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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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de lui voler un baiser dans le cou, repris par sa bonne humeur.
    Algonde ne bougea pas.
    — C'est commencé, Mathieu.
    Croisant les mains dans son dos pour ne pas la tacher, il grignota le lobe de son oreille.
    — Huhum… quoi donc ?
    — L'enfantement.
    — Quel en…
    Il s'écarta, troublé, répugnant à comprendre.
    — L'enfant… L'enfant ?
    Algonde lui pinça la joue, comme elle le faisait autrefois. Plus de taquinerie dans son regard pourtant. Juste une profonde lassitude due à ce qu'elle venait de vivre.
    — Et quel autre ?
    Les épaules du jouvenceau se voûtèrent. Il ronchonna.
    — C'était trop beau pour durer, de toute façon.
    — Nous serons heureux encore, Mathieu.
    Étrangement, il n'y crut pas.
    Oubliant ses résolutions, cette fois il l'attira dans ses bras, lui maculant les omoplates de farine. Ils s'étreignirent en silence, si fort que leurs corps en furent moulus. Il soupira à son oreille.
    — Je suppose que tu n'as pas changé d'avis.
    — Non.
    Il ferma douloureusement son œil restant. Combien de prières avait-il tendues vers le ciel dans l'espoir du contraire ?
    — Si je comprends bien, je n'ai pas le temps de cuire ces délicieuses miches de pain…
    Algonde l’avait entendu louer l'ouvrage du panetier. Elle s'était trop réjouie ces temps derniers de le voir reprendre goût à son travail. Elle tempéra.
    — Marthe attendra bien une heure de plus.
    — C'est déjà ça. Et ensuite ?
    — Ensuite tout dépendra de toi, Mathieu. Et d'elle.
    — Pas un tout petit peu de toi ? dit-il en l'écartant de lui.
    Se gorger de son visage. Chasser le doute, l'angoisse, dans la sérénité de ses traits.
    Algonde lui sourit tendrement. Elle éluda la question.
    — Contente-toi de ramener Marthe ici.
    — Et que devrai-je lui dire ?
    — Juste que Philippine est en couches.
    Il écarquilla des yeux.
    — Et c'est tout ?
    — Moins tu en sauras et mieux cela vaudra. Ne t'inquiète ni de moi ni d'Elora. Nous serons en sécurité toutes deux lorsque tu reviendras.
    — Tu me le promets ?
    — Je te le jure, Mathieu.
    Elle revint se blottir dans ses bras.
    — Je t'aime. Ne pense qu'à ça. À rien d'autre.
    Il embrassa ses cheveux.
    — Quand nous reverrons-nous ?
    — Bientôt.
    Il soupira. Avança d'un pas entre ses cuisses, la forçant à reculer.
    — Qu'est-ce que tu fais ?
    — Je veux te sentir, là, mienne encore une fois.
    Elle se mit à rire.
    — Nous aurons tout le temps, plus tard.
    Il la plaqua contre le mur de pierre dans l'ombre de la porte grande ouverte.
    — Et si nous ne l'avions pas ? Si nous ne l'avions plus ? plus jamais ?
    — Je t'interdis de dire ça, gronda-t-elle avant de lui empoigner la nuque et de l'embrasser pour conjurer cette peur qui, elle non plus, ne la quittait pas.
     
    Deux heures plus tard, depuis la fenêtre de la chambre de Philippine, Algonde le regarda franchir à cheval la barbacane du château. Malgré sa gorge serrée, elle se força à terminer la brioche chaude qu'il lui avait apportée, retrouvant en elle le goût de leur dernier baiser, fougueux, dans le couloir. La laissant sans souffle, Mathieu avait tourné les talons, et avait dévalé l'escalier. C'était tout ce qu'il avait trouvé pour ne pas donner l'allure d'un adieu à ce qui, pour l'heure, n'était qu'un au revoir.
    Elle prit le temps de savourer la dernière bouchée avant de se décoller de la vitre. Dans son lit qu'elle n'avait pas quitté, Philippine tenait Constantin dans ses bras. Le visage rasé délicatement dans la chambre de Jeanne, il était bien moins effrayant et tout l'amour qu'elle portait à Djem était revenu au cœur de la damoiselle. Elle soupira lorsque Algonde vint s'asseoir sur le drap.
    — Tu es sûre que Présine en prendra grand soin ?
    — Je n'ai aucun doute là-dessus. Allons, mon Hélène. Je ne peux plus tarder.
    Philippine embrassa le front de son fils et le lui tendit, à regret.
    — Et si Marthe…
    Algonde lui plaqua son index sur la bouche.
    — Chhhhuut. Plus un mot. Tout ira bien.
     
    L'enfant dans les bras, elle passa dans la pièce voisine. Aymar de Grolée, au chevet de Jeanne, se leva à son approche.
    — Comment va-t-elle ? demanda Algonde.
    — La fièvre vient de tomber. Elle vivra.
    Son regard se posa douloureusement sur Constantin. Il soupira.
    — Faites ce que vous devez, Algonde. Et ne vous souciez de rien d'autre.
    — Mathieu n'atteindra pas Sassenage avant trois bonnes

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