Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
mère.
    — Si vous voulez mon avis, Algonde, vous devriez vous en occuper plus souvent. Vous lui manquez, souligna Bernaude avant de gagner l'âtre pour le nettoyer.
     
    Philippine s'amidonna de froideur sans toucher aux mets que, indifférent à sa colère, Philibert avait entrepris, lui, de goûter, lui coupant définitivement l'appétit.
    — Je vous écoute.
    — La date de nos épousailles est fixée à la fin de ce mois. Le 25 pour être plus précis.
    Philippine déglutit. Son père ne lui avait-il pas promis de différer le mariage autant que possible ?
    — Il faudrait encore que cela me convienne, or je n'ai pas été consultée, se défendit-elle avec hauteur.
    Philibert haussa les épaules.
    — Point n'était besoin. Ce jour célèbre mon anniversaire et m'a semblé tout indiqué. Inutile d'invoquer raison de faussaire pour vous défiler, les bans viennent d'être publiés.
    Philippine blêmit.
    — Je refuse de croire que mon père ait pris cette décision sans m'en parler.
    — Je crains qu'il n'ait pas eu le choix, très chère.
    Un rire court et sec cassa les lèvres serrées de fureur de Philippine.
    — Les Sassenage ne sont pas d'une race que la menace peut intimider. Ne vous l'ai-je pas déjà prouvé ?
    Philibert la fixa avec insistance, jubilant du pouvoir que les révélations de Marthe lui donnaient. Entre eux, répandant son fumet, le bouillon refroidissait dans le bol, intouché.
    — Je vous l'accorde. Toutefois, il est un fait que vous ignorez et qui, s'il vous était connu, changerait votre manière de me regarder.
    Philippine, excédée, bondit sur ses pieds. Les poings serrés, elle s'écarta suffisamment de la fenêtre et de lui pour vociférer.
    — Vos manières, vos allures, votre haleine même, tout en vous me donne la nausée ! Fi des bans, de vos pressions, de votre suffisance. Je ne vous veux pas, ni aujourd'hui ni jamais, et me trancherai les veines au matin de nos noces plutôt que d'avoir toute une vie à vous supporter !
    Philibert demeura de marbre. Depuis qu'il savait l'attachement de Philippine à Djem, il s'attendait à ce revirement de situation. N'était-il pas venu ce matin même pour le provoquer ?
    À son tour il se leva. Craignant qu'il ne fonde sur elle, Philippine recula en direction des appartements d'Algonde. Contre toute attente pourtant, Philibert de Montoison essuya sa bouche, noircie par le jus des baies qu'il avait picorées négligemment pendant leur échange à couteaux tirés, puis s'inclina pour prendre congé.
    Parvenu à la porte qui s'ouvrait sur le corridor, il se retourna vers elle, déstabilisée.
    — Vous m'épouserez dans un peu plus de trois semaines, Hélène, et me subirez aussi longtemps que je vivrai. Si vous en doutez, demandez donc à votre père de vous parler de Jeanne de Commiers, votre mère présumée défunte.
    — De quel mensonge ignoble vous êtes-vous donc de nouveau paré ? crissa-t-elle avec plus de mépris encore.
    — Point de mensonge non, mais la vérité, voilà bien de quoi il s'agit, Hélène… La vérité.
    Il sortit.
    Bras ballants sur sa rébellion avortée, Philippine demeura plantée là à regarder idiotement l'huis se refermer.
    *
    Aymar de Grolée marchait depuis plus d'une heure, lui sembla-t-il, lorsque le tunnel principal qu'il avait parcouru d'un pas rapide se divisa en trois boyaux plus étroits. De toute évidence, chacun d'eux ramenait vers le château de la Bâtie à en juger par les nombreuses issues que Jacques de Sassenage avait comptées lors de l'agrandissement de l'ancien château fort.
    — Lequel as-tu emprunté, Jeanne ? murmura-t-il pour lui-même en promenant sa torche.
    Aucun signe d'elle, nulle part, jusque-là. Il ferma les yeux, s'arma de logique et opta pour celui du milieu, le plus large. Quelques minutes plus tard, une nouvelle intersection lui fit face. Il noircit d'une croix le boyau qu'il allait quitter et obliqua sur la droite. Parvenu au bout, il rebroussa chemin, renouvela l'opération de marquage, cette fois par un triangle, puis emprunta l'autre couloir sans davantage de succès.
    C'était à présent que ses recherches se compliquaient.
    Qu'à cela ne tienne, il y était préparé.
    Il revint sur ses pas jusqu'au premier embranchement, se gratta la tête. Il restait deux bouches de granit à explorer. Divisées elles aussi ? En combien d'issues ?
    Puisque Jeanne avait dédaigné celle du milieu, il fallait donc déterminer une autre approche de la

Weitere Kostenlose Bücher