à dire, elles sont parfaites, apprécia-t-il avec envie.
    Accroupi devant la table sur laquelle la plaque était posée, il avait cherché le défaut sans le trouver et se réjouissait déjà de fendre la première lorsqu'elle serait dorée.
    — Mathieu…
    Joyeux autant qu'on peut l'être au début d'une belle journée, il se réjouit plus encore de cette voix derrière lui. Bien qu'elle soit matinale ce jourd'hui, la visite d'Algonde chaque matin après la tétée d'Elora le comblait d'aise. Comme à Sassenage autrefois, la première brioche sortie du four était pour elle.
    — Tu viens trop tôt. Rien n'est cuit encore… l'accueillit-il.
    Il se redressa sans quitter les miches des yeux. Répéta :
    — Parfaites…. vraiment… avant de se tourner vers elle, un sourire jusqu'aux oreilles.
    Il retomba aussitôt.
    Les mains jointes sur sa robe froissée, Algonde avait si petite mine dans l'encadrement de la porte qu'il pensa aussitôt qu'un malheur était arrivé.
    — Elora ? s'inquiéta-t-il en venant vers elle.
    — Hélène.
    Il se rasséréna.
    — Qu'est-ce qu'elle a encore inventé pour te tourmenter ? soupira-t-il avant

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