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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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et la hargne.
    — La tanière d'un animal qui aura crevé, jugea-t-il en balayant sa torche devant l'entrée.
    Il fut tenté de se redresser et de poursuivre son chemin, mais quelque chose l'arrêta. L'instinct, sans doute, celui du chasseur avisé, celui du guerrier. Ou cette lueur, à peine esquissée, qui pointait en haut de la paroi senestre de ce cul-de-sac.
    — Un coude. C'est un coude, jubila-t-il, avant de s'étrangler.
    L'effet d'optique écarté, l'évidence lui apparut dans toute son horreur. À l'autre extrémité, invisible, de ce boyau, tout à côté de cette lumière improbable, un cadavre se décomposait.
    Il abandonna sa torche pour ne pas se brûler, enfila à quatre pattes la portion droite de tunnel avant de se redresser, la bifurcation dépassée. Face à lui, à quelques pas seulement, une porte ouverte béait sur ses gonds rouillés. Par-delà, dans une salle creusée à même la roche, un brûlot dansait dans une coupelle suspendue, au-dessus d'une table massive encombrée de cornues, de bocaux, de plantes séchées et de peaux. C'était de ces dernières sans doute que l'odeur de décomposition venait. Aymar s'en trouva ragaillardi. Ruse efficace pour écarter les importuns. Autant qu'il pouvait en juger de là où il se tenait, un athanor occupait le fond du trou. Le repaire d'un alchimiste, conclut-il en portant la main à son épée. Il la dégaina d'autorité. Quel que soit celui ou celle qui hantait ces lieux, il lui ferait rendre le trésor qu'il gardait.
    Fort de cette certitude, il franchit le seuil, balaya la pièce du regard jusqu'à la forme chétive, mais vivante, qui, entravée, était assise contre la paroi, front baissé sur ses genoux repliés.
    — Jeanne, s'étrangla sa voix dans sa gorge tandis qu'il se précipitait.
    Jeanne de Commiers leva les yeux. Ils s'illuminèrent.
    — Jacques, mon Jacques, tu m'as retrouvée, hoqueta-t-elle, à bout de forces et de courage, contre le pourpoint de cuir.
    Aymar ne voulut pas la détromper. La pièce était sombre, la menace pressante. Faisant fi des recommandations qu'il s'était données, il trancha net la corde au-dessus des poignets. Jeanne les laissa retomber autour du cou de son sauveur.
    — Soif… gémit-elle, soif…
    Il n'eut pas le temps de réagir, d'esquiver, que Jeanne de Commiers écrasait ses lèvres desséchées sur les siennes, pour boire à sa bouche tout l'espoir qu'il lui rendait.
    « C'est son époux qu'elle embrasse », songea Aymar.
    Son cœur se chargea de faire taire ses scrupules. La seule fois sans doute qu'il le pourrait. L'enlaçant éperdument, il lui rendit son baiser.
    *
    Jacques de Sassenage était déjà en selle avec Philibert de Montoison, ses fils Louis et François, Guy de Blanchefort, Djem et Nassouh, dans la cour du castel lorsque Philippine et Algonde gagnèrent les écuries.
    Les courtisans qui s'étaient invités à cette sortie trépignaient sur des chevaux harnachés à leurs couleurs. Certains d'entre eux, cédant aux suppliques des dames en litière, traînaient encore sur le parvis avant de les rejoindre. Les échanges se teintaient de gloussements depuis les portières, ou de mondanités au pied des marches, tandis que dans un va-et-vient ininterrompu, des valets chargés de plats et d'outres garnissaient d'abondance le chariot bâché du pique-nique.
    Le zénith sans nuages annonçait une journée parfaite, propre à dénuder les chevilles des jouvencelles dans l'onde fraîche de la rivière, tandis que troubadours et musiciens, habités de muses sous les frondaisons, tueraient le chant des oiseaux au profit du rire des violes et des crécelles.
    Accrochant à leur visage le masque joyeux de leurs congénères, Philippine et Algonde, juchées chacune sur leur monture favorite, gagnèrent le groupe de tête.
    — Nous n'attendions plus que toi, ma fille, l'accueillit gaiement Jacques de Sassenage, les deux mains sur le pommeau.
    — Pardonnez-moi, père… Un léger contretemps, lui servit-elle dans un sourire gaillard avant de saluer les autres d'un gracieux mouvement de tête.
    — Les vapeurs sont le privilège des dames, ma chère, lui répondit aimablement le grand prieur d'Auvergne. Et combien naturelles quand on sait l'émoi que provoque une date d'épousailles.
    Djem sursauta, au plus grand plaisir de Philibert de Montoison qui approcha son cheval du sien.
    — Vous serez des nôtres s'entend, prince Djem…
    Celui-ci, la mort dans l'âme, hocha la

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