Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
tête.
    — Quand ? demanda-t-il d'un ton faussement détaché.
    — Le 25 de ce mois de juillet, assena Philibert de Montoison avec cruauté avant de fixer Philippine droit dans les yeux, pour lire en elle le reflet de sa douleur.
    Loin de lui donner ce plaisir, elle redressa le buste et accrocha sur ses lèvres un soupçon de malice.
    — Avec la peste à nos portes, bien présomptueux celui qui assurera d'être là demain.
    — Diantre ! ma sœur, ne parlez pas de malheur !
    — Loin de moi cette idée, Louis, tout au contraire, la journée est radieuse. Et plus que jamais je veux vivre au présent. N'est-ce pas votre avis, père ?
    — Assurément ma fille, lui accorda Jacques de Sassenage dont les pensées couraient depuis l'aube aux côtés d'Aymar de Grolée. Allons, donnons le signal du départ si nous voulons goûter pleinement aux plaisirs de cette escapade.
    D'un geste de la main, il fit signe au sire Dumas qui, avec son escorte, assurait la sécurité. Un cor retentit aussitôt, rassemblant les cavaliers autour des litières.
    Djem se porta à hauteur du cheval de Philippine, que Philibert de Montoison tenait par la bride.
    — Le franc est une langue merveilleuse dont j'apprécie chaque jour davantage les nuances, très chère Hélène.
    — Qu'est-ce à dire ? lui sourit-elle avec au coin de l'œil cette promesse indéfectible de l'aimer à jamais.
    — Voyez le mot « présent »… Quel que soit le sens dont on l'entoure, il reste un cadeau que votre « présence » à tous me fait, appuya-t-il en saluant Philibert de sa barbe en pointe de lance.
    Philippine éclata d'un rire clair. Trois semaines. C'était peu assurément, mais bien assez pour trouver le moyen de se libérer.
    *
    — Il ne faut plus tarder, Jeanne. Aurez-vous la force de marcher ? demanda Aymar en recouvrant son souffle.
    S'attarder encore, malgré la douceur de l'instant, c'était à coup sûr les condamner.
    — Je la trouverai. Emmenez-moi. Loin, très loin.
    Il s'écarta d'elle et l'aida à se lever. Après un rapide coup d'œil en arrière, il dénoua les liens qui, bien que libérés de l'anneau piqué au mur, lui maintenaient encore les mains jointes. Tandis qu'elle les frottait pour ramener un peu de sang dans ses doigts gelés, il fureta dans la pièce, finit par trouver un tesson de pot brisé. Il le ramassa et s'en vint frotter les fils de la corde tranchés trop net par sa lame, pour les émousser. Ensuite de quoi il abandonna le morceau par terre, soutint Jeanne jusqu'à la porte puis balaya ses empreintes pour ne laisser que celles de Jeanne bien visibles dans la poussière du sol.
    — Je vais passer devant, dit-il lorsqu'ils furent parvenus au coude que formait le boyau.
    C'est au moment où il voulut se mettre à quatre pattes que Jeanne, le visage avalé par la pénombre, le retint par le bras.
    — Soyez prudent, Aymar de Grolée.
    Son cœur tressauta dans sa poitrine.
    — Vous saviez…
    — J'ai oublié beaucoup de choses tout au long de ces années, mais pas le goût des baisers de Jacques. Et à y regarder de plus près, ma foi mon cher ami, tout comme votre voix, vous n'avez guère changé.
    Il baissa la tête, honteux de l'avoir abusée.
    — Pourquoi….
    — Ne pas vous avoir repoussé ? C'est vous qui êtes là, pas lui. Allez à présent. Je ne veux pas rester une seconde de plus dans cet endroit.
    Plus tard, se dit-il en rampant jusqu'à la sortie du boyau, guidé par la flamme de sa torche restée dans le souterrain. Plus tard, je lui expliquerai. Plus tard. Pour l'heure, et bien qu'il restât sur ses gardes, Aymar de Grolée voulait garder au cœur ce présent inespéré.
     
    Vers midi, à l'instant même où Marthe descendait de litière pour rejoindre les dames de compagnie de Sidonie sur un joli bord de rivière, Aymar de Grolée asseyait Jeanne de Commiers devant lui sur sa selle et lançait au grand galop son coursier, le cœur battant comme un jouvenceau de la serrer de nouveau contre lui.
    Le Piémont était à une dizaine de jours de cheval. Il aurait le temps de tout lui raconter.
    *
    Mounia avait beau garder les yeux grands ouverts sur la ligne sombre de l'horizon, c'était ensanglantée qu'elle la voyait.
    Elle inspira une bouffée d'air iodé. Une de plus. Une encore. Réfréna l'envie de basculer par-dessus bord. Morts. Ils étaient tous morts. Enguerrand, son amour, Aziz, son père, Fatima sa mère. Pourquoi pas elle ?
    Elle avait repris connaissance

Weitere Kostenlose Bücher