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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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fous. Depuis le matin rien ne se passait comme d'ordinaire et elle était perdue face à cette femme effrayante qui exigeait de voir ses maîtres.
    — Lâchez-la, je vais vous conduire auprès de dame Hélène, intervint Mathieu derrière elle.
    Marthe écarta les doigts. L'intendante glissa à terre, si perturbée qu'elle en perdit connaissance.
    Marthe l'enjamba.
    — Je trouverai sans toi, décréta-t-elle en poursuivant son chemin vers l'escalier.
    — À votre aise. Le château comporte onze chambres…
    Marthe s'immobilisa. Pivota d'un bloc.
    — Je te trouve bien servile, pesneux.
    Contournant le corps immobile de l'intendante, il se ramena à sa hauteur, le visage fermé.
    — Je n'ai aucune confiance en vous.
    Marthe éclata de rire.
    — C'est par là, la précéda Mathieu en laissant l'escalier à dextre pour gagner le fond de la pièce.
    Une volée de marches s'ouvrait dans une des tourelles d'angle de la bâtisse rectangulaire. Mathieu les emprunta et se retrouva dans un corridor étroit, devant la porte de Philippine, au moment où Marie de Dreux en sortait.
    — Vous voici enfin. Je vous ai fait chercher partout. Mais où étiez-vous donc ? s'écria-t-elle aussitôt.
    — Que se passe-t-il ? Vous avez l'air bouleversée.
    Marthe demeura en retrait. Elle reconnaissait cette péronnelle et se demanda ce qu'elle faisait à Bressieux. Et plus encore, ce qu'elle cachait. Les yeux embués, Marie, qui ne l'avait pas remarquée, toute à son émoi, se pétrit les mains l'une dans l'autre.
    — Je le suis, seigneur Dieu. Oh oui ! je le suis. C'est Algonde…
    Mathieu blêmit.
    — Oui ?
    — Elle a fait quelque chose de terrible. De vraiment terrible.
    — Quoi ? s'emporta-t-il en lui prenant le bras avec violence.
    — Elle a empoisonné l'enfant de dame Hélène, lâcha Marie dans un sanglot étouffé.
    Saisie autant que le jouvenceau par cette annonce, Marthe fut plus prompte à réagir. Au moment où il voulut bousculer Marie pour en apprendre davantage, la Harpie s'interposa entre eux. Mathieu n'eut pas le temps d'intervenir que la damoiselle se retrouvait plaquée au mur, les deux pieds battant le vide, comme retenue par une main invisible. Épouvantée, elle se mit à pousser de petits cris.
    — Toi, ordonna Marthe en le fixant méchamment, tu restes là.
    Laissant Mathieu statufié et Marie au bord des convulsions, elle poussa la porte de la chambre plongée dans le noir. D'un pas vif elle s'en fut tirer les rideaux, puis balaya la pièce du regard.
    Malgré la lumière vive, Philippine semblait dormir. Marthe fonça vers le berceau plaqué contre un mur. Un crucifix avait été posé sur le drap qui recouvrait la petite forme étendue. Fébrile, Marthe les arracha tous deux, poussa un rugissement de colère et s'en fut secouer Philippine dans son lit.
    Elle eut beau la gifler, Philippine ne réagit pas. Visiblement on l'avait droguée. Marthe ressortit comme une furie. D'un geste elle décrocha Marie de son perchoir invisible et la projeta dans le couloir.
    — Où sont-ils ? beugla-t-elle en se ruant sur la malheureuse qui reculait en rampant misérablement, terrorisée.
    L'abandonnant à ses griffes, Mathieu se jeta dans la chambre à son tour. Il voulait comprendre. Il devait comprendre. Algonde ne pouvait pas avoir fait une chose pareille. À son tour, il se figea devant le petit être sans vie.
    — Velu. Il n'est pas velu… Mais alors…
    Alors Algonde avait fui. Parce qu'il n'existait pas d'autre échappatoire.
    Marie hurla dans le couloir.
    Il se précipita.
    Marthe la tenait par la gorge à bout de bras, la souffletant avec violence, par plaisir, par vengeance. Elle n'avait pas besoin de questionner, il lui suffisait de lire en elle. La peur de cette garce la rendait aussi transparente que du verre. Elle entra en communication avec sa mémoire, s'appropria ses souvenirs immédiats.
    Les hurlements de Philippine qui avait fait pousser la porte à Marie, inquiète. Puis les accusations, les vociférations, la colère, la détresse de cette mère qui venait de découvrir que son enfant était mort. Mort devant ses yeux à l'instant où Algonde, qui le tenait dans les bras, lui avait caressé les lèvres avec une poudre sombre, censée lui donner de la vigueur. De toute évidence celle de l'œuf noir. « Se doutait-elle qu'il n'y survivrait pas ? » se demanda Marthe.
    Elle regarda encore. Algonde, qui, les bras ballants, ne se défendait pas. Algonde chassée avec

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