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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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hanche mais retomba sur le vide. Il soupira. Algonde était déjà levée. Dommage, pensa-t-il avant de repousser les couvertures. Il l'aurait volontiers belinée ce matin avant d'aller travailler. Bâillant à s'en décrocher la mâchoire, il écarta les tentures puis, à la faveur du jour naissant, enfila ses braies et sa chemise.
    Un baiser au front d'Elora qui suçait son pouce, un autre à Mayeul, auquel, malgré la bosse à son dos, Mathieu s'était déjà attaché, puis il sortit en lissant ses cheveux noirs et rebelles. La maison était silencieuse encore. Il descendit l'escalier avec entrain, fort du bonheur dont il jouissait depuis leur installation ici, et passa aux cuisines. Il avait faim. Il rafla une friandise dans une coupe, croqua dedans tout en mirant son reflet au cul d'une casserole de cuivre. Ensuite de quoi, comme chaque matin, il plongea ses mains dans un seau d'eau, se baigna le visage et les cheveux, frotta le tout à un pain de cendre, rinça puis s'essuya à une serviette.
    — Voilà encore une eau de gâchée, grogna la vieille Malisinde, dont c'était le domaine.
    Elle venait d'entrer. Mathieu haussa les épaules. Malisinde adorait le houspiller. C'était dans sa nature. Elle était née grognon. Il reposa la serviette, lui plaqua une bise sonore sur la joue.
    Elle brandit son index, d'un air faussement courroucé.
    — Garnement ! Je ne sais pas ce qui me retient…
    Mathieu passa la porte en riant.
    Il le savait bien, lui, qu'elle ne se levait aux aurores que pour ce baiser.
     

40
    Ne voyant pas paraître Mounia avec laquelle elle avait l'habitude de prendre collation, la Khanoum s'en vint frapper à sa porte. Elle n'obtint pas davantage de réponse.
    — Est-elle sortie ce matin ? demanda-t-elle aux gardes placés de chaque côté du chambranle.
    Ils secouèrent la tête.
    Inquiète, la Khanoum entra.
    Un jour radieux traversait la transparence des voiles. La Khanoum glissa jusqu'au lit et secoua l'Égyptienne à l'épaule.
    Mounia ouvrit un œil, plissa les paupières sous la clarté qui pénétrait la pièce blanche et s'enquit d'une voix pâteuse :
    — Est-ce toi, mère ? Que se passe-t-il ?
    — Je te le demande, ma fille. Il est tard.
    Mounia avait le cerveau trop embrumé pour s'en effarer. Du temps que la Khanoum gagnait le berceau, elle s'étira.
    — J'ai dormi comme….
    Un petit cri de surprise cisailla sa fin de phrase. Alertée, Mounia se redressa sur ses poings pour juger de ce qui l'avait provoqué. La Khanoum était livide.
    — Il n'est pas dans ses linges, dit-elle.
    Poussée par une bouffée d'adrénaline, Mounia bondit. Khalil avait disparu. Or, s'il y avait bien une chose dont elle se souvenait, c'était de l'avoir couché la veille au soir. L'air lui manqua. Elle chancela et ne dut qu'à la main de la Khanoum de ne pas s'évanouir.
    — Moussa, gémit-elle. Où est Moussa? Il a sûrement vu quelque chose.
    La Khanoum la soutint jusqu'à sa couche, le visage hanté d'angoisse.
    — Reste là, lui ordonna-t-elle. Je m'occupe de tout.
    Le vertige qui tenait les tempes de Mounia était si grand qu'il lui fut impossible de lutter. À peine assise, elle retomba lourdement en arrière, les bras en croix.
    La Khanoum entrebâilla le battant.
    — Ramenez Moussa et mon médecin personnel. Vite !
    Les laissant se précipiter, elle fouilla la pièce d'un regard circulaire. Avisa une théière à côté d'un verre de couleur, posés sur une table très basse de fer forgé. Elle monta les quatre marches qui menaient aux coussins d'assise, renifla le breuvage qu'elle contenait encore. Jura entre ses dents serrées. C'était bien ce qu'elle pensait. Elle redescendait l'escalier qui tenait toute la longueur de l'alcôve lorsque Moussa s'annonça dans l'encadrement.
    — Vous m'avez demandé, maîtresse ?
    La Khanoum fondit sur lui d'un œil soupçonneux. Elle n'appréciait pas que cet eunuque ait été mis au service de Mounia, mais Bayezid n'avait rien voulu entendre. Il avait toute confiance en lui. Pas elle.
    — Où est l'enfant ?
    Il secoua sa lourde tête enturbannée.
    — Je n'en sais rien, madame. Je n'ai pas encore pris mon service.
    La Khanoum le foudroya d'un regard menaçant.
    — S'il lui est arrivé malheur, je jure de te faire dépecer morceau par morceau.
    L'eunuque demeura imperturbable.
    — Quand je suis parti, tout était paisible. Je ne quitte jamais mon poste sur la terrasse avant qu'ils soient endormis.
    — La terrasse…

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