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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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des bêtes, à cru, qui se mirent à piétiner d'impatience.
    — Je vous le ramène, hurla Jacques par-dessus son épaule.
    Avant même que le grand prieur d'Auvergne, Philibert de Montoison, Philippine et ses frères aient compris, les chevaux poussés aux flancs franchissaient le cours d'eau dans une gerbe de gouttelettes, sautaient les barrières qui fermaient l'enclos de l'autre côté et partaient au grand galop en direction de la forêt.
    Jacques et Djem les immobilisèrent en tirant sur le crin, dans un ensemble parfait, à peine le couvert des arbres atteint.
    — Nous avons peu de temps, Djem. Blanchefort s'apprête à vous déménager de Rochechinard, lui annonça Jacques, décoiffé par la course.
    Djem blêmit.
    — Quand ?
    — Sitôt les épousailles.
    — Pourquoi les avoir autorisées ?
    Jacques haussa les épaules.
    — Pas le choix. Pour l'instant. Rien n'est fait, Djem. Hélène vous aime. La seule chose que j'ai besoin de savoir, c'est jusqu'où vous êtes prêt à aller pour la sauver.
     
    Quelques minutes plus tard, ils revenaient au galop et sautaient à bas devant Guy de Blanchefort renfrogné.
    — Allons mon ami, ne faites pas cette tête-là, s'amusa Djem. Un cheval est tout l'inverse d'une épouse, c'est avant qu'il faut l'essayer.
    Jacques de Sassenage éclata de rire en détachant une bourse rebondie de sa ceinture pour la lancer à l'éleveur.
    — L'affaire est conclue mon bon. Pour les deux.
    La main droite sur le cœur, Djem abaissa la tête, en signe de remerciement.
    — Votre générosité me touche, une fois de plus.
    — Ce n'est pas de la générosité, mais de l'amitié.
    Lui enroulant le bras autour des épaules, Jacques le ramena vers Philippine, qui, entraînée par ses frères et sous l'œil vigilant de Philibert, s'amusait des pas gourds d'un poulain dans un enclos voisin.
    — Alors, prince Djem, que pensez-vous des chevaux royannais ? lui demanda-t-elle, se désintéressant aussitôt du nouveau-né.
    — Ils sont à l'image de son peuple, damoiselle Hélène, aussi bien tournés de robe que de caractère.
    — En ce cas, rosit Philippine, je vous laisse à leur compagnie. J'aurai à cœur, quant à moi, de chevaucher à vos côtés, père. Si vous le permettez.
    — Et comment ! Avant longtemps tes épousailles te feront quitter la Bâtie pour le castel de Montoison et j'en serai bien privé.
    La rage au cœur de le voir si déterminé à cette idée, Philippine accepta le bras qu'il lui arrondissait.
     
    Laissant les autres caracoler en tête, entraînés par la nouvelle monture de Djem, Jacques de Sassenage prit l'amble à ses côtés sur le petit chemin ombragé de coudriers qui longeait la boucle de la Bourne.
    À distance, devant, Philibert de Montoison et Guy de Blanchefort venaient de s'engager dans une conversation théologique dont le vent leur porta quelques bribes.
    « Il fait diversion pour me laisser l'occasion de vérifier ses dires », songea Philippine avec colère.
    Elle la retourna contre son père.
    — Vous m'avez trahie. Pourquoi me forcer à l'épouser ?
    — Me crois-tu donc si cruel ? lui objecta Jacques dans un triste sourire.
    Sa rage retomba. Elle baissa les yeux.
    — Alors quoi, père ? Il est venu me voir ce matin pour m'annoncer cette horrible nouvelle et me parler de… ma mère.
    Jacques dodelina de la tête, agacé par la confirmation de ce dont il se doutait depuis longtemps. Marthe et ce chien étaient bel et bien de connivence pour leur nuire. Il soupira.
    — J'aurais préféré te l'apprendre moi-même à la faveur d'un moment choisi.
    Elle se mit à trembler sur sa selle.
    — Il a prétendu… Oh! mon Dieu! Père, est-ce possible ?
    — Elle est en vie, oui.
    — Mais la tombe, sœur Albrante, la mère supérieure ?
    — Mensonge. Tout ne fut que mensonge durant ces six dernières années. Je n'ai appris la vérité qu'il y a peu.
    Philippine sombra dans un long silence consterné. Tout cela n'avait pas de sens. Sœur Albrante les aimait toutes deux. Comment avait-elle pu… Et surtout…
    — Pourquoi ? gémit-elle, face à ce sentiment de trahison qui occultait la réalité.
    Prenant le temps mais sans la ménager plus avant, Jacques de Sassenage entreprit de lui conter tout ce qu'il savait. Sa mère, amnésique, recouvrant la mémoire, les manigances démoniaques de Marthe, celles, bénéfiques, d'Algonde pour la protéger, et pour finir l'odieux chantage.
    — Ta mère nous sera rendue

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